Pas du tout, l’enjeu est effectivement majeur. On estime à 700.000 le nombre des sociétés qui devront être cédées dans les dix ans à venir car dirigées par un chef d’entreprise âgé de 55 ans et plus. La transmission de ces entreprises, le plus souvent de petite taille, constitue un sujet vital pour les territoires où elles sont implantées, les villes moyennes, des territoires ruraux… En Île-de-France, par exemple, 137.000 entreprises sont dirigées par des chefs d’entreprise de plus de 55 ans.
Si elles ne sont pas reprises, 84.100 salariés risquent de se retrouver chez France Travail chaque année ! L’enjeu social est donc majeur. Il faut y ajouter celui de la perte de savoir-faire, particulièrement chez les entreprises à tradition artisanale. Et dans tous les cas, les conséquences sur le territoire sont multiples et néfastes : chômage, commerces qui ferment, habitants qui ne trouvent plus une société qui répare une fuite d’eau… Au final, le lien social se délite et le territoire perd son attractivité.
S’il vous fallait choisir un seul levier d’action, lequel choisiriez-vous ?
Il faut faire évoluer les mentalités ! A mon avis, le frein majeur à la transmission de l’entreprise n’est pas d’ordre fiscal. Il est psychologique. Souvent, il m’arrive d’entendre cette expression si parlante : « je vends mon bébé » dans la bouche des chefs d’entreprise. Elles représentent une partie importante de leur vie, et en les quittant, ils redoutent de perdre leur utilité sociale, se demandent ce qu’ils vont tirer de cette vente, dont ils ont besoin pour leurs revenus futurs…
Mais on peut voir la cession de manière différente : un acte sain dans le développement d’une entreprise, indispensable à sa pérennisation. Cela peut même un élément de fierté que l’entreprise continue après avoir été créée par son fondateur. Après plusieurs décennies d’exercice, il est difficile de continuer à innover et ce chef d’entreprise qui incarnait si bien l’entreprise finit par en freiner le développement, lui faire perdre de sa valeur. Bien préparer sa cession est un acte engagé. Il permet d’engager au mieux son propre avenir et celui de l’entreprise.
Comment faire coïncider la diversité des entreprises à céder avec les attentes des repreneurs ?
Olivia Grégoire, Ministre des PME, ne s’y est pas trompée : elle a été promouvoir la reprise d’entreprise devant les étudiants de l’ESCP et HEC. Car la France a réussi le pari de la création d’entreprises mais aujourd’hui, il lui faut gagner celui du repreneuriat. Pour cela, nous avons besoin d’une nouvelle génération de repreneurs.
Actuellement, il existe différents cas de figure. Des personnes morales c’est-à-dire des entreprises qui réalisent des opérations de croissance externe. Des personnes physiques qui veulent reprendre plutôt que lancer. Il s’agit souvent d’un cadre supérieur entre 40 et 50 ans qui bénéficie d’un apport financier non négligeable mais s’il a des crédits à rembourser et une famille à entretenir et un niveau de salaire exigeant, il cherchera une entreprise avec un certain niveau d’activité. De plus petites entreprises peuvent intéresser un autre profil de repreneurs : des salariés qui travaillent dans les entreprises à métier, dotés de moyens financiers plus modestes ou bien celui de repreneurs plus jeunes. Dans tous les cas, il faut accompagner et soutenir chacun de ces repreneurs !
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