La croissance rapide de Shediac suscite des inquiétudes parmi les citoyens

Dans le contexte de l’élaboration de son prochain plan stratégique, la Ville de Shediac a invité ses citoyens à s’exprimer mercredi soir, lors de la quatrième et dernière consultation publique de ce processus. Diverses préoccupations ont été soulevées, dont plusieurs liées à la croissance de la municipalité et à la démocratie.

Trois autres consultations publiques animées par le consultant Ben Champoux avaient déjà eu lieu sur le territoire des anciens DSL de Scoudouc, Pointe-du-Chêne et Shediac Cape, qui ont été annexés à la ville en 2023.

Mis à part s’exprimer au micro, les résidents de la municipalité ont aussi été invités à soumettre leurs commentaires par écrit, sur place, et de répondre à un sondage en ligne.

Gestion de la croissance

La croissance rapide de la municipalité du Sud-Est a été l’objet d’inquiétudes liées à la circulation, à la crise du logement et aux services disponibles à la population grandissante.

«Il y a des centaines de maisons qui ont été construites à une vitesse incroyable, sans les éléments d’infrastructure nécessaires», a noté une dame, faisant référence au moment où elle avait acheté sa propre demeure, il y a une quinzaine d’années.

«Vous allez devoir ralentir et prendre le temps d’observer ce que vous faites», a affirmé une autre femme originaire du Labrador.

«Vous êtes en train de transformer notre municipalité en communauté passagère», a-t-elle dit au sujet de la construction d’immeubles résidentiels.

Selon ses observations, certaines zones de construction ne seraient pas supervisées.

«C’est un free for all», a-t-elle déploré.

«Vous attendez-vous à ce que des jeunes soient attirés par Shediac et voudront travailler ici, alors qu’ils doivent payer 500$, 600$ ou 700$ par mois en taxes? Ça n’arrivera jamais!», a poursuivi la dame du Labrador, touchant un sujet soulevé par plusieurs autres de ses concitoyens.

«Nos taxes ont nettement augmenté et nos services sont de la m**de», a lancé un résident de Pointe-du-Chêne, mécontent des fusions municipales.

Plusieurs personnes ont aussi dit trouver que la présence policière était insuffisante.

Le consultant Ben Champoux écoute les commentaires des résidents, qui se sont rendus à la salle des Chevaliers de Colomb de Shediac, mercredi soir. – Acadie Nouvelle: Devin Ashton-Beaucage

Démocratie

Lors de la rencontre, plusieurs personnes ont dit estimer qu’elles seraient mieux représentées par des conseillers de quartier.

En plus du maire, Roger Caissie, la population de Shediac est actuellement représentée par huit conseillers généraux et quatre autres qui sont attitrés aux anciens territoires des DSL de Scoudouc, Scoudouc Road, Shediac Cape et Pointe-du-Chêne.

«C’est un bel effort de relations publiques», a lancé un homme au sujet de la rencontre.

«Sans quartiers, il n’y a pas de démocratie», a-t-il dit, indiquant croire que le maire dicte ses volontés aux conseillers généraux.

«Je pense que ce que les gens ici déplorent est leur sentiment de ne pas être écoutés. Il y a beaucoup de conseillers municipaux, mais peu de comptes à rendre», a dit une dame, tentant de faire la synthèse de la méfiance exprimée par d’autres individus dans la salle.

Bien qu’elle ait été rejetée par le conseil municipal à l’unanimité, le 17 juin, une proposition voulant limiter la prise de parole des résidents à l’hôtel de ville sur un même sujet a aussi été évoquée en ce sens.

«Il y a eu tellement de belles suggestions et de commentaires, mais il n’y a rien qui a été fait avec ça», a dit une autre femme au sujet de consultations passées. Elle a dit souhaiter voir la mise en place de mécanismes favorisant les interactions entre la population et la Ville.

«Il y a une quantité massive de connaissances, d’information et de sagesse dans cette salle», a soutenu l’auteur Warren Redman, estimant que ses concitoyens ne sont pas écoutés. Il a également profité de l’occasion pour déplorer le manque de vie culturelle à Shediac.

Un autre homme, adoptant une posture plus optimiste, s’est retourné vers les quelque 150 personnes pour donner le bénéfice du doute à la Ville.

« Il faut admettre que c’est un bon début, mais il faut qu’il y ait une continuité», a-t-il soutenu.

Sur ce point, un résident de Memramcook a dit avoir vécu la même expérience dans sa municipalité, un an et demi auparavant, avec Ben Champoux, et n’avoir eu aucune nouvelle du processus depuis. Il en a également profité pour dire que les mots «développement durable» utilisés dans l’ébauche du plan stratégique de M. Champoux devraient être remplacés par «croissance économique», qualifiant la formulation d’«écoblanchiment».

Vers la fin de l’événement, une enseignante a dit souhaiter revivre l’expérience plus souvent afin de mieux comprendre les fonctionnements de la municipalité.

«J’aimerais juste vous dire merci d’avoir invité la population à s’exprimer», a-t-elle dit, rompant avec le ton général de la soirée.

«Une communauté côtière»

«Une communauté côtière où chacun a sa place» est la phrase qui sert à illustrer la vision de l’ébauche du plan stratégique, telle que présentée par Ben Champoux.

Alors que certains ont déploré le manque d’accès à l’eau, plusieurs personnes parmi le public se sont montrées inquiètes face à la place perçue des enjeux environnementaux dans la liste de priorités, rappelant la vulnérabilité de Shediac face aux événements météorologiques.

«Le développement durable, ce n’est pas seulement construire, c’est aussi protéger», a tenu à dire un résident de Shediac Cape, tout en rappelant les menaces que représentent les événements météorologiques pour les communautés côtières.

Shediac Cape

Plusieurs des thèmes discutés ont aussi été évoqués lors des autres consultations publiques.

À Shediac Cape, l’ambition de la Ville en ce qui concerne l’attrait et la rétention d’entreprises a été accueillie avec quelques questions sceptiques. Le taux de taxation et la croissance de la municipalité ont aussi occupé une place de choix dans les discussions.

Certaines personnes se sont montrées préoccupées à l’idée de perdre leur quiétude et ont dit avoir volontairement choisi un mode de vie avec moins de services.

La croissance des régions de Toronto et de Montréal a servi de contre-exemple, notamment par des individus qui y avaient vécu. Dieppe a aussi été mentionnée comme modèle indésirable à cet égard.

«Je sais que nous en avons besoin, mais ils sont étrangement situés», a dit une dame au sujet des immeubles résidentiels dans la ville.

Un autre homme a déploré la proportion de demandes de rezonage acceptées et qui ne sont pas toujours sensées, selon lui.

«À quel point voulons-nous que Shediac soit grande?», a demandé une autre personne au sujet de la municipalité qui a dépassé le cap des 10 000 habitants.

En réponse aux inquiétudes, Ben Champoux a rappelé que le «mode de vie» était l’un des piliers du plan stratégique proposé.

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