Des experts de l’ONU décrivent dans un nouveau rapport, la « conquête territoriale » de l’armée rwandaise dans l’est de la RDC, aux côtés des rebelles du M23.
Ces chercheurs, mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU, estiment dans ce rapport semestriel, consulté lundi par l’AFP, que les officiers rwandais ont « de facto » pris « le contrôle et la direction des opérations du M23 ».
Les experts accusent les autorités rwandaises d’avoir « violé l’intégrité et la souveraineté de la RDC » et les jugent « responsables des actions du M23 » de par le soutien qu’elles apportent à leur « conquête territoriale ».
Depuis fin 2021, le M23 et des troupes de l’armée rwandaise progressent dans la province du Nord-Kivu, où ils ont mis en déroute l’armée congolaise et ses alliés et installé une administration parallèle dans les zones sous leur contrôle.
Jusqu’à fin 2023, les autorités rwandaises démentaient publiquement avoir déployé leur armée aux côtés des rebelles du M23, ce que Kigali n’a plus contesté depuis le début de l’année.
Depuis plusieurs mois, les Etats-Unis, la France, la Belgique et l’Union européenne demandent au Rwanda de retirer ses militaires et ses missiles sol-air du sol congolais et de cesser son soutien au M23 – demandes restées jusque-là sans effet.
Plus de 3.000 soldats rwandais mobilisés
Les experts détaillent les « incursions systématiques » des militaires rwandais sur le sol congolais, dont un millier seraient arrivés en RDC durant le seul mois de janvier 2024.
Ils estiment qu’au moment de la rédaction de leur rapport (avril 2024), les troupes rwandaises « égalaient voire surpassaient en nombre, les combattants du M23 », estimés à quelque 3.000 hommes.
Ce rapport présente de nombreuses photographies aériennes prises dans les zones sous contrôle du M23 et de l’armée rwandaise.
Elles montrent des colonnes d’hommes armés en uniforme – certains transportant ou opérant des pièces d’artillerie et des armes de gros calibre -, des véhicules blindés avec radar et système de missiles antiaériens, des pick-up et des camions de transport de troupes.
Des enfants recrutés pour combattre
Des enfants, « dès l’âge de 12 ans », ont été recrutés « dans presque tous les camps de réfugiés au Rwanda » (80.000 Congolais sont réfugiés au Rwanda, selon le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU) pour être envoyés dans des camps d’entraînement en zone rebelle, sous la supervision de militaires rwandais et d’hommes du M23, indique également le rapport.
Mais dans leur rapport, les experts de l’ONU disent constater « l’utilisation continue par la RDC de groupes armés, y compris les FDLR », dans sa lutte contre le M23. Ces groupes armés appuyant l’armée congolaise sont regroupés sous l’appellation « wazalendo » (« patriotes » en swahili).
Soutien de l’Ouganda au M23
Les experts disent par ailleurs avoir eu confirmation d’un « soutien actif » au M23 de membres des services de renseignements d’Ouganda.
Le groupe démontre comment les officiels ougandais ont laissé les troupes du M23 et de l’armée rwandaise transiter par l’Ouganda sans aucune limite.
Une présence importante et visible qui, selon les experts, n’a pas pu passer sous les radars du renseignement ougandais. Le rapport conclut donc à « un support actif » de certains officiers de l’armée et du CMI, les renseignements militaires.
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