Les saisies de cocaïne ont explosé ces dernières années au Sénégal. Alors qu’elles étaient quasi nulles entre 2016 et 2019, elles ont augmenté à partir de 2020 avec 120 kg saisis, puis à nouveau en 2021 avec 2 706 kg, selon la base de données de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). En 2023, les quantités interceptées par les autorités ont continué d’augmenter : trois tonnes et 690 kg ont notamment été saisies dans des navires au large des côtes du pays.
Nouvelles routes pour le trafic
Face à l’intensification des contrôles sur les routes maritimes reliant l’Amérique latine à l’Europe, les trafiquants s’appuient de plus en plus sur des pays d’Afrique de l’Ouest pour faire transiter la drogue. Ils passent notamment par des groupes criminels brésiliens, qui acheminent la drogue vers l’Afrique de l’Ouest. Elle est ensuite récupérée par des organisations criminelles africaines, qui s’occupent de la livrer à la ’Ndrangheta, la mafia calabraise.
Selon l’ONUDC, l’expansion de la culture de la coca, et des progrès dans les méthodes de transformation ont entraîné une augmentation de la consommation mondiale au cours de la dernière décennie. L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives note dans un rapport de mars 2023 que le marché de la cocaïne est en plein essor en France et en Europe.
Selon l’ONUDC, au cours de l’année 2000, 0,5 % des Européens âgés de 15 à 64 ans avaient consommé de la cocaïne, 0,8 % en 2010, et 1 % en 2020. Sur la même période à l’échelle mondiale, le nombre des consommateurs de 15 à 64 ans est passé de 13,4 millions à 21,5 millions.
La diversification des routes d’acheminement de la marchandise, dont celle de l’Afrique de l’Ouest, devient un enjeu important pour les trafiquants. Selon le rapport mondial sur les drogues de l’ONUDC de 2023, « la cocaïne atteint les deux zones d’arrivée », celle de la côte ouest de l’Afrique et le golfe de Guinée. « Ensuite, une partie de la cocaïne poursuit sa route vers le nord, le long des côtes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique du Nord. Une autre partie est envoyée par voie terrestre sur la côte méditerranéenne, via le Sahel, et de là probablement vers l’Europe ou peut-être le Moyen-Orient ».
Hausse de la consommation locale
La consommation de cocaïne au Sénégal est elle aussi en hausse. Il y a quelques années, seulement 5 % à 8 % de cette drogue entrant au Sénégal restaient dans le pays. Ce taux se situait entre 10 % et 17 % en 2022, selon Amado Philip d’Andrés, responsable de l’ONUDC à Dakar.
Dans son rapport de 2023 sur la cocaïne, l’office onusien précise qu’« au Sénégal, des « mules » seraient utilisées pour importer de petites quantités de cocaïne par voie terrestre pour le marché local, afin de la conditionner, ou la transformer en crack, revendu à une clientèle majoritairement urbaine ». Désormais, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe sont touchées par ce fléau.
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