Le gasoil déversé au large de Cotonou inquiète les citoyens – DW – 09/07/2024

Du rond-point dénommé  »Carrefour de la route des pêches », on aperçoit nettement l’épave du navire « SPSL Udeme », battant pavillon du Nigeria immobilisé sur la côte béninoise depuis la nuit de samedi à dimanche.

Les enquêtes ont révélé une activité illicite de vente d’hydrocarbures et les autorités béninoises ont très vite pris leurs dispositions. « A ce jour, un peu moins de cent tonnes de gasoil ont déjà été soutirées et les opérations continuent jusqu’à l’élimination de tout risque de pollution. Des prélèvements d’eau ont été effectués et analysés par le laboratoire d’étude et de surveillance environnementale du ministère de l’environnement« , selon le préfet maritime du Bénin, le Contre-Amiral Maxime Ahoyo.

Outres ces mesures, le gouvernement a quadrillé et sécurisé le périmètre, interdisant toute activité de baignade et de pêche. La situation inquiète cependant les riverains.

« Si on a déjà l’odeur du gasoil alors qu’on est à quelques mètres de l’eau, c’est normal qu’on puisse avoir ces mesures-là, parce que l’eau peut être polluée. Ça ,on comprend et c’est une mesure qu’on applaudit d’ailleurs. « Maintenant, nous les riverains dont les parents vivent de la pêche, à quel moment on va pouvoir dégager et ouvrir la plage pour que nous puissions continuer les activités ? », s’interroge Mathieu Tossou, habitant de la zone.

Une vue du port de Cotonou, capitale économique du Bénin.Image : AFP via Getty Images

Réactions des ONG de la protection de l’environnement

La situation préoccupe également les organisations de lutte pour la protection de l’environnement. L’ONG Nature Tropicale, que dirige Joséa Bodjrènou, travaille principalement sur les espèces menacées, telles que les tortues, les baleines et les lamantins. Elle s’inquiète des risques que représente la présence de ce navire dans les eaux du Bénin.
 
Joséa Bodjrènou explique ainsi que « la zone où le bateau a échoué, c’est une zone de ponte pour les tortues. Aussi, c’est la période des baleines et à partir du mois d’août les baleines vont commencer par arriver dans le cadre de leur périple pour la reproduction, et là, si le milieu est pollué par du gasoil, ça risquerait d’être un habitat impropre. »
 
Le Contre-Amiral Maxime Ahoyo se veut pour sa part rassurant. « En dehors du gasoil, nous devons aussi essayer de récupérer toutes les huiles polluées qui sont toujours dans le navire qui constituent des risques de pollution. Donc ce sera une autre étape et notre priorité aujourd’hui ce n’est pas le navire, mais c’est la protection de l’environnement et c’est ce sur quoi nous travaillons » assure le préfet maritime du Bénin.

A ce jour, les 16 membres de l’équipage sont déjà aux mains de la brigade criminelle, tandis que le contenu du navire a été saisi.

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