« Le Burkina Faso est plongé dans la confusion depuis mercredi dernier, constate le site Afrik.com, suite à des explosions entendues à proximité de la présidence à Ouagadougou. Ces détonations, d’abord perçues comme une possible tentative de déstabilisation, ont laissé la population burkinabè dans l’angoisse et l’incertitude quant à la sécurité du capitaine Ibrahim Traoré. Après deux jours de silence et de spéculations, celui-ci a fait une première apparition publique vendredi dernier. La télévision nationale a diffusé des images du président participant à une collecte de sang, une manière de montrer qu’il était en bonne santé et toujours aux commandes. (…) Ce dimanche, à l’occasion de la fête de la Tabaski, le capitaine Traoré est réapparu de manière plus visible. Cependant, cette apparition n’a pas complètement dissipé les doutes et les rumeurs, relève encore Afrik.com. (…) Les Burkinabè attendent encore des explications plus détaillées pour comprendre ce qui s’est réellement passé et pour retrouver une pleine confiance en la stabilité de leur pays. »
Une fronde au sein de l’armée ?
Le Monde Afrique s’interroge également : « Le régime du capitaine Ibrahim Traoré est-il en train de vaciller ? Depuis l’explosion d’une roquette mercredi dernier aux abords de la présidence (…), les rumeurs faisant état d’une contestation croissante au sein de l’armée contre le président de la transition persistent. Ces derniers jours, les équipes de communication de la junte se sont attelées à minimiser cette explosion, immédiatement qualifiée de simple “incident de tir“ par la télévision nationale. »
Reste que « pendant 48 heures, souligne Le Monde Afrique, le capitaine Traoré n’est pas apparu en public, alimentant les rumeurs quant à sa possible exfiltration de la capitale suite à une tentative de putsch. L’une des hypothèses était qu’il se soit réfugié au camp Loumbila, à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, où se sont installés les paramilitaires russes de Wagner. Deux jours plus tard, vendredi dernier, celui-ci est apparu serein et souriant dans une vidéo diffusée à la télévision nationale. On y voit le chef de la junte donner son sang dans des locaux présentés comme étant ceux du palais présidentiel, à l’occasion de la journée mondiale du don du sang. Mais, sur les réseaux sociaux, des internautes doutent de l’authenticité de ces images. » Et « plusieurs sources sécuritaires ouest-africaines et européennes travaillant sur le Burkina Faso ont confirmé au Monde Afrique l’existence d’une fronde grandissante au sein de l’armée contre le capitaine Traoré. Un mécontentement qui s’est affirmé suite à l’attaque djihadiste perpétrée le 11 juin contre le camp militaire de Mansila, dans le nord-est du pays. »
La pire attaque jamais subie par l’armée burkinabè ?
Jeune Afrique apporte des précisions sur cette attaque : « selon des sources concordantes, l’attaque du détachement militaire de cette petite localité du nord-est du pays a coûté la vie à une centaine de soldats », affirme le site panafricain. « Si ces chiffres devaient être confirmés, cela en ferait la pire attaque jamais subie par l’armée burkinabè depuis le début de la guerre contre les groupes djihadistes, plus meurtrière encore que celle d’Inata, qui avait coûté la vie à 53 gendarmes le 14 novembre 2021. (…) Les autorités n’ont toujours pas communiqué ni fourni de bilan officiel. (…) À Ouagadougou, cette attaque meurtrière à Mansila a suscité inquiétudes et tensions au sein de l’état-major, pointe également Jeune Afrique. Certains y voient même un lien avec « l’incident » à la roquette, mercredi dernier, à la présidence, puis l’absence très commentée d’Ibrahim Traoré durant les deux jours qui ont suivi. »
Rumeurs, affabulations, désinformation ?
Dans la presse burkinabé règne un silence prudent… Exception faite du quotidien Aujourd’hui qui dénonce ce qu’il estime être des rumeurs… « Tirs-Tabaski-frénésie et désinformation : IB est bien là, n’en déplaise aux Cassandres ! », titre le journal. « Un incident de tir devenu banal dans ce contexte de guerre est sur-interprété avec les pires scénarios et des bilans cauchemardesques. L’autorité est donnée en fuite et réapparaît dans le modèle du bon samaritain, offrant son sang, symbole de vie. Ensuite, 4 jours après, la même autorité, en l’occurrence le chef de l’Etat, apparaît dans un lieu de prière dans un quartier qu’on peut identifier. »
Alors, « on peut toujours épiloguer, s’exclame encore Aujourd’hui, surtout dans ce Burkina de nos jours, mais il semble y avoir quelque part une frénésie de tenir les Burkinabè en haleine sur ce sujet de (dés)information (…) ! Rumeurs, affabulations et réalités se côtoient ! Il est peut-être temps de poser balle à terre, conclut le quotidien ouagalais, et de ramener l’église ou la mosquée au centre du village : se donner enfin la main pour lutter contre l’hydre terroriste qui, elle, est une réalité implacable. »
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