Jusqu’à maintenant, deux des trois unités de la centrale du Moule en Guadeloupe, continuaient de brûler du charbon. D’ici 2025, la totalité de la centrale thermique sera convertie à la biomasse a annoncé mercredi Albioma, son opérateur. La conversion, entamée dès 2020 sur une des unités, « va ainsi réduire de 87% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à son fonctionnement actuel », indique Albioma dans un communiqué, ajoutant que « les travaux de conversion de l’unité ALM2 débutent dès à présent pour que la centrale fonctionne 100% à la biomasse en 2025. »
Plus concrètement, le charbon sera remplacé par un mix de combustibles dont certains sont déjà utilisés par la centrale. En effet, durant les campagnes sucrières, la centrale du Moule qui est adossée à la sucrerie de Gardel, brule de la bagasse, un résidu fibreux issu de la canne à sucre. La troisième unité de l’usine ne fonctionnera qu’à l’aide ce combustible et sera « mise sous cocon le reste du temps », rapport Albioma à l’AFP. Désormais, s’ajouteront donc d’autres combustibles biomasses, comme le bois forestier, le bois d’élagage, dans les autres unités. Ils seront complétés par des granulés de bois (pellet ) importés principalement du Canada.
Mix énergétique guadeloupéen
L’entreprise à la tête de la centrale a également annoncée la « prolongation du contrat de vente d’électricité d’Albioma Le Moule jusqu’en 2047 (…). À terme, la conversion fera passer la part renouvelable du bouquet énergétique de la Guadeloupe de 35% à 45% », assure l’opérateur de la centrale.
Cette dernière produit environ 30% de l’électricité de l’île depuis 1998. Le président d’Albioma, Frédéric Moyne, s’est réjoui de voir que « Le Moule était la dernière centrale d’Outre-mer fonctionnant encore au charbon ; sa conversion marque ainsi la fin du charbon dans les territoires ultramarins français. »
Si le président la République, Emmanuel Macron, avait annoncé en septembre 2023 la conversion des 2 dernières centrales à charbon de la métropole dans le cadre la planification écologique, cette mesure excluait les Outre-mer dont le mix énergétique est plus dépendant au fioul et au charbon, notamment en raison de la situation souvent insulaire des territoires.
La loi sur la transition énergétique votée en 2015 avait fixé pour objectif l’autonomie énergétique dans les régions ultramarines d’ici 2030. En mars dernier, le Conseil Economique Social et Environnemental a toutefois exprimé ses doutes lors de son assemblée plénière : « Il apparaît clairement que ces objectifs seront difficilement atteignables ou non atteints selon les territoires ». D’après le président d’Albioma, les énergies renouvelables seront en mesure de couvrir 100% du mix électrique des territoires d’Outre-mer d’ici 2030.
Sortie du charbon délicate en métropole
En septembre 2023, Emmanuel Macron validait la conversion d’ici 2027 des deux dernières centrales thermiques présentes sur l’Hexagone : la centrale de Saint-Avold (Moselle) et la centrale de Cordemais (Loire-Atlantique). Depuis, les projets de reconversion des deux centrales patinent. A Cordemais, le projet Ecocombust 2, porté par les syndicats comporte la création d’une usine de pellet de bois, portée par l’entreprise Paprec, et qui permettra de fournir la centrale en biomasse.
Si le projet a obtenu l’aval de la Région et de l’Etat, c’est EDF, l’opérateur de la centrale qui semble réticent. Situation similaire à Saint-Avold où les salariés de l’unité fonctionnant toujours au charbon étaient en grève le 4 juin dernier, à l’appel des syndicats CFDT et CFE-CGC. Ils exprimaient leurs craintes sur l’avenir de la centrale, notamment en raison du contexte politique tendu, et réclamaient une feuille de route claire pour leur projet de conversion biomasse et de production d’hydrogène.
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