Le conseil d’éducation du District scolaire anglophone Est n’a pas la qualité pour agir dans l’intérêt public dans sa contestation judiciaire de la politique 713 sur l’identité de genre dans les écoles publiques du Nouveau-Brunswick, a tranché une juge vendredi à Moncton.
Cette décision n’a aucun lien avec une autre contestation judiciaire de la politique 713, intentée par l’Association canadienne des libertés civiles (ACLC).
En réalité, la juge, dans sa décision, dit estimer que la poursuite de l’ACLC est plus appropriée pour débattre des questions soulevées par le conseil d’éducation.
Des droits conférés par la Charte
Le conseil d’éducation du District scolaire anglophone Est soutient que la politique 713, dont le respect est imposé aux écoles publiques par le gouvernement du Nouveau-Brunswick, contrevient à l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés sur le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne ainsi qu’à l’article 15 qui proclame les droits à l’égalité.
La liberté d’expression des enseignants et du personnel scolaire serait elle aussi brimée, selon le conseil d’éducation, en contradiction de l’article 2(b) de la Charte.
Pas de qualité d’agir
La juge Tracey DeWare, de la Cour du Banc du Roi du Nouveau-Brunswick, a statué vendredi que le conseil d’éducation du District scolaire anglophone Est n’avait pas la qualité d’agir dans l’intérêt public.
La qualité pour agir est un terme juridique qui signifie qu’un plaignant permet aux particuliers ou aux organisations de soumettre des causes d’intérêt public aux tribunaux.
Une autre poursuite va de l’avant
Dans sa décision, la juge DeWare suggère qu’il est plus approprié que les questions soulevées par le conseil d’éducation anglophone soient traitées dans la poursuite de l’ACLC, qu’un tribunal examine à Burton, près de Fredericton.
Dans cette cause, il existe des solutions de rechange réalistes qui favoriseraient l’usage plus rapide et plus efficace des ressources judiciaires
, écrit la juge.
Qu’est-ce que la politique 713?
La politique 713 (Nouvelle fenêtre) établit depuis 2020 les exigences minimales pour la sécurité des élèves LGBTQ+ des écoles publiques du Nouveau-Brunswick. Sa révision en 2023 a rendu obligatoire le consentement parental pour employer le prénom ou les pronoms préférés d’un élève de moins de 16 ans non binaire ou transgenre.
Les plaignants – qui poursuivaient en leur nom et au nom de l’intérêt public – sont le président du conseil d’éducation, Harry Doyle, et le vice-président Dominic Vautour. La juge a indiqué que ce dernier pourrait, s’il le désire, poursuivre pour violation de sa liberté d’expression mais qu’il devrait le faire dans une cause séparée.
Enfin, le conseil arguait que les sections de la politique 713 sur l’auto-identification
des élèves imposent une limite déraisonnable aux droits linguistiques des anglophones, garantis par l’article 16.1 de la Charte sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick.
« J’appartiens à mes parents », « Arrêtez de laver le cerveau de nos enfants » et « Endoctrinement, laissez l’idéologie hors des écoles », lit-on sur les affiches brandies par de jeunes manifestants le 20 septembre 2023 à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.
Photo : La Presse canadienne / Stephen MacGillivray
La juge DeWare a qualifié cette interprétation d’assez inédite
. Elle l’a rejetée en disant qu’il n’y a absolument rien
dans la politique 713 qui traite de langue ou qui entrave les droits linguistiques.
Le conseil d’éducation du District scolaire anglophone Est a préféré ne pas accorder d’entrevue. Dans une déclaration écrite, vendredi, il s’est dit stupéfait
et déçu
du jugement.
Malgré ce revers, le conseil d’éducation demeure déterminé à promouvoir des politiques et des pratiques qui soutiennent tous les élèves
, déclare-t-on.
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Une autre contestation judiciaire, menée celle-là par l’Association canadienne des libertés civiles, est débattue à Burton, près de Fredericton. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
Les plaignants ne disent pas s’ils vont faire appel de la décision. Le conseil va continuer à examiner tous les moyens disponibles pour s’assurer que les écoles demeurent des lieux où tous les élèves peuvent s’épanouir sans crainte d’être discriminés ou exclus
, écrivent-ils.
Le conseil d’éducation menacé de représailles par la province
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick n’a pas accordé d’entrevue vendredi pour commenter ce dossier.
La province a entrepris des démarches pour dissoudre le conseil d’éducation du District scolaire anglophone Est. Le ministre de l’Éducation, Bill Hogan, soutient que le District fait un mauvais usage des fonds qui lui sont attribués en menant sa démarche devant les tribunaux.

Bill Hogan est le ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance du Nouveau-Brunswick. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada
Après avoir obtenu l’approbation du cabinet, le ministère de l’Éducation dit avoir maintenant déposé sa demande pour dissoudre le conseil d’éducation.
Radio-Canada n’a pas encore obtenu ces documents. Un juge devra statuer sur la demande du gouvernement provincial.
D’après le reportage de Shane Magee, CBC
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