Adopter un mode de vie « anti-Alzheimer » permet de freiner l’expression de la maladie

Le viagra pourrait réduire le risque de maladie d’Alzheimer, c’est ce que révèle une étude du Collège universitaire de Londres. Le riz noir, moins populaire que le riz blanc, bon pour les intestins le serait aussi pour le cerveau. Cette révélation d’un neuroscientifique a circulé dernièrement sur TikTok. Le marc de café contiendrait des composés à base d’acide caféique susceptibles de contribuer à protéger les cellules cérébrales déclare une étude, américaine, cette fois-ci. Face à cet afflux de conseils tantôt fantaisistes, tantôt réalistes, comment distinguer la bonne intention ? Faut-il croire qu’il existe un ou des moyens de tenir à distance cette maladie ?

Présidente du conseil scientifique de « France Alzheimer » et professeur en santé publique au CHU de Toulouse, Sandrine Andrieu en est convaincue : « On peut freiner l’expression de la maladie« , dit-elle. Cette conviction, elle la doit à ses travaux de recherche sur la prévention, entamés il y a une dizaine d’années. Si aucun traitement ne permet aujourd’hui de soigner, cette épidémiologiste affirme qu’il existe des moyens concrets pour faire reculer l’âge d’apparition d’Alzheimer. Et ces moyens s’appliquent du plus jeune âge et tout au long de la vie.

Études, alcool, tabac, alimentation…

Parmi ces facteurs de risque « modifiables dès le plus jeune âge« , elle cite en premier lieu la stimulation intellectuelle. Plus on est instruit, plus on résistera à la maladie. Cela étant, « avoir un bon niveau d’études, n’empêchera pas la maladie mais cette dernière s’exprimera plus tardivement« . Si l’école a un effet protecteur contre le déclin cognitif, la gymnastique du cerveau reste essentielle, surtout à la retraite.

Dès le plus jeune âge également, il est recommandé de prévenir les traumatismes crâniens. Selon plusieurs enquêtes, les commotions, cérébrales, uniques ou répétitives, causées notamment dans certains sports comme le football lors des « têtes » ou la boxe, sont rarement évoquées. Pourtant, ces traumatismes exposent au développement d’un trouble cognitif. En 2019, une étude écossaise concluait que le risque était multiplié par 3,5 pour Alzheimer. « Certaines fédérations ont fait des efforts, en convient-elle. Il faut continuer à alerter sur les dangers.« 

À l’âge adulte, être à l’écoute d’une audition qui décline, protégera d’une dégénérescence cognitive. 4 à 8 % des cas d’Alzheimer sont attribuables à une perte auditive. « Mal entendre, c’est aussi le premier pas vers l’isolement social et ce manque d’interactions est lui-même mis en cause dans l’accélération de la maladie. »

À l’âge adulte, il y a aussi tous les conseils qui relèvent de la prévention des risques cardiovasculaires et des cancers. En ligne de mire, le tabac. L’Organisation mondiale de la Santé estime que 14 % des cas de maladie d’Alzheimer dans le monde sont « potentiellement attribuables à la consommation de tabac à fumer« .

Vous vous souvenez de la formule : « L’alcool, c’est maximum deux verres par jour, et pas tous les jours ? » Et bien, elle s’applique aussi pour les pathologies neurodégénératives. Selon le Pr Andrieu, une consommation régulière et soutenue conduirait à « la forme la plus courante de la démence. L’observation épidémiologique s’est basée sur 21 verres par semaine. Mais 21 verres, c’est déjà trop !« 

Autre recommandation, une alimentation saine. Largement plébiscité, le régime méditerranéen. Parmi les ingrédients phare : des fruits et légumes frais, le poisson plutôt que la viande rouge, tout cela assaisonné d’huile d’olive. « Les noix, noisettes ou amandes sont très bonnes pour le cerveau. » Dans le même ordre d’idées, elle évoque l’activité physique comme un rempart pour ralentir les premiers symptômes de la maladie, la surveillance de l’hypertension artérielle « à partir de 45 ans » et la lutte contre l’obésité.

Sans pour autant l’expliquer, le lien entre dépression et maladie d’Alzheimer est une réalité. Un sommeil perturbé, le manque d’initiative, « tout le cortège de signes qui entourent la dépression« , sont autant de facteurs à identifier pour une prise en charge précoce. Car lorsque la dépression n’est pas, ou insuffisamment, traitée, elle devient une cause « aggravante de démence« . Enfin, si à l’échelle individuelle, on peut lutter pour retarder Alzheimer, il est un facteur plus difficilement modifiable : la pollution. « Des travaux récents ont montré que la pollution atmosphérique aurait pour conséquence de moins bonnes performances cognitives.« 

Toujours est-il que ces « facteurs cumulés » expliquent 40 % des causes de la maladie. Sans oublier l’âge qui reste le principal facteur de risque.

Même si le « mode de vie anti-Alzheimer » ne garantit pas le risque zéro, « quelques années supplémentaires en bonne santé« , c’est toujours ça de gagné.

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