À la présidentielle, les Mauritaniens ont opté pour la continuité

56,12 % ! C’est la moisson réalisée par Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani selon les résultats provisoires de la présidentielle mauritanienne de ce samedi 29 juin, pour un taux de participation de 55,39 %.

Coutumier du fait, l’ancien militaire de carrière avait, déjà, en 2019, plié l’élection au sommet, dès le premier tour, avec 52 %. Il rebelote donc, se succédant à lui-même dans un fauteuil dont l’ancien occupant, son prédécesseur, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, condamné pour enrichissement illicite et blanchiment, en décembre de l’année dernière, à cinq ans de prison [et] à la confiscation de ses biens, doit également gérer une peine d’inéligibilité.

Contestation

Les 4,9 millions de Mauritaniens ont, du coup, opté pour la continuité, peut-être séduits par la méthode Ghazouani contre le djihadisme, la Mauritanie n’ayant plus connu la moindre attaque terroriste depuis 2011, alors que le président réélu était chef d’état-major, puis ministre de la Défense de son pays. De plus, celui qui a fait le deuil du kaki pour le costume et le boubou blanc tient comme priorités le soutien aux plus démunis et surtout à une jeunesse de plus en plus poussée vers les eldorados européen et américain.

Mais la victoire de celui qui est également président en exercice de l’Union africaine est loin de faire l’unanimité, contestée par le militant antiesclavagiste Biram Dah Abeid. Arrivé en deuxième position, avec 22,10 % des voix, selon la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qu’il accuse d’être à la solde de son adversaire, l’opposant historique a appelé ses militants à manifester contre ce qu’il qualifie de “hold-up” électoral.

Sauf qu’avec la forte présence policière autour du siège de son parti et dans les rues de la capitale, ce tocsin sonné par Biram Dah Abeid n’a pas résonné loin. Cette contestation a peu de chance de prospérer, pour l’instant en tout cas, surtout que le leader islamiste de Tawassoul, le premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale, Hamadi Ould Sidi El-Mokhtar, qui a pris la troisième marche du podium de la présidentielle avec 12,78 %, n’est pas du tout dans une logique de contestation.

Oasis de tranquillité

En attendant que Biram Dah Abeid réussisse à mobiliser ses troupes et arrive, peut-être, à s’attirer la sympathie de la police, pour battre le pavé ou pour lui contester son succès par d’autres formes de lutte, l’“ancien nouveau président” sait qu’il jouira de peu de temps de répit. Que ce soit à l’intérieur des frontières de son pays, limites territoriales que les jeunes Mauritaniens ont hâte de franchir à la recherche du mieux-être, ou dans l’espace de l’Union africaine dont il a les rênes, le chef de l’État mauritanien sera confronté à bien des défis.

Certes, la Mauritanie constitue une oasis de tranquillité dans un Sahel soumis en partie à la loi des djihadistes, mais il faut maintenir ce calme pour ne pas qu’il soit celui qui précède la tempête.

En République démocratique du Congo, le M23 continue d’avancer en marchant dans le sang des Congolais.

Au Soudan, la guerre des généraux fait de plus en plus de morts et conduit le pays au chaos humanitaire. Sans oublier les coups d’État constitutionnels synonymes de présidence à vie et les putschs militaires qui se multiplient. Du reste, la Mauritanie elle-même est sortie d’un long cycle de coups d’État, de 1978 à 2008, la première élection du président Ghazouani, en 2019, ayant consacré le premier passage de témoin entre deux chefs de l’État élus.

Ce qui est certain : deuxième mandat ne rimera pas avec sinécure pour le président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, qui, une nouvelle fois, pourrait faire face à une épidémie de Covid-19, comme lors de son précédent mandat !

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