Le chef du régime militaire du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a présidé jeudi matin 20 juin un conseil des ministres à Ouagadougou, selon la présidence, deux jours après que l’armée a réfuté toute « mutinerie » dans des casernes.
Il a assuré qu’il n’y avait aucun « mouvement d’humeur » au sein de l’armée, après plusieurs jours d’incertitudes à la suite d’une attaque djihadiste meurtrière dans le nord-est du pays. « Les mouvements d’humeur c’est faux, il n’y a rien du tout », a assuré le capitaine Traoré dans un reportage diffusé par la télévision d’Etat (RTB).
Il s’exprimait depuis la cour du bâtiment de la RTB, où une roquette est tombée le 12 juin. « En voulant vérifier un certain nombre de choses, malheureusement quelqu’un a fait partir le coup » et « la roquette s’est dirigée dans la cour de la RTB », a déclaré à ce sujet M. Traoré, cité dans un communiqué de la présidence, précisant qu’il s’agissait d’un « incident ».
Le capitaine Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat le 30 septembre 2022, s’en est également pris aux médias occidentaux, les qualifiant « de médias menteurs » et de « manipulateurs ». « N’écoutez pas les fake news. Nous sommes là et continuons de travailler pour le bonheur du peuple burkinabé », a-t-il ajouté.
Plus de 20 000 morts et 2 millions de déplacés
Après cette visite, il a présidé un conseil des ministres, selon une publication de la présidence sur Facebook. Plusieurs photos ont également été publiées où l’on peut voir M. Traoré, souriant, en train d’échanger avec les ministres.
Mardi soir, l’armée avait qualifié « d’infondées et mensongères » les « rumeurs sur les réseaux sociaux » faisant état « de mouvements d’humeur et de mutineries dans certaines casernes militaires ». Cette prise de parole du capitaine Traoré intervient après plusieurs jours d’incertitudes au Burkina Faso à la suite d’une attaque djihadiste meurtrière dans le nord-est du pays.
Le 11 juin, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida) a attaqué la localité de Mansila (Nord-Est) ainsi que le détachement militaire qui s’y trouve, près de la frontière du Niger.
Jeudi, le capitaine Traoré a évoqué pour la première fois cet événement en expliquant avoir « lancé une opération à Mansila, le lendemain de l’attaque », avec des troupes envoyées en renfort pour « monter l’assaut ». Aucun bilan officiel n’a été donné mais, selon une source sécuritaire, « beaucoup d’éléments sont portés disparus ». Les détachements militaires déployés au Burkina Faso comportent généralement environ 150 éléments.
M. Traoré a précisé jeudi que « six vols d’Iliouchine », des avions militaires russes, avaient atterri à Ouagadougou avec du « matériel des Nations unies en provenance de Gao et Tombouctou », au Mali. Selon une source diplomatique africaine et une source indépendante, ces avions ont également permis à quelques dizaines d’instructeurs russes de rallier Ouagadougou. Depuis le coup d’Etat du 30 septembre 2022, les autorités burkinabées se sont rapprochées de Moscou.
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Le Burkina Faso – comme ses voisins le Mali et le Niger – est frappé depuis près de dix ans par des attaques de groupes djihadistes qui ont fait plus de 20 000 morts et 2 millions de déplacés. Les autorités affirment régulièrement obtenir des victoires sur les djihadistes, mais les attaques se poursuivent et une partie du territoire reste hors du contrôle de l’armée.
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