À l’attaque et tant pis pour les victimes collatérales

Le premier ministre Blaine Higgs et le Parti progressiste-conservateur ont attaqué l’indépendance et la crédibilité de la chroniqueuse et féministe Rosella Melanson, en prétendant qu’elle est une ancienne présidente du Parti libéral. Une méprise rigolote? Une tempête dans un verre d’eau? Plutôt une autre preuve démontrant que les conservateurs de M. Higgs sont prêts à tout dans l’espoir de démolir leurs adversaires, qu’ils soient réels ou présumés.

Rosella Melanson signe une chronique hebdomadaire dans un quotidien anglophone. Elle est aussi une habituée de la section Mon opinion de l’Acadie Nouvelle, est l’autrice d’un blogue et est très active sur le réseau social X. Elle n’a jamais eu peur d’exprimer des opinions.

La semaine dernière, elle a rédigé une chronique pour dénoncer le bilan du gouvernement Higgs dans une multitude de dossiers et d’enjeux. «Avec si peu à célébrer, ne faudrait-il pas suspendre la fête du Nouveau-Brunswick?», s’est-elle interrogée.

Mme Melanson ne souhaite pas littéralement annuler la fête du Nouveau-Brunswick. Il faudrait être de mauvaise foi pour prétendre le contraire.

Prenons un moment pour préciser que les chroniqueurs (et les éditorialistes, d’ailleurs) ne sont pas à l’abri des critiques. Ils expriment des positions, souvent fortes, parfois controversées, qui ne sont pas partagées par tous. N’importe quel lecteur, fut-il premier ministre, a le droit d’exprimer son opinion. C’est la beauté de vivre dans un pays où la liberté d’expression est garantie.

Il y a toutefois la manière.  Blaine Higgs a fait preuve de condescendance sur X en interpellant avec familiarité Mme Melanson par son prénom. «Le Nouveau-Brunswick mérite toujours d’être célébré, Rosella».

Son parti et lui ont dépassé les bornes dans une infolettre envoyée aux membres du Parti progressiste-conservateur. Dans celle-ci, Rosella Melanson est présentée comme une ancienne présidente du Parti libéral. L’infolettre accuse ensuite de façon plus générale les libéraux de vouloir démolir notre province avec leur attitude négative.

Blaine Higgs a ainsi pu se présenter comme grand protecteur suprême de la fête du Nouveau-Brunswick. «Nous n’annulons rien», a-t-il écrit comme s’il s’agissait d’une décision courageuse et non partagée par les libéraux.

Mme Melanson a longtemps été directrice générale du défunt Conseil consultatif sur la condition de la femme. Elle confirme n’avoir jamais été membre d’un parti politique ni présidente de quoi que ce soit.

La liste des présidents du Parti libéral du Nouveau-Brunswick n’est pourtant pas un secret d’État. Comment diable les progressistes-conservateurs en sont-ils venus à croire que Rosella Melanson a déjà été à la tête de cette formation? L’ont-ils mélangé avec l’ancienne présidente Roberta Dugas? Leurs prénoms se ressemblent un tantinet…

Le Parti progressiste-conservateur mise sur le rage farming, c’est-à-dire qu’il crée artificielle­ment de la colère pour convaincre ses militants de verser des dons sur le coup de l’émotion. Il préfère aussi se tromper et s’excuser, plutôt que de vérifier avant de publier n’importe quoi.

L’incident confirme par ailleurs que le parti n’hésitera pas à salir la réputation de ceux et celles qu’il perçoit comme des adversaires. Critiquer le contenu de la chronique ne suffisait pas. Il fallait aussi tenter de faire perdre à Mme Melanson sa crédibilité, en laissant entendre que ses écrits sont téléguidés par le Parti libéral.

Des attaques de ce type sont devenues plus courantes depuis que Blaine Higgs a embauché l’Ontarien Steve Outhouse en tant que secrétaire principal et chef de campagne.

Un ancien député de longue date du PC, Bruce Northrup, a récemment annoncé qu’il sera candidat libéral aux prochaines élections provinciales. L’équipe Higgs l’accuse depuis dans les médias sociaux de participer à «une quête pour un autre chèque gouvernemental».

Il y a un peu plus d’un mois, le parti a déformé les propos de la chef libérale, Susan Holt, en essayant de démontrer qu’elle croit que les électeurs du Nord ne sont pas aussi éduqués et progressistes que ceux de Fredericton.

L’ex-ministre PC Gary Crossman appuie de son côté un candidat libéral. Son ancien parti a répliqué en annonçant qu’il participera «à une  croisière de luxe avec sa pension de député».

Nous ne sommes pas habitués à de telles campagnes de salissage ni à la mauvaise foi érigée en stratégie de communication. C’est malheureusement la voie privilégiée par le premier ministre Higgs et son équipe. Nous dénonçons cette déplorable façon de faire de la politique.

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