Interview-Bruno Blandin, président de l’UDE-MEDEF Guadeloupe : «Quoi qu’il se passe le 7 juillet prochain, il nous faudra une ministre ou un ministre des Outre-mer fort qui ne dépende pas du ministère de l’Intérieur»
Outremers360 : Que faut-il retenir de votre Assemblée Générale annuelle qui s’est tenue il y a quelques jours ?
Bruno Blandin : Tout s’est bien passé, bien qu’elle ne se soit pas tenue comme nous l’avions imaginée au départ. Ce n’est que partie remise. En tout cas, nous avions ce jour-là plus de 300 personnes en présentiel. Un des moments riches en émotion a été la lecture d’un poème plein d’espoir, écrit par une jeune du Club Interact du Rotary, âgée seulement de 12 ans. Nous avons lancé la seconde édition du Prix de l’Audace, un concours visant à promouvoir l’entrepreneuriat et à renforcer la cohésion des acteurs économiques. Nous avons rendu compte à nos adhérents et nos militants de l’ensemble des actions que nous avons pu mener cette année. Et puis surtout, nous avons parlé de l’avenir avec l’ensemble des présidents des commissions et des comités.
Et alors, cet avenir, comment est-il ?
En ce moment, il est inquiétant. Beaucoup de chefs d’entreprise attendent de voir ce qui va se passer. Nous nous posons des questions sur cette surprenante dissolution de l’Assemblée nationale. Nous ne nous y attendions pas. Et surtout, nous pensons que ce n’était pas le moment d’ajouter des problèmes aux problèmes.
Vous aviez préparé un document : « Redonner confiance aux territoires ultramarins en 7 chocs » à destination de l’État, afin de mettre en œuvre une nouvelle politique en faveur des Outre-Mer… Vous pensez qu’il va être lu par le prochain gouvernement ?
On ne sait même pas par qui il sera lu, et c’est un problème. En très peu de temps, nous avons eu 4 ministres des Outre-mer. Bientôt un 5ème. Quelle image cela renvoie-t-il aux ultramarins ? Le monde économique a été très calme et conciliant, mais là, nous disons stop. Quoi qu’il se passe le 7 juillet prochain, il nous faudra une ministre ou un ministre des Outre-mer fort, dans un ministère fort, qui ne dépende pas du ministère de l’Intérieur. Nous ne sommes pas des enfants et peut-être avons-nous été trop gentils, mais nous allons définitivement nous réveiller. Nous ne voulons plus de cette façon de fonctionner. Nous voulons un ministre des Outre-mer de plein exercice avec un ministère de plein exercice qui prend ses responsabilités.
On comprend que la situation est grave et que vous atteignez un point de rupture…
En tant qu’entrepreneurs, nous rebondissons. Nous réfléchissons ensemble, avec nos salariés, nos cadres… Mais la situation pour nous est plus qu’inquiétante parce que nous avons un certain nombre de problèmes et nous ne voyons pas avec qui nous pourrons les régler, surtout lorsque nous avons des interlocuteurs qui ne connaissent rien des Outre-mer. À chaque fois, nous devrons réexpliquer, reproposer… C’est une perte de temps incroyable alors que nous avons des dossiers urgents en attente tels que les délais de paiements des collectivités, la sécurité, etc.
Que va-t-il se passer pour vous le lendemain des résultats du second tour ?
Nous avons déjà eu plusieurs réunions et nous en aurons d’autres cette semaine avec tous les présidents des Outre-mer. Une chose est sûre, nous allons rebondir. Avec qui se trouvera devant nous. Je suis d’un naturel optimiste. Et s’il faut partir au combat, eh bien nous partirons au combat.
Dans ce calendrier, il y a des choses qui avaient été programmées qui ne vont pas changer, notamment le tour économique 2024 qui est toujours maintenu. Vous allez partir avec une délégation d’entrepreneurs, parcourir l’archipel de la Guadeloupe. Est-ce que vous pouvez en dire quelques mots ?
C’est un moment fort pour moi chaque année je visite mes adhérents dans tout l’archipel. J’aime être sur le terrain, écouter nos militants et nos adhérents. Le monde politique aussi, puisque je dédie une séquence avec le maire et le parlementaire de la zone visitée. Et là, on découvre des situations parfois très graves. Souvent, cela nous permet de prendre des dispositions et de régler des situations. Le tour est pour moi, les membres de Conseil d’Administration qui sont nombreux à m’accompagner et nos collaborateurs, l’occasion de découvrir le talent de nos entrepreneurs. Nous méconnaissons malheureusement notre tissu et chaque année je découvre des pépites, sur notre archipel. Des jeunes ou moins jeunes talentueux, audacieux qui ont besoin du reseau de l’UDE-MEDEF, d’un petit coup de pouce,… chaque année je redécouvre mon archipel et m’enrichit de ses rencontres avec les entrepreneurs.
Malgré ce calendrier chamboulé, l’UDE-MEDEF Guadeloupe continue d’œuvrer sur le terrain donc…
Tout à fait. D’ailleurs, il y a une très bonne nouvelle qui s’est matérialisée hier (ndlr le 2 juillet 2024) par la nomination de Catherine CADROT comme présidente par l’instance nationale et qui acte le retour de l’UMIH en Guadeloupe. Il s’agit, je le rappelle, de la première organisation professionnelle des cafés, hôtels, restaurants, établissements de nuit, traiteurs, indépendants en France. Elle est en contact direct avec les établissements adhérents et en mesure de les accompagner au quotidien dans la gestion de leur entreprise. L’UMIH apporte des solutions juridiques, fiscales, financières. Nous continuons d’œuvrer pour le développement de la Guadeloupe, ici à travers des pistes qui ne sont pas encore exploitées et nous sommes heureux de cela.
Abby Said Adinany
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