Au Soudan du Sud, le cardinal Czerny appelle à cheminer vers la paix

Dans son homélie de la célébration de la solennité de sainte Joséphine Bakhita ce jeudi 8 février, date de la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains, le préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral a mis en garde contre les «faux dieux» de l’avidité, du pouvoir, de la domination, du nationalisme, qui conduisent à la destruction des autres. Au cours de la messe à Malakal, le cardinal Czerny a ordonné trois diacres.

Roberta Barbi – Cité du Vatican

La paix est le thème principal que le cardinal Michael Czerny, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, a choisi pour son homélie à Malakal, au Sud Soudan, où il se trouve depuis le 2 février. La paix comme antidote aux faux «dieux» ou «idoles» tels que l’avidité pour l’argent et le pouvoir, la soif de contrôle et de domination, et l’exclusion résultant du nationalisme et du tribalisme, qui détruisent encore la vie des autres et ont «dévasté» le pays lui-même.

Le cardinal Czerny a célébré une messe à l’occasion de la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains. Ces jours-ci marquent également le premier anniversaire du pèlerinage œcuménique effectué dans ce pays africain par le pape François, le primat de l’Église anglicane et archevêque de Canterbury, Justin Welby, et le modérateur général de l’Église presbytérienne écossaise, Iain Greenshields. Lors de ce voyage, «la graine de la paix a été plantée», a déclaré le cardinal Czerny, «il est maintenant de notre responsabilité de la faire pousser», a-t-il souligné.

Bakhita, une sainte qui enseigne l’humanisation

Dans sa prédication, le préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral a ensuite retracé la vie de sainte Joséphine Bakhita, originaire de la région soudanaise du Darfour, vénérée comme la patronne de l’Afrique et des victimes de la traite des êtres humains. C’est pourquoi le jour où l’Église la commémore liturgiquement a également été désigné comme la Journée internationale de prière pour les victimes de la traite des êtres humains. Le cardinal Czerny a rappelé le témoignage de la sainte qui a beaucoup souffert, a été vendue plusieurs fois comme esclave et a passé des années marquées par les abus et les privations. «Mais son histoire est aussi une histoire d’espérance, de l’emprisonnement et de l’esclavage à la rencontre avec Dieu dans un couvent de religieuses», a-t-il souligné. «Elle a même remercié ses ravisseurs, parce que sans eux elle n’aurait connu ni Jésus ni l’Église». Le cardinal Czerny a ensuite rappelé les paroles que le Pape a dédiées à Bakhita lors de l’audience du 11 octobre 2023: «c’est l’âme de Bakhita. En vérité, avoir pitié signifie à la fois souffrir avec les victimes de la grande inhumanité du monde et avoir pitié de ceux qui commettent des erreurs et des injustices, non pas en les justifiant mais en les humanisant. C’est la caresse qui nous enseigne: humaniser».

Le cardinal Michael Czerny, à son arrivée au Soudan du Sud, le 2 février 2024

Le cardinal Michael Czerny, à son arrivée au Soudan du Sud, le 2 février 2024

Les faux dieux d’aujourd’hui: cupidité, pouvoir et nationalisme

Le cardinal Czerny s’est également attardé sur la première lecture proposée par la liturgie, tirée du Livre des Rois dans lequel Salomon, suivant l’exemple de certaines de ses femmes, a détourné de son cœur le Dieu de ses pères, qui s’est désolé et lui a révélé les conséquences de son idolâtrie. «Les tentations d’adorer des idoles persistent encore aujourd’hui; les faux dieux d’aujourd’hui sont différents de ceux de Salomon mais ne sont pas moins dangereux», a-t-il averti. «Le dieu de l’avidité pour la richesse et l’argent qui nous pousse à priver les autres du bien commun; le dieu de la soif de pouvoir, de contrôle et de domination non seulement au niveau national mais aussi au sein de nos communautés et de nos villages; le dieu du tribalisme et du nationalisme qui nous pousse à exclure les autres et à les traiter comme des moins que rien, voire à les tuer. Ces faux dieux ont en effet dévasté le Sud-Soudan, il est temps de se lever et de les dénoncer».

Un pays connu pour sa paix et non pour sa guerre

Le cardinal Czerny a adressé un vœu à l’ensemble du Soudan du Sud, rappelant qu’il y a un an, le Pape François s’est rendu en pèlerinage, poussé par l’Esprit Saint, pour rappeler à tous les habitants du pays que «Dieu vous appelle à marcher sur le chemin de la paix». «Le Pape François est venu parmi vous en tant que serviteur de l’Évangile; sa visite a marqué un nouveau départ au Soudan du Sud et nous avons le devoir de suivre son exemple», a déclaré le cardinal Czerny, ajoutant que «l’unité est l’arme que nous possédons pour lutter contre tout ce qui nous divise et nous prive de la paix».

Aux nouveaux diacres: vous êtes appelés à construire la civilisation de l’amour

En conclusion de son homélie, le préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral s’est adressé aux trois nouveaux diacres qu’il allait bientôt ordonner, soulignant que l’identité du diacre est le service: «Vous le ferez en imitant Jésus-Christ, le Maître qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir. Votre ministère doit être centré sur Lui, en évitant toute forme de vanité qui pourrait vous distraire». Le préfet a ensuite annoncé trois questions qu’il poserait aux nouveaux diacres pour leur présenter les nouvelles responsabilités qu’ils auraient à partir de maintenant: «La première concerne votre engagement, avec humilité et amour, à servir l’évêque, les prêtres et le peuple de Dieu; la deuxième est de garder le mystère de la foi avec conscience, comme l’exhorte l’Apôtre, et d’annoncer cette foi en paroles et en actes, comme l’enseignent l’Évangile et l’Église», a-t-il énuméré, avant de poursuivre avec «la troisième, qui est d’approfondir un esprit de prière adapté à votre style de vie et conforme à ce qui vous est demandé, pour célébrer fidèlement la liturgie». «Si vous relâchez cette responsabilité ou si vous hésitez dans ce service, les mauvais faux dieux essaieront de s’approprier le peuple de Dieu et de l’égarer. Si le peuple s’égare, les problèmes de ce pays resteront incontestés et irrésolus. Vous avez la grande responsabilité de tout diacre: partager la Bonne Nouvelle», a-t-il conclu.

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