Le Mali, le Burkina et le Niger s’unissent dans une confédération à l’accent anti-occidental

Ils en sont certains, ils sont en train d’écrire
une nouvelle page de l’histoire de l’Afrique. À Niamey (Niger), les
trois chefs putschistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger de
l’Alliance des États du Sahel (AES) ont proclamé, samedi 6 juillet, la
naissance de la Confédération des États du Sahel : leurs pays sont unis,
désormais, dans une même structure administrative et politique en vue
d’un avenir commun en rupture avec l’ordre « impérialiste » : autrement
dit, celui hérité de la France, des États-Unis et de l’Union européenne.

Anti-Cedeao et anti-occidentale

Cette confédération, a expliqué le général Tiani, du Niger, est une «
alternative à tout regroupement régional factice en construisant une
communauté souveraine des peuples, une communauté éloignée de la
mainmise des puissances étrangères
». Dans son viseur, la
Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), jugée
inféodée aux « impérialistes ». Son compère du Burkina Faso, le
capitaine Traoré, s’en est aussi très clairement pris aux chefs d’État
de la Cedeao : des « esclaves de salon » qui, enchaînés à leurs maîtres occidentaux, se succèdent à la tête des États africains. « Nous sommes venus briser la chaîne
» qui les rattache à leurs maîtres, a-t-il affirmé, suscitant la vive
approbation de ceux venus l’écouter à Niamey. Cette confédération est
d’autant plus justifiée qu’à ses yeux l’Afrique continue de « souffrir du fait des impérialistes ». « Ensemble, nous allons consolider les fondements de notre vraie indépendance », a-t-il ajouté sur le réseau social X.

Le volet économique et politique

Les contours généraux de cette Confédération ont été présentés par l’AES. Sur le volet économique, elle va se doter « d’instruments financiers » afin de « soutenir son développement économique et social ». Parmi ces instruments, une « banque d’investissement » et « un fonds de stabilisation pour le Sahel », expose-t-elle sans en dire plus. La Confédération prévoit aussi la « libre circulation des personnes et des biens ». Elle prône une «
politique économique et sociale endogène, fondée sur les ressources
propres et un partenariat respectueux de la souveraineté
».

La
présidence de la Confédération est tournante : chaque chef d’État va
l’exercer à tour de rôle pendant un an. C’est le colonel Assimi Goïta,
du Mali, qui la préside cette année. « Nous honorons aujourd’hui à
Niamey notre rendez-vous avec l’histoire pour faire revivre avec notre
Confédération l’esprit d’unité voulu par les pères fondateurs du
panafricanisme
», a-t-il précisé en prenant la tête de la
Confédération, s’inscrivant, lui aussi, dans ce courant qui prône
l’unification et la réappropriation de l’« Afrique par les Africains ».

Le volet sécuritaire et diplomatique

Sur le plan sécuritaire, cette Confédération a deux objectifs. D’abord, « lutter contre le terrorisme ». Attaquée depuis des années par des groupes liés à Al-Qaida et l’État islamique, en particulier dans la zone dite des « trois frontières », la
Confédération va créer une force de défense commune. Elle lui permettra
d’assurer aussi sa défense contre les États ou les organisations
extérieures qui la menaceraient : « Nous mènerons une guerre sans merci à quiconque osera s’attaquer à nos États », a mis en garde le capitaine Traoré. Cette nouvelle structure va également se coordonner diplomatiquement, en parlant « d’une seule voix sur la scène internationale ».

Il
n’est pas difficile de prévoir, enfin, la place que va occuper cette
Confédération sur la scène internationale à l’heure où Vladimir Poutine
tente de redessiner les rapports de force avec le bloc de l’Ouest. Il y a
près d’un an, le maître du Kremlin recevait une partie de l’Afrique à
Moscou pour célébrer ses nouvelles noces avec le continent. Son invité
d’honneur était le capitaine Traoré, dont la longue et puissante poignée
de main avec le maître de Moscou avait fait le tour du monde.

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