Enseignement supérieur : Dominique Poquillon, la nouvelle présidente de l’école d’ingénieurs Toulouse INP veut tirer un trait sur la période Centrale

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Dominique Poquillon, professeure des universités, a été élue présidente de Toulouse INP, le 2 juillet, avec 23 voix pour et 4 bulletins blancs. Après la présidence de Catherine Xuereb, qui militait pour que l’école d’ingénieurs et ses trois composantes (ENSEEIHT, Ensiacet et Ensat) bascule dans le giron des écoles Centrale, sa successeure souhaite « refonder » l’établissement et soigner le malaise ressenti par une partie des enseignants au bord de la crise de nerfs.

Le projet d’intégrer des formations généralistes sur le modèle des écoles Centrale en France est-il définitivement abandonné par Toulouse INP ?

Une des trois écoles de Toulouse INP, l’ENSEEIHT qui s’en est emparé pour regarder la possibilité de se transformer en partie en école Centrale. Ce processus est pour l’instant à l’arrêt, puisque pour en étudier l’ensemble, il faut avoir à la fois la soutenabilité du projet de création d’une école et ensuite d’assurer la viabilité de ce qui n’est pas généraliste dans l’école Centrale et qui reste formation d’ingénieurs spécialistes dans le reste de l’établissement. Le sondage de décembre 2023 auprès du personnel de l’ENSEEIHT montrait une école clivée à 50/50, donc un résultat qui ne représentait pas l’ensemble de l’école. Cela devait être discuté en conseil d’administration du 24 mai, mais ce dernier a été annulé.

Vous placez votre mandature sous le signe d’une refondation de l’établissement « pour y assurer les conditions nécessaires à l’épanouissement de chacun… ». On pense, en effet, au rapport d’expertise mené auprès des personnels en souffrance à cause des pressions exercées pour la transformation de l’école en Centrale ?

Cette expertise pour risques graves est en effet l’un des dossiers dont on doit s’emparer. Dans ce document très sérieux, réalisé par un cabinet accrédité [LG conseil, NDLR], il y a un chapitre avec des propositions de travail pour justement déjà envisager une cicatrisation. On a discuté avec le cabinet auteur de ce rapport et on va en discuter avec les différentes instances et les représentants du personnel. On veut sonder les personnels à la rentrée, vérifier l’état de fatigue après les vacances, voir ce qui est inquiétant et comment on travaille avec des spécialistes en remédiation. Il faut remettre de la sérénité, car on ne construit rien si on est à bout. Les gens étaient à bout.

Votre prédécesseure, Catherine Xuereb, avait vivement critiqué ce rapport d’expertise sur l’état de santé des personnels ?

J’ai une approche scientifique sur le sujet : je suis ingénieure, docteur en sciences, je ne suis pas spécialiste en management des organisations et droit du travail. Ce cabinet LG conseil travaille avec de grands noms, est accrédité par la préfecture depuis de nombreuses années, je considère que ce sont des gens qui font leur travail. Les tensions dans l’établissement sont réelles, dont on avait déjà connaissance. Je ne suis absolument pas compétente pour critiquer ce rapport, je ne me le serais jamais permis. Il y a toujours des tensions dans l’établissement. D’ailleurs, je pense qu’on aura besoin d’aide pour s’en sortir. C’est pour cela que l’on parle de refonder l’établissement. La prochaine année universitaire sera importante, car on a plein d’évaluations à rendre en plus d’une échéance majeure qui est la construction de l’établissement public expérimental (EPE) avec l’université Toulouse 3 Paul Sabatier (UT3).

Ce sera important pour le rayonnement des universités et grandes écoles toulousaines ?

Pour la recherche, bien sûr. Toulouse INP a des atouts pour faire rayonner cette recherche : on a nos spécificités en ingénierie, dans le domaine des transitions, de l’énergie, de l’agronomie. Nos laboratoires sont essentiellement des unités mixtes de recherche partagés avec UT3 et l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).

Dans quel état se trouve aujourd’hui le personnel, mis à rude épreuve lors des négociations de transformation de Toulouse INP en Centrale ?

La tension est toujours palpable, en particulier à l’ENSEEIHT. C’est une école où les clivages forts sont apparus, il y a toujours un malaise qui existe. Les gens qui portaient le projet Centrale peuvent être en souffrance, suite au résultat des élections dans l’établissement, mais il y a eu de la fatigue et beaucoup de souffrance de l’ensemble des personnels depuis quatre ans. On a fait fonctionner l’établissement en mode dégradé à cause du Covid, durant l’été 2020 et 2021, et en 2022, on a été victime d’une cyberattaque. On a enchaîné des années peu reposantes.

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