Dans un communiqué daté du 3 mai 2024 et parvenu officiellement aux médias du Vatican ce jeudi 4 juillet, les évêques de Guinée ont dressé un tableau sombre de la situation actuelle dans le pays. Reconnaissant quelques efforts fournis par le pouvoir en place, la Conférence épiscopale a tout de même invité les autorités guinéennes actuelles à «tenir compte de la nécessité et de l’urgence à clarifier le calendrier de la transition avec son programme, sa stratégie et ses objectifs»
Entretien réalisé par Myriam Sandouno – Cité du Vatican
«Signe d’un laisser-aller ou d’un délaissement, montée de l’insécurité dans les villes, nombre croissant d’accidents sur les routes, problème d’électricité, incendies à Conakry et dans les villes et villages, et agression permanente de la « terre mère » et de notre environnement». Ce sont, parmi d’autres, quelque-uns des problèmes et difficultés relevés par les évêques guinéens, que traversent les populations depuis maintenant des mois.
Inquiète de la situation qui prévaut dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest de près de 14 millions d’habitants, dirigé par des militaires à la suite d’un coup d’État mené le 5 septembre 2021 par le colonel Mamadi Doumbouya président de la transition, la Conférence épiscopale de Guinée a fait entendre sa voix. Elle a, au terme de la seconde session ordinaire de l’année pastorale 2023-2024 qui s’est tenue à Conakry du 28 Avril au 03 Mai 2024, adressé «un message d’interpellation, de réconfort, et d’encouragement».
Doutes, questionnements pour les uns et déception pour d’autres, peuvent se lire sur les visages des Guinéens. La population fait face à une véritable pénurie d’électricité et d’eau courante, une montée fulgurante du prix des denrées de première nécessité (riz, huile, sucre, oignons etc..). Au nombre de cette liste de problèmes détaillés par les évêques guinéens, s’ajoutent la suppression de plusieurs médias, le brouillage des ondes de certains autres et l’emprisonnement de journalistes, comme en témoigne la Conférence épiscopale, qui déplore également les pertes en vies humaines lors des manifestations récurrentes.
Le calendrier de transition
Dans leur message dense, les évêques catholiques ont évoqué la question de la transition en cours qui fait objet de tensions dans la vie politique du pays et qui «semble de ne pas être très claire», a fait savoir Mgr Raphaël Balla Guilavogui. Le président de la Conférence épiscopale de Guinée n’a pas caché son inquiétude, dans une interview accordée aux médias du Vatican: «Nous allons vers la fin de l’année, et les partis politiques menacent de manifester, car c’est bien à la fin de cette année théoriquement que devraient se tenir les élections présidentielles». Par contre, a-t-il poursuivi, «nous constatons que ce sera probablement le référendum, pour voter la nouvelle Constitution, mais on ne sait pas si cette nouvelle Constitution est complètement rédigée».
Mgr Guivalogui a invité les autorités à «être claires et sincères avec les populations», en ce qui concerne le calendrier de la transition. L’Église «exhorte les autorités politiques du pays à tenir compte de la nécessité et de l’urgence à clarifier le calendrier de la transition, avec son programme, sa stratégie et ses objectifs. Ceci permettrait à tous de voir clair et de regarder l’avenir avec confiance», peut-on lire dans le communiqué officiel signé par le président de la Conférence épiscopale.
Un cadre de dialogue nécessaire
Les évêques ont interpellé les gouvernants, les forces vives et les manifestants, les autorités religieuses, les notables et citoyens «à définir un nouveau cadre de dialogue réellement inclusif, avec les exilés et ceux qui seraient empêchés physiquement et moralement», ce qui permettrait de «retrouver la paix et d’aller à des élections transparentes, pour discuter avec franchise et sincérité des défis actuels de la démocratie en Guinée et des perspectives d’avenir de notre pays. Ensuite, ont-ils ajouté, il faudra trouver ensemble les voies et moyens pour retrouver la paix et redonner le sourire aux Guinéens».
Les prochains jours, des acteurs de la société civile entendent manifester contre la junte militaire. Une dynamique a été formée contre la fermeture des médias, la cherté de la vie et les coupures d’électricité.
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