Regard et réflexions sur la problématique des archives en Haïti


Les archives se constituent et se construisent grâce à l’action professionnelle et quotidienne de l’archiviste. Mais, dans le contexte social global.  Ainsi, la période troublée de la seconde moitié du XIXème siècle au cours de laquelle se développait une « société de baïonnettes » pour reprendre l’expression de l’historien Alain Turnier ne se prêtait pas vraiment à des actions d’organisation des archives publiques du pays. Avec  les 19 ans d’occupation nord-américaine, la  chose n’était pas plus avancée qu’avant. L’occupant a constitué ses propres archives, bien ordonnées et bien entretenues  qu’il devrait emporter avec lui en 1934 et laisser les fonds haïtiens tels qu’ils étaient. Le Président Sténio Vincent  a eu la  très bonne idée de fonder la Bibliothèque Nationale d’Haïti en 1940 et d’en confier la direction à un connaisseur en la matière, M. Max Bissainthe[33]. Mais le Président Vincent a fait mieux. Selon M. Dieudonné Fardin[34], ce président, grand bibliophile et collectionneur de livres et d’œuvres d’art, a créé également cinq bibliothèques publiques départementales dans le pays et jeté les bases du Musée  national. M. Bissainthe devrait produire un travail énorme et préparer, dans la continuité de M. Ulrick Duvivier,  une bibliographie complète  du pays publié par Scarecrow Press en 1951. Par la même occasion, il était question d’organiser les archives. Celles-ci devraient prendre un bon départ avec l’arrivée de M. Laurore Saint-Juste comme Directeur-Général. Le travail d’inventaire a pu être entamé et M. Saint-Juste a pu même identifier des ressources archivistiques du pays dispersées à l’étranger. Mais les moyens financiers, humains et logistiques manquaient énormément. Les archives publiques du pays prirent un tournant au début des années 1980 avec leur réorganisation. Les archives d’état civil furent séparées des archives historiques. Les premières furent logées dans la Cité de l’Exposition du Bicentenaire, à côté des locaux du Journal gouvernemental Le Nouveau Monde et les secondes restèrent au quartier historique du Poste-Marchand. Durant tout ce pèlerinage, selon M. Wilfrid Bertrand,[35] les Archives passèrent sous le Ministère des Finances, puis sous celui de l’Education Nationale, puis sous celui de la justice. Par la suite, les Archives Nationales  passèrent  sous le contrôle du Ministère de la Culture avec la Bibliothèque Nationale (BNH) et le Musée du Panthéon National (MUPANAH). Depuis plus de deux décennies, sous la conduite du Directeur-Général, M. Wilfrid Bertrand, les Archives connaissent un grand travail de structuration, de classement  et de modernisation des fonds d’état civil et historique. Ce qui a permis leur rapide d’utilisation. Aujourd’hui, un citoyen peut obtenir un extrait d’archives en seulement huit jours. Ce qui constitue un véritable miracle quand on connaissait l’état du fonds auparavant. Il faut bien noter qu’une étape  importante et décisive a été franchie par l’actuelle administration des Archives Nationales d’Haïti (ANH) avec la constitution de l’annexe 3 à Delmas 19[36]. Il s’agit alors d’une unité spéciale et spécialisée de l’institution qui a pour mission  et tâche primordiale de procéder  à la numérisation de l’ensemble du fonds. Selon le Nouvelliste du 2 janvier 2018, « Les registres de 1793 à nos jours seront numérisés. Les responsables des ANH comptent exploiter toutes les possibilités qu’offre le système numérique. Avec ce programme, plus besoin de manipuler les cahiers de registres. Il entend finir avec la question des certificats négatifs d’acte de naissance, des déclarations tardives, des documents frauduleux et les multiples actes de naissance pour un seul citoyen. «Annexe 3 » tend à résoudre définitivement le problème de l’identité. « Dans les 4 prochaines années, les Archives Nationales d’Haïti seront à même de délivrer les documents à la minute », a déclaré le Directeur-Général des ANH, Jean-Wilfrid Bertrand. Les données seront déjà enregistrées dans le système avant même que les demandes ne soient soumises, a expliqué Jean Wilfrid Bertrand ». Il faut saluer une telle initiative qui répond bien à une exigence de modernité et de gestion du fonds des archives au XXIème siècle. C’est la voie obligatoire et obligée de tous les fonds d’archives de par le monde et en Haïti. Il s’agit d’une évolution globale, nécessaire, inévitable pour tout ce qui concerne le support papier: livres, journaux, documents d’Etat-civil… Même les tickets d’avion ou les billets de banque n’y échappent pas. Un auteur américain spécialiste des sciences de l’information qui deviendra célèbre par la suite, Frederick Wilfrid Lancaster avait annoncé l’avènement de ce processus global depuis l’année 1978 dans son ouvrage déterminant qui s’appelle Toward a paperless information system. Pour notre part, nous souhaitions vivement la réussite des travaux de cette Annexe 3 pour la numérisation progressive du fonds et l’informatisation complète de son processus complet de gestion. C’est un grand pas. C’est un grand progrès. A moment  même où nous écrivons ces lignes, le généalogiste Peter J. Frisch  vient de publier une importante étude très bien documentée sur la généalogie du Français Malet  signataire de l’Acte de l’Indépendance d’Haïti le Ier  janvier 1804. Dans article, M. Frisch  a souligné les possibilités et ressources des  Archives d’Etat civil haïtiennes et  mentionné d’autres sources documentaires concernant Haïti comme par exemple « les registres paroissiaux et d’Etat civil de la période coloniale – qui ont été numérisés et mis en ligne sur le site des archives nationales de France section Outre-Mer (ANOM) – et aussi  sur le site de l’Association de  Généalogie d’Haïti (AGH) qui, depuis 1998, a entrepris de réaliser le relevé systématique de l’état civil haïtien du XIXème siècle, conservé aux Archives Nationales d’Haïti et de les mettre en  ligne »[37]. Par la même occasion, M. Frisch nous apprend que « l’Etat civil haïtien, vieux de plus de cent ans, a fait l’objet d’une numérisation depuis quelques années et est aujourd’hui, pour une  bonne part, consultable en ligne sur le site de famillesearch. A ces différents fonds, il faut ajouter celui, très riche, conservé à la bibliothèque de l’Université de Floride, Gainesville, connu sous le nom de « Jérémie Papers » »[38]. 

[1] Dans son  ouvrage intitulé L’assistance  sociale en Haïti 1804-1972,  paru en 1972, le Dr. Mathurin Augustin nous  dit ceci : « 20 août 1960 : création de la maison des Archives Générales de la République. Cette maison s’est maintenue  à travers les temps difficiles et les remous politiques, ce qui lui a valu de perdre beaucoup de documents.  Son centenaire en 1960 a été grandiosement commémoré par son dynamique Directeur Laurore Saint-Juste  doué d’une profonde érudition  acquise au  cours de ses nombreux voyages  à l’étranger et surtout  dans la fréquentation de nombreux établissements similaires bien organisés et richement pourvus d’ouvrages de toutes sortes. Une exposition de la galerie de nos Chefs d’Etat  a été en la circonstance offerte au public. C’est le Président  Borno qui a placé les Archives  dans le local actuel qui était d’abord construit  pour l’Hôtel Communal, puis devint  un marché, puis désaffecté définitivement ».  p. 68.  

2 Jean Favier (1965). Les archives. Presses universitaires de France. PUF. Collection que Sais-je. Paris.

3Jean-Price Mars (2013).  Ceux d’autrefois. La lutte pour le pouvoir entre Florvil Hyppolite et François Légitime en 1888-1889.  Présentation par  Michel Soukar. Editions C3, Port-au-Prince, pp. 175-176.

4 Ibid. p. 44.

5 Ibid., p. 44.

6 Ibid, p. 39.

7[1] Ibid., p. 41.

8 Gaëlle Coqueugniot « Coffre, casier et armoire : la Kibôtos et le mobilier des archives et des bibliothèques grecques ». Dans Revue archéologique 2007/2 (n° 44), pages 293 à 304. Disponible sur www.cairn.info. Accédé le  23 juin 2024.

9https://www.universalis.fr/encyclopedie/archives/2-une-histoire-des-archives/ Accédé le  23 juin 2024.

10 Gabriel Naudé (1644). Advis pour dresser une bibliothèque. Présenté à Monseigneur le Président de Mesme. Ed. Rolet le Duc. Paris.

11 Anne Marie Thiesse (2002). « La fabrication culturelle des nations européennes ». Pp. 221-28.  In Nicolas Journet (Coord). La culture de l’universel au particulier.  Editions Sciences Humaines. Auxerre.

12 Il s’agit ici de l’axe central de la sociologie wébérienne que l’on retrouve dans des ouvrages de Max Weber  comme Economie et société (1921) et Le savant et le politique (1919). 

13 Kesner Millien. « À propos de l’authenticité de certaines sources de l’Histoire d’Haïti ».  Publié le 2018-02 02  lenouvelliste.com

14 Jean Wilfrid Bertrand. « Les Archives nationales d’Haïti : près de deux siècles d’histoire, un nouveau départ ». [Article] Gazette des archives  Année 1988  142-143  pp. 25-35

15 Au moment de réviser le texte de cet article, nous avons appris avec  douleur l’occupation du Palais de Justice avec toutes ses  archives par des gangs armés  qui y  ont chassé le personnel et les professionnels de la basoche. Nous vivons des temps difficiles. Nous avons contacté le Greffier de cette institution qui avait été  notre étudiant et qui nous avait  exprimé son affliction et ses inquiétudes  pour les documents et archives de grande importance de cette institution. En septembre et en octobre  2022, au cours des manifestations contre la hausse vertigineuse du carburant et les menaces d’intervention militaire contre Haïti, les Tribunaux de Petit-Goave et de Gonaïves ont été pillés et incendiés  avec leurs greffes et archives.  C’est avec tristesse et douleur que les archivistes, bibliothécaires et documentalistes  apprennent de telles nouvelles. Deux années plus tard, la situation de la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH) et d’autres centres documentaires du pays reste très préoccupante. 

16 L’historien Thomas Madiou (1987), en effet nous, communique cette information capitale: « le capitaine-général [Rochambeau], prévoyant que la guerre ne tarderait pas à éclater entre la France et l’Angleterre, et que les communications avec la Métropole seraient bientôt interceptées, ordonna le 8 juin [1903], de former au Port-Républicain [Port-au-Prince]  un dépôt général des titres et documents relatifs à St-Domingue, qui devraient être envoyés en France, à la première demande du gouvernement consulaire. Le grand juge nomma le citoyen Bascher archiviste du dépôt, avec un traitement annuel de 8.000 francs. On devrait réunir dans l’établissement les titres relatifs  aux immeubles situés dans l’île, les actes de concessions faites aux particuliers par le gouvernement, les plans, les cartes du pays et les fortifications, les comptes de recettes et de dépenses, les anciennes ordonnances, les arrêtés et règlements sur la police, les finances, le commerce, la culture et l’administration civile, judiciaire et militaire, les louis envoyées de France, les règlements publiés à St-Domingue, les documents sur l’histoire, les sciences, les arts. Ces archives seront expédiées pour France avant l’évacuation de l’île par Rochambeau ». Histoire d’Haïti, Tome III 1803-1807. Editions Henri Deschamps, Port-au-Prince, p. 53. 

17 Cary Hector et Oliver Gliech. (Coéditeurs). L’historiographie  allemande et la Révolution haïtienne : approches récentes. Revue de la Société Haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie. Numéros 245-248. Janvier-Décembre 2012.

18Jean Wilfrid Bertrand, Op. Cit.

19 Weibert Wien Arthus. Haïti: Sources de l’histoire des relations internationales.in: Encyclopédie des historiographies: Afriques, Amériques, Asies: Volume 1: Sources et Genres historiques (Tome 1 et tome 2) [en ligne]. Paris: Presses de l’Inalco, 2020. (Généré le 26 juillet 2021. DOI.ORG/10. 4000 / books.pressinalco.25072.

20 Paul Moral (1961). Le paysan haïtien. Etude sur la vie rurale en  Haïti. Ed. Maisonneuve & Larose.  Reproduction Ed. Fardin, Port-au-Prince, 2001. p. 29. 

21 Jean-Alix René (2019). Haïti après l’esclavage : Formation de l’Etat et culture politique populaire (1804-1846). Imp. Le Natal, Port-au-Prince, Haïti.

22Leslie F. Manigat (1962). La politqiue agraire  du  gouvernement d’Alexandre Pétion 1807-1818. Imprimerie la Phalange. Port-au-Prince.

 

23Sur l’expérience du Gouvernement de Sylvain Salnave, l’ouvrage de M. André-Georges Adam (1982) Une crise haïtienne, 1867-1869 : Sylvain Salnave. Editions Henri Deschamps. Port-au-Prince, fait encore autorité tant pas la documentation que  par la méthode d’analyse. 

24 Jean Wilfrid Bertrand, Op. Cit,.

25Antoine Fritz Pierre. « Le Palais National de la République d’Haïti ». Publié le 2005-05-12 lenouvelliste.com

26 Jacques de Cauna. « Bibliographie historique haïtienne 1980-1986 (période coloniale et révolutionnaire) ».  

 Revue d’histoire d’Outre-Mer. Année 1987  276  pp. 333-350

27 Vergniaud Leconte (1931). Henri Christophe dans  l’histoire d’Haïti. Berger-Levrault. Paris.

28 Paul Moral, Op. Cit. p. 29.

29 Ibid.

30 L’expression est des Professeurs Jean Casimir et Michel Hector. Elle sert de titre à l’une de leurs études publiée dans le numéro spécial de décembre 2004 de la Revue Itinéraires du Centre de Recherches Historiques et Sociologiques (CRESHO) de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti.

31 Le Professeur Roger Petit-Frère nous a quittés le 8 août 2019. Nous honorerons toujours la mémoire de cet enseignant et de ce chercheur, bref de cet haïtien  modèle.

32 Le Professeur Michel Hector nous a laissés la même année, le 6 juillet 2019 après avoir enseigné la Méthodologie de l’Histoire à de nombreuses générations d’étudiants de l’Ecole Normale supérieure et de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti. Le Professeur Michel Hector, en plus de ses publications régulières, assurait la présidence de la Société haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie

33Ce fonds consiste en documents de grande valeur sur Toussaint Louverture et est ouvert aux chercheurs munis de recommandations. Nous avions eu l’occasion de l’inventorier  aux cours de nos études en Bibliothéconomie et en Sciences de l’Information à l’université de Porto-Rico. Le Professeur Watson Denis connait très bien ce fonds documentaire.

34 Il faut toujours rappeler que M. Max Bissainthe est l’auteur de l’un des ouvrages les plus importants de la production bibliographique haïtienne. Il s’agit du Dictionnaire de bibliographie d’Haïti  publié initialement en 1951 par Scarecrow Press. Avant cette publication, il y a avait le travail de M. Ulrick Duvivier, Bibliographie générale et méthodique d’Haïti, publié deux tomes  en 1941.

35 Rapporté par le journaliste Pierre-Raymond Dumas. Dieudonné Fardin, invité d’honneur de Livres en Folies. Le Nouvelliste, 28 mars 2028.  

36Op. Cit.

37 Yolande Day. « Annexe 3 », une nouvelle structure des Archives nationales d’Haïti, pour mieux servir la population. Publié  le 2018-02-01 lenouvelliste.com

38 Peter J. Frisch. « Quel Mallet / Malet fut le signataire de l’Acte de l’Indépendance ». Revue de la Société Haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie, Numéros 267-274. Janvier 2018- Décembre 2019. Pp. 113-123. Cet article  de M. Frisch a montré les nouveaux développements  et perspectives de  recherche dans les archives  tant en Haïti qu’à l’étranger.  Je recommande vivement la lecture de ces numéros de la revue aux étudiants et chercheurs. 

39 Ibid.

40Archives Nationales d’Haïti (1992).  Code Rural de Boyer (1826).  Collection « Les Grands Documents ». Edition  Henri Deschamps. Port-au-Prince. Haïti. Le Professeur Roger Petit-Frère, nous  le rappelons, nous a laissés le 8 août 2019.

41 Weibert Wien Arthus. Op. Cit.

42L’historien Arthus Wien Weibert a bien expliqué (Op. Cit.), comment ces archives, depuis la loi de 1958 ne furent plus versées aux Archives nationales d’Haïti (ANH), mais bien au Ministère des Affaires Etrangères. En effet, selon l’auteur,  « La « Loi sur la carrière diplomatique et consulaire », du 12 septembre 1958, a fait obligation aux chefs de mission de veiller aux archives et bibliothèques de leurs missions qui étaient sous la responsabilité du MAE et non plus des archives nationales ». Il a souligné aussi que ces archives, généralement bien tenues, ont été placées dans des containers après le séisme du 12 janvier 2020 et depuis, ne sont plus accessibles aux chercheurs.

43 Entretien accordé à l’auteur par le Professeur Lewis Ampidu Clorméus  le 2 juillet 2021.

44 Roger Gaillard (1981). Les blancs débarquent: (1915) premier écrasement du cacoïsme. Imp. Le Natal. Port-au-Prince, p. 66-68 et p. 97.


[1] Jean Favier (1965). Les archives. Presses universitaires de France. PUF. Collection que Sais-je. Paris.

[2] Jean-Price Mars (2013).  Ceux d’autrefois. La lutte pour le pouvoir entre Florvil Hyppolite et François Légitime en 1888-1889.  Présentation par  Michel Soukar. Editions C3, Port-au-Prince, pp. 175-176.

[8] https://www.universalis.fr/encyclopedie/archives/2-une-histoire-des-archives/ Accédé le  23 juin 2024.

[9] Gabriel Naudé (1644). Advis pour dresser une bibliothèque. Présenté à Monseigneur le Président de Mesme. Ed. Rolet le Duc. Paris.

[10] Anne Marie Thiesse (2002). « La fabrication culturelle des nations européennes ». Pp. 221-28.  In Nicolas Journet (Coord). La culture de l’universel au particulier.  Editions Sciences Humaines. Auxerre.

[11] Il s’agit ici de l’axe central de la sociologie wébérienne que l’on retrouve dans des ouvrages de Max Weber  comme Economie et société (1921) et Le savant et le politique (1919). 

[12] Kesner Millien. « À propos de l’authenticité de certaines sources de l’Histoire d’Haïti ».  Publié le 2018-02 02  lenouvelliste.com

[13] Jean Wilfrid Bertrand. « Les Archives nationales d’Haïti : près de deux siècles d’histoire, un nouveau départ ». [Article] Gazette des archives  Année 1988  142-143  pp. 25-35

[14] Au moment de réviser le texte de cet article, nous avons appris avec  douleur l’occupation du Palais de Justice avec toutes ses  archives par des gangs armés  qui y  ont chassé le personnel et les professionnels de la basoche. Nous vivons des temps difficiles. Nous avons contacté le Greffier de cette institution qui avait été  notre étudiant et qui nous avait  exprimé son affliction et ses inquiétudes  pour les documents et archives de grande importance de cette institution. En septembre et en octobre  2022, au cours des manifestations contre la hausse vertigineuse du carburant et les menaces d’intervention militaire contre Haïti, les Tribunaux de Petit-Goave et de Gonaïves ont été pillés et incendiés  avec leurs greffes et archives.  C’est avec tristesse et douleur que les archivistes, bibliothécaires et documentalistes  apprennent de telles nouvelles. Deux années plus tard, la situation de la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH) et d’autres centres documentaires du pays reste très préoccupante.    

[15] L’historien Thomas Madiou (1987), en effet nous, communique cette information capitale: « le capitaine-général [Rochambeau], prévoyant que la guerre ne tarderait pas à éclater entre la France et l’Angleterre, et que les communications avec la Métropole seraient bientôt interceptées, ordonna le 8 juin [1903], de former au Port-Républicain [Port-au-Prince]  un dépôt général des titres et documents relatifs à St-Domingue, qui devraient être envoyés en France, à la première demande du gouvernement consulaire. Le grand juge nomma le citoyen Bascher archiviste du dépôt, avec un traitement annuel de 8.000 francs. On devrait réunir dans l’établissement les titres relatifs  aux immeubles situés dans l’île, les actes de concessions faites aux particuliers par le gouvernement, les plans, les cartes du pays et les fortifications, les comptes de recettes et de dépenses, les anciennes ordonnances, les arrêtés et règlements sur la police, les finances, le commerce, la culture et l’administration civile, judiciaire et militaire, les louis envoyées de France, les règlements publiés à St-Domingue, les documents sur l’histoire, les sciences, les arts. Ces archives seront expédiées pour France avant l’évacuation de l’île par Rochambeau ». Histoire d’Haïti, Tome III 1803-1807. Editions Henri Deschamps, Port-au-Prince, p. 53.  

[16] Cary Hector et Oliver Gliech. (Coéditeurs). L’historiographie  allemande et la Révolution haïtienne : approches récentes. Revue de la Société Haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie. Numéros 245-248. Janvier-Décembre 2012.

[17] Jean Wilfrid Bertrand, Op. Cit.

[18] Weibert Wien Arthus. Haïti: Sources de l’histoire des relations internationales.in: Encyclopédie des historiographies: Afriques, Amériques, Asies: Volume 1: Sources et Genres historiques (Tome 1 et tome 2) [en ligne]. Paris: Presses de l’Inalco, 2020. (Généré le 26 juillet 2021. DOI.ORG/10. 4000 / books.pressinalco.25072.

[19] Paul Moral (1961). Le paysan haïtien. Etude sur la vie rurale en  Haïti. Ed. Maisonneuve & Larose.  Reproduction Ed. Fardin, Port-au-Prince, 2001. p. 29. 

[20] Jean-Alix René (2019). Haïti après l’esclavage : Formation de l’Etat et culture politique populaire (1804-1846). Imp. Le Natal, Port-au-Prince, Haïti.

[21] Leslie F. Manigat (1962). La politqiue agraire  du  gouvernement d’Alexandre Pétion 1807-1818. Imprimerie la Phalange. Port-au-Prince.

 

[22] Sur l’expérience du Gouvernement de Sylvain Salnave, l’ouvrage de M. André-Georges Adam (1982) Une crise haïtienne, 1867-1869 : Sylvain Salnave. Editions Henri Deschamps. Port-au-Prince, fait encore autorité tant pas la documentation que  par la méthode d’analyse. 

[23] Jean Wilfrid Bertrand, Op. Cit,.

[24] Antoine Fritz Pierre. « Le Palais National de la République d’Haïti ». Publié le 2005-05-12 lenouvelliste.com

[25] Jacques de Cauna. « Bibliographie historique haïtienne 1980-1986 (période coloniale et révolutionnaire) ».  

 Revue d’histoire d’Outre-Mer. Année 1987  276  pp. 333-350

 

[26] Vergniaud Leconte (1931). Henri Christophe dans  l’histoire d’Haïti. Berger-Levrault. Paris.

[27] Paul Moral, Op. Cit. p. 29.

[29] L’expression est des Professeurs Jean Casimir et Michel Hector. Elle sert de titre à l’une de leurs études publiée dans le numéro spécial de décembre 2004 de la Revue Itinéraires du Centre de Recherches Historiques et Sociologiques (CRESHO) de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti.

[30] Le Professeur Roger Petit-Frère nous a quittés le 8 août 2019. Nous honorerons toujours la mémoire de cet enseignant et de ce chercheur, bref de cet haïtien  modèle.

[31] Le Professeur Michel Hector nous a laissés la même année, le 6 juillet 2019 après avoir enseigné la Méthodologie de l’Histoire à de nombreuses générations d’étudiants de l’Ecole Normale supérieure et de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti. Le Professeur Michel Hector, en plus de ses publications régulières, assurait la présidence de la Société haïtienne d’Histoire de Géographie et de Géologie.  

[32] Ce fonds consiste en documents de grande valeur sur Toussaint Louverture et est ouvert aux chercheurs munis de recommandations. Nous avions eu l’occasion de l’inventorier  aux cours de nos études en Bibliothéconomie et en Sciences de l’Information à l’université de Porto-Rico. Le Professeur Watson Denis connait très bien ce fonds documentaire.

[33] Il faut toujours rappeler que M. Max Bissainthe est l’auteur de l’un des ouvrages les plus importants de la production bibliographique haïtienne. Il s’agit du Dictionnaire de bibliographie d’Haïti  publié initialement en 1951 par Scarecrow Press. Avant cette publication, il y a avait le travail de M. Ulrick Duvivier, Bibliographie générale et méthodique d’Haïti, publié deux tomes  en 1941.

[34] Rapporté par le journaliste Pierre-Raymond Dumas. Dieudonné Fardin, invité d’honneur de Livres en Folies. Le Nouvelliste, 28 mars 2028.  

[36] Yolande Day. « Annexe 3 », une nouvelle structure des Archives nationales d’Haïti, pour mieux servir la population. Publié  le 2018-02-01 lenouvelliste.com

[37] Peter J. Frisch. « Quel Mallet / Malet fut le signataire de l’Acte de l’Indépendance ». Revue de la Société Haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie, Numéros 267-274. Janvier 2018- Décembre 2019. Pp. 113-123. Cet article  de M. Frisch a montré les nouveaux développements  et perspectives de  recherche dans les archives  tant en Haïti qu’à l’étranger.  Je recommande vivement la lecture de ces numéros de la revue aux étudiants et chercheurs. 

[39]Archives Nationales d’Haïti (1992).  Code Rural de Boyer (1826).  Collection « Les Grands Documents ». Edition  Henri Deschamps. Port-au-Prince. Haïti. Le Professeur Roger Petit-Frère, nous  le rappelons, nous a laissés le 8 août 2019.

[40] Weibert Wien Arthus. Op. Cit.

[41] L’historien Arthus Wien Weibert a bien expliqué (Op. Cit.), comment ces archives, depuis la loi de 1958 ne furent plus versées aux Archives nationales d’Haïti (ANH), mais bien au Ministère des Affaires Etrangères. En effet, selon l’auteur,  « La « Loi sur la carrière diplomatique et consulaire », du 12 septembre 1958, a fait obligation aux chefs de mission de veiller aux archives et bibliothèques de leurs missions qui étaient sous la responsabilité du MAE et non plus des archives nationales ». Il a souligné aussi que ces archives, généralement bien tenues, ont été placées dans des containers après le séisme du 12 janvier 2020 et depuis, ne sont plus accessibles aux chercheurs.

[42] Entretien accordé à l’auteur par le Professeur Lewis Ampidu Clorméus  le 2 juillet 2021.

[43] Roger Gaillard (1981). Les blancs débarquent: (1915) premier écrasement du cacoïsme. Imp. Le Natal. Port-au-Prince, p. 66-68 et p. 97.

[44] Sur Jean–François Champollion, voir l’excellente étude de l’historien Alain Decaux (2019) « Champollion, l’homme qui fit parler l’Egypte » parue dans  son ouvrage Histoires extraordinaires, Librairie France-Loisirs, Paris.

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