Des escrocs provenant de Côte d’Ivoire promettaient l’amour : ils ont extorqué 1.200.000 euros en faisant chanter leurs victimes
« Fraude Ivoirienne« , « escroquerie aux sentiments« , ce sont les termes utilisés ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Namur pour désigner une vaste arnaque à plus d’un million d’euros. Les membres d’un couple doivent répondre de préventions d’extorsion, faux et usage de faux, abus de confiance, harcèlement, blanchiment. Le tout en tant que dirigeants d’une organisation criminelle.
Originaires de la Côte d’Ivoire, les deux prévenus opéraient depuis Paris. Entre mai 2016 et novembre 2018, ils ont extorqué 100.810 euros à un habitant de Ciney, une personne âgée qui venait de rencontrer un problème de santé. C’est la constitution de partie civile de cette victime qui a lancé l’enquête. 62.700 euros ont été dérobés par ruse à une autre victime également constituée partie civile. Si le nombre exact de personnes arnaquées est inconnu à ce stade, il ressort de l’enquête que l’actif illicite engrangé s’élèverait à 1.246.285 euros.
Le prévenu a pris la fuite en Côte d’Ivoire. Sa compagne est détenue sous la modalité du bracelet électronique depuis un an à Virton.
Le parquet de Namur présente le dossier comme une « escroquerie aux sentiments« . C’est via de faux profils sur les réseaux sociaux que les auteurs entraient en contact avec des victimes fragilisées à qui ils promettaient l’amour. Ils envoyaient des photos dénudées, en demandaient, avant de faire chanter les victimes en menaçant de diffuser les clichés. Si l’organisation opérait depuis la Côté d’Ivoire, la base logistique était en France.
2489 cartes de banque ont été retrouvées, tout comme 452 tickets Transcash
C’est suite à une enquête européenne et grâce à un listing de transactions et à une adresse IP qu’une perquisition a été menée le 9 novembre à Paris. Lors de celle-ci, 2489 cartes de banque ont été retrouvées, tout comme 452 tickets Transcash, des téléphones, des tablettes et des cartes d’identité perdues ou volées. Des faux documents, des messages adressés sur les réseaux sociaux en lien avec les escroqueries ont été découverts sur ce matériel informatique. Une nouvelle perquisition a été menée le 17 mars 2022 : alors que son compagnon avait fui vers la Côte d’Ivoire, la prévenue continuait à voler des victimes.
Interrogée, la prévenue, présente à l’audience, déclare n’avoir escroqué personne. Elle confirme simplement avoir effectué des retraits d’argent, sous la pression de son compagnon. « Je ne connais pas les victimes. Mon compagnon faisait des choses illégales, j’étais sous son emprise, il me mettait la pression pour que j’aille rechercher de l’argent. Je regrette, j’ai pris conscience du mal qu’il a fait. »
Le substitut Seminara requiert 6 ans de prison à l’encontre de la prévenue et 8 ans à l’encontre de son compagnon. La confiscation de 623.000 euros à charge de chaque prévenu est également réclamée.
Le conseil de la prévenue demande au tribunal de ne retenir que la prévention de participation aux agissements de l’organisation criminelle et plaide une peine assortie d’un sursis pour ce qui excède la détention préventive déjà effectuée.
Le jugement interviendra la 12 septembre.
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