En 1830, cette dissolution qui provoqua une guerre civile en France


Le 9 juin, Emmanuel Macron, prenant de court tous les observateurs de la vie politique, dissout l’Assemblée nationale. Quelques jours plus tard, il alerte, dans un podcast, sur le « risque de guerre civile » en France. Excessif ? En tout cas, dans l’histoire de France, une dissolution a déjà mis le feu aux poudres et semé le chaos. C’était il y a un peu moins de deux siècles, en 1830.

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En août 1829, Charles X, le dernier des Bourbons, nomme, à la tête de son gouvernement, Jules de Polignac, une figure plus qu’impopulaire à l’époque. Cet ultraroyaliste arrive comme un cheveu sur la soupe. La plupart des élus demandent de la modération, et le roi Charles X, têtu, envoie l’un de ses ministres les plus rigides en première ligne. La majorité des députés, refusant d’accorder leur confiance à Polignac, écrivent donc une adresse au roi, tout en délicatesse : « La Charte […] fait du concours permanent des vues politiques de votre gouvernement avec les vœux de votre peuple la condition indispensable de la marche régulière des affaires publiques. Sire, notre loyauté, notre dévouement, nous obligent à vous dire que ce concours n’existe pas. »

Une dissolution, puis un camouflet

Charles X est piqué au vif. « Comment osent-ils ? » Vexé, le monarque prononce le 16 mai la dissolution et convoque les électeurs les 23 juin et 3 juillet 1830. Mais le roi a sans doute été mal conseillé. Le 13 juin, il publie dans Le Moniteur, un journal de propagande, un appel aux Français dans lequel il accuse les députés de la Chambre dissoute « d’avoir méconnu ses intentions » et demande aux électeurs « de ne pas se laisser égarer par le langage insidieux des ennemis de leur repos ».

Il conclut : « C’est votre roi qui vous le demande. C’est un père qui vous appelle. Remplissez vos devoirs, je saurai remplir les miens. » Presque émouvant, mais complètement vain.

Les résultats tombent : encore plus de députés libéraux rentrent à la Chambre. La dissolution n’a fait qu’aggraver la situation pour les royalistes. Au suffrage censitaire, les Français envoient à la Chambre une majorité davantage libérale, avec encore plus d’opposants. Toute ressemblance avec l’actualité est évidemment fortuite… Les élections de juillet sont un triomphe pour l’opposition qui, au lieu des 221, compte désormais 274 députés hostiles à Polignac.

Les barricades surgissent à Paris

Incapables d’accepter sa défaite, Charles X et son protégé Polignac ont recours aux tristement célèbres Ordonnances de Saint-Cloud, publiées le 26 juillet dans Le Moniteur. Par cette décision, le petit frère de Louis XVI veut montrer qu’il ne cède pas. Il déclare à son ministère : « La première reculade que fit mon malheureux frère Louis XVI fut le signal de sa perte […] Si je cédais cette fois à leurs exigences, ils finiraient par nous traiter comme ils ont traité mon frère. »

Pour le peuple de Paris, c’en est trop. Le 27 juillet, des barricades surgissent aux faubourgs du Temple et Saint-Antoine. En trois jours, durant les fameuses Trois Glorieuses, Paris tombe aux mains des insurgés. La Marseillaise résonne dans les rues, et le drapeau tricolore flotte fièrement. De cette insurrection naît l’œuvre immortelle de Delacroix, La Liberté guidant le peuple.

Charles X et sa famille prennent la fuite. Les députés, optant pour une monarchie constitutionnelle plus libérale, choisissent de changer de dynastie. La branche cadette des Bourbons, la maison d’Orléans, succède à la branche aînée : le duc d’Orléans est proclamé « roi des Français » sous le nom de Louis-Philippe Ier. Le drapeau bleu blanc rouge remplace définitivement le drapeau blanc, marquant une nouvelle ère pour la France.


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