Les Rwandais s’apprêtent à se rendre aux urnes le 15 juillet prochain pour les élections présidentielle et législatives, où le chef d’État depuis 24 ans, Paul Kagame, est candidat à sa réélection pour un quatrième mandat… À Rubavu, ville rwandaise frontalière de Goma, en République démocratique du Congo, les tensions diplomatiques entre les deux pays liées à la rébellion du M23 ont largement impacté l’économie. Depuis deux ans, la frontière entre les deux villes, l’une des plus empruntées du continent, ferme dès le milieu d’après-midi. Les habitants appellent à un retour à la normale.
De notre envoyée spéciale de retour de Rubavu,
En cette fin de matinée, les clients congolais se dépêchent de retourner à la Petite Barrière, poste frontalier entre Rubavu et Goma. Avant 2020, 50 000 passages journaliers y étaient enregistrés. Mais depuis deux ans et la fermeture à 15 heures de la frontière en raison des tensions entre le Rwanda et la RDC, la rue marchande, à quelques centaines de mètres de là, tourne au ralenti.
Au cœur de la rue marchande de Rubavu, Gorette Uwineza organise les grands sacs de marchandises installés à l’entrée de sa boutique, elle vend des graines de maïs, du sorgho, du soja et des haricots : « On avait des clients même au dépôt, il y avait beaucoup de mouvement. Au marché, en combinant les vendeurs, on pouvait vendre à nous tous une demi-tonne de sacs par jour. Maintenant, même vendre 100 kilos, c’est difficile. »
Un commerce transfrontalier indispensable pour l’économie de la ville. Trois étals plus loin, Moussa Babonampoze ouvre les portes de son entrepôt. Président d’une coopérative, l’homme d’affaires doit souvent aider les commerçants bloqués la nuit de l’autre côté de la frontière. Les limites d’horaires compliquent les échanges et ont réduit ses revenus de près de 30% : « Nous voulons la paix entre les deux pays, le Rwanda et le Congo. Que Dieu fasse que nos dirigeants s’entendent et que les commerçants profitent du retour au calme et que cela redevienne comme avant. »
La fermeture de la frontière a aussi des conséquences sur le secteur éducatif
Une volonté pour les habitants : le retour de la fermeture à 18 heures de la frontière. Dans les écoles de la ville, l’impact économique se fait aussi ressentir. Jocelyne Murekatete, directrice d’un établissement primaire de Rubavu, explique les conséquences de cette fermeture : « La grande majorité des parents travaille au Congo, donc, ça a été un peu difficile financièrement. Avant, il y avait des parents qui arrivaient à payer tout un trimestre ou bien toute une année, mais aujourd’hui, on doit les forcer, les appeler… » La directrice demande : « On souhaite vraiment que la situation redevienne comme avant, cela nous aiderait beaucoup. »
La fermeture quotidienne anticipée de la frontière a chamboulé depuis deux ans la fréquentation de l’école : élèves et professeurs congolais ont, pour beaucoup, quitté l’établissement, d’autres ont dû déménager au Rwanda pour continuer à suivre leurs classes.
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