« C’est un jour historique pour l’ESA et pour l’Europe », se félicite Joseph Aschbacher, directeur général de l’agence spatiale européenne (ESA). Ariane 6 a mis en orbite mardi les micro-satellites qu’elle transportait, marquant ainsi le succès du vol inaugural de la fusée européenne et le retour d’un accès autonome à l’espace pour l’Europe qui en était privée depuis un an.
La mission n’a toutefois pas été parfaite, puisque la fusée a dévié de sa trajectoire en fin de vol. La rentrée dans l’atmosphère de l’étage supérieur qui devait retomber dans le Pacifique loin de toute terre habitée, ne s’est pas opérée. Cette « anomalie », selon l’ESA, n’efface pas le soulagement des responsables européens du spatial devant le succès de l’objectif premier : être capable de mettre en orbite des satellites.
Avec un retard d’une heure en raison d’un problème « mineur » résolu dans la matinée, la fusée de 56 mètres a allumé à 16 h (21 h, heure de Paris) ses deux propulseurs d’appoint et le moteur Vulcain de son étage principal avant de s’élever dans un ciel clair et de débuter son vol de 2 heures 51 minutes et 40 secondes.
Des spectateurs se sont massés à distance du décollage d’Ariane 6, près du centre spatial de Kourou, en Guyane. Pour éviter la perte éventuelle de précieux satellites commerciaux, la fusée emportait une dizaine de micro-satellites d’universités. Elle transporte également deux capsules de rentrée atmosphérique qui doivent préparer le cargo de fret spatial dont l’ESA veut se doter.
Des membres du Centre spatial guyanais ont filmé la trajectoire de la fusée depuis la terrasse de la salle Jupiter, tour de contrôle de la mission située à 17 km du pas de tir, et ont publié la vidéo sur le réseau social X.
Une projection du lancement en direct a également eu lieu à la Cité de l’Espace de Toulouse, rassemblant plus d’un millier de personnes selon l’AFP. Depuis Toulouse, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est félicité du décollage réussi d’Ariane 6 : « L’Europe peut dire qu’elle continue à jouer dans la cour des grandes puissances indépendantes. »
Ariane 6 pourra aussi bien placer des satellites en orbite géostationnaire, à 36 000 kilomètres d’altitude, comme Ariane 5, que mettre en orbite des constellations à quelques centaines de kilomètres de la Terre. Pour cela, l’étage supérieur de la fusée dispose du moteur rallumable Vinci, la principale innovation du lanceur. Au cours du vol, le moteur Vinci a été allumé avec succès à deux reprises pour amener l’étage supérieur à l’endroit où il a largué les « cubesats », 1 heure et 6 minutes après le décollage.
Après ce premier vol, il faudra plusieurs mois pour analyser les données transmises par les multiples capteurs du lanceur avant un premier lancement commercial en fin d’année, vraisemblablement avec le satellite d’observation militaire français CSO-3.
Six vols sont prévus 2025 et huit l’année suivante. Ariane 6 affiche ainsi 29 vols dans son carnet de commandes, un « succès absolument sans précédent pour un lanceur qui n’a pas volé », se félicitait récemment Stéphane Israël, patron d’Arianespace, société chargée de commercialiser et d’exploiter la fusée.
Crédit: Lien source
Les commentaires sont fermés.