Dominique Maisons, « Drapeau noir » (Éditions de la Martinière)

Brûlantes passions. Dans les années 1930, Pierre Samprain, jeune écrivain employé aux éditions Denoël, cherche à publier son premier roman. Lorsqu’il se décide à apporter son manuscrit enfin achevé chez un imprimeur pour l’envoyer aux éditeurs et journalistes, il ne parvient pas au bout de cette mission, mais fait une drôle de rencontre : Nina, une militante anarchiste intrépide et combative, l’entraîne au premier regard dans une course folle. La jeune femme l’intègre progressivement dans les milieux libertaires et lui fait connaître la passion amoureuse. Elle l’initie à l’action politique, à la littérature anarchiste et à l’amour libre. Mais dès sa première participation fortuite à la « lutte », le tableau s’assombrit.

D’emblée apparaît un profond dilemme : doit-il persévérer dans sa volonté de devenir écrivain, d’être admis dans les milieux littéraires pour publier son premier roman, ou doit-il rester auprès de Nina, quitte à vivre avec elle l’instabilité permanente qui lui est nécessaire ? Mais très vite la police le repère et prévient Robert Denoël de ses fréquentations et de ses activités − il avait accompagné Nina dans une manifestation, sauvé un blessé qui avait reçu une balle de la police et lui avait conseillé de porter plainte contre cette dernière. Jusque-là prêt à retravailler avec lui son texte pour envisager une publication, l’éditeur le prévient : « À votre prochaine incartade anarchisante, votre roman est fichu […]. » Ce roman, c’est l’histoire de son père, fusillé pour avoir refusé d’obéir à des ordres pendant la guerre de 1914-1918, après un passage à l’hôpital psychiatrique où il avait finalement été jugé sain d’esprit. « Que pensera la presse quand les policiers qui sont venus me rendre visite iront expliquer que votre ouvrage est le fait d’un militant anarchiste cherchant à décrédibiliser la justice militaire et à salir l’honneur de nos officiers ? », insiste Robert Denoël.

Et puis il y a Nina, dont il est tombé fou amoureux sans même connaître son passé, qu’il découvre au fur et à mesure qu’il la cherche lors de ses habituelles disparitions, dans sa perpétuelle fuite. Partie combattre en Espagne, elle lui écrit dans une de ses lettres : « Il ne me reste que deux choix : soit me démener pour faire connaître ce qui se joue dans ce conflit et en révéler la supercherie, soit tenter un coup d’éclat, un dernier, et donner ma peau pour quelque chose de pur. »

Romanesque voire parfois un brin naïf, ce roman de Dominique Maisons captive pourtant par son style passionné et les fantasmes qu’il brasse : le milieu anarchiste des années 1930, le choc amoureux, les prises de position politiques des cercles littéraires, les sacrifices du héros, les réflexions politiques développées par ce personnage romantique pris entre deux brûlantes passions… Connu pour ses romans policiers et ses thrillers, l’auteur signe ici « une histoire d’amour et d’anarchie » mouvementée et prenante.

Dominique Maisons
Drapeau noir
La Martinière

Tirage: 8 000 ex.
Prix: 20,50 € ; 352 p.
ISBN: 9791040115311


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