Au Burkina Faso, « enlèvement » de l’oncle et ancien compagnon de lutte de Thomas Sankara

Mousbila Sankara, ancien diplomate, oncle et compagnon de lutte du père de la révolution burkinabée Thomas Sankara tué en 1987, a été « enlevé » mardi 11 juin par « des individus » disant appartenir aux services de renseignement, ont annoncé mercredi ses proches à l’Agence France-Presse (AFP).

Mousbila Sankara, âgé de 74 ans, a été « enlevé hier vers 5 heures du matin à son domicile » à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, par « des individus affirmant être des agents de l’ANR [Agence nationale de renseignement] », a affirmé l’un de ses proches, ayant requis l’anonymat.

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« Il revenait de la prière du matin lorsqu’il a été interpellé par ces individus, qui l’ont autorisé à prendre ses produits [médicaments] vu qu’il est sous traitement », a-t-il précisé. « Au départ, il s’agissait d’aller l’entendre et de le ramener en fin de matinée [mardi], mais », depuis lors, « on n’a plus de ses nouvelles », a-t-il poursuivi, dénonçant un « enlèvement » et appelant « à sa libération immédiate ». D’autres proches de Mousbila Sankara ont confirmé à l’AFP qu’il avait été emmené par des individus mardi et disent également ne plus avoir de nouvelles.

« Ouvrir l’espace public aux citoyens »

Mi-mai, Mousbila Sankara avait exprimé dans une lettre ouverte de « sérieuses inquiétudes » quant à la conduite du régime militaire au pouvoir, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré. M. Sankara demandait au chef du régime de protéger les « droits fondamentaux des travailleurs acquis depuis longtemps » et d’« ouvrir l’espace public aux citoyens pour l’expression de leur liberté ».

Mousbila Sankara, oncle paternel de Thomas Sankara, était aussi l’un de ses compagnons de lutte. Il a également été ambassadeur du Burkina Faso en Libye (1986-1987).

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Plusieurs cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire, au pouvoir depuis un coup d’Etat en septembre 2022, ont été rapportés ces derniers mois à Ouagadougou.

Le célèbre avocat et leader de la société civile du Burkina Faso, Guy Hervé Kam, arrêté fin janvier, a été libéré puis enlevé dans la foulée fin mai, avant d’être incarcéré à la prison militaire. Il est poursuivi pour « complot contre la sûreté de l’Etat » et « association de malfaiteurs ».

Un ancien chef de corps militaire, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, poursuivi pour « tentative présumée de déstabilisation des institutions de l’Etat », a également été enlevé, alors qu’il avait été remis en liberté provisoire la veille, selon son entourage.

Le Monde avec AFP

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