À la mi-juillet, force est de constater que l’été ne se déroule pas exactement comme prévu initialement à l’échelle de la France et de l’Europe du Nord-Ouest. Les flux atlantiques prédominants nous évitent les trop fortes chaleurs généralisées. À ce sujet, notre modèle avait tout de même anticipé une anomalie thermique moins forte que certains autres modèles météorologiques, ainsi que la récurrence des orages.
À ce jour, l’ensemble des modèles s’est aligné sur une anomalie thermique plus modérée pour l’été (voir notre tableau de synthèse en bas de l’article), lequel serait finalement assez proche des moyennes statistiques. Le spectre d’un été caniculaire s’éloigne donc pour la France, ainsi que la sécheresse de surface.
L’évolution climatique de cette année 2024 sera conditionnée partiellement par la mise en place de la fin rapide du phénomène El Nino dans l’océan Pacifique, tandis que son inverse, la Nina, est prévue prendre le relai dès le début de l’été.
En ce mois de juillet, la Nina tarde un peu à se mettre en place, avec une situation « neutre ». À l’échelle planétaire, les températures océaniques baissent légèrement après le pic record qui dure depuis 2023, tout en restant à un niveau très élevé. L’arrivée de La Nina est attendue dans le Pacifique ces prochaines semaines.
Si la Nina a tendance à rafraichir le climat planétaire, cela ne se produira pas de façon instantanée compte tenu de l’inertie de l’atmosphère et surtout des océans. Ainsi, il semble assez probable que cette année 2024 soit presque aussi chaude que 2023 selon l’Organisation météorologique Mondiale, avant une possible baisse plus perceptible des températures l’hiver prochain liée, justement, à La Nina.
D’autre part, le retour de la Nina pendant l’été pourrait être un facteur dynamisant de l’activité cyclonique dans l’Atlantique Nord, qui pourrait être 70% plus intense que la normale statistique, caractérisée par une explosivité inquiétante. L’effet serait inverse dans l’océan Pacifique avec moins de cyclones que de coutume.
La Nina désigne un refroidissement cyclique des eaux de surface de l’océan Pacifique. Cela influence le climat de toute la bande intertropicale planétaire. Mais, dans le même temps, les modèles climatiques envisagent à contrario des températures de l’océan Atlantique nord supérieures de 1 à 2°C aux normales. La Nina peut provoquer deux types d’été en Europe de l’Ouest : soit assez perturbé, soit au contraire très chaud et très sec comme en 2019.
Les impacts climatiques de la Nina en été © La Chaîne Météo
Notons qu’à ce jour, les mois de juin et de juillet présentent une configuration différente de ce qui était prévu, avec un flux dominant de secteur nord-ouest en bordure de l’anticyclone atlantique, tandis que les vagues de chaleur sont propulsées vers l’est du bassin de la méditerranée et l’Europe de l’Est, jusqu’en Russie. Cela ne signifie pas que l’intégralité de l’été restera dans cette typologie, bien que les modèles numériques commencent à s’accorder sur cette nouvelle configuration.
À l’échelle du trimestre août-septembre-octobre, les températures prévues en France devraient rester à peine supérieures aux moyennes de saison (basées sur les 30 dernières années) avec un écart proche de +0,5° à +1°C, ce qui serait nettement moins élevé que l’été dernier. Les précipitations seraient en diminution en août pour repasser un peu sous les moyennes statistiques, sauf sous l’axe orageux récurrent.
Août : peu de différence avec juillet
Finalement, notre modèle numérique envisage peu de différence globale avec juillet, bien qu’en plus stable : pour les vacanciers, le ressenti serait donc possiblement meilleur, pour le nord-ouest en tout cas. Les anomalies de températures prévues semblent assez limitées (entre +0,5 et +1°C en fonction des modèles), mais les précipitations deviendraient déficitaires, sauf sur l’axe orageux récurrent (sud-ouest / nord-est). Dans ce contexte, le risque de vague de chaleur de grande ampleur est assez faible, mais concerne ponctuellement le sud-est, au plus près des masses d’air chaud qui règnent en Méditerranée.
À retenir : possiblement le plus beau mois de l’été, sans grande différence avec juillet cependant. Risque de vague de chaleur limité, et concernant plutôt le sud-est.
Septembre : un mois de saison sans excès
À cette échéance, les modèles présentent une dispersion assez importante, la fiabilité est donc assez limitée. Mais, dans le contexte synoptique actuel (situation générale), notre modèle numérique ne voit pas d’anomalie particulière. On peut donc estimer que le mois de septembre serait proche des moyennes de saison, aussi bien concernant les températures que les précipitations. Statistiquement, un été qui tarde à s’installer est suivi d’un beau mois de septembre. Il n’y a pas de signal concernant une activité pluvieuse méditerranéenne, hormis un surplus de précipitation sur les Pyrénées (orages).
À retenir : aucune anomalie particulière n’est mise en évidence. Le temps serait de saison à l’échelle nationale.
Octobre : un mois sec et doux ?
À ce jour, le mois d’octobre s’annonce anticyclonique sur la France. Cela serait synonyme d’un temps ensoleillé, sec et doux, c’est-à-dire une « belle arrière-saison ». Il n’y a pas non plus de signal concernant une activité pluvieuse de type cévenol au sud de la France.
À retenir : un beau mois d’octobre est envisagé par notre modèle à ce jour.
Synthèse : l’été 2024 s’annonce donc modérément chaud mais surtout orageux sur la France avec, au total, des températures de l’ordre de +0,5 à +1°C au-dessus des moyennes de saison, avec une nette atténuation des chaleurs par rapport aux prévisions initiales. Cet été pourrait être cependant moins sec que les précédents en raison d’une évolution orageuse récurrente. La fiabilité est jugée « moyenne ». En effet, certains modèles numériques envisagent encore une suite d’été chaude et sèche, sur la période août septembre. De même, il est difficile d’estimer, à cette échéance, l’ampleur des dégradations orageuses.
Dans un contexte actuel de bonne recharge des nappes phréatiques, la situation hydrique de l’été n’est plus préoccupante. Les orages prévus devraient également apporter des arrosages ponctuels pour limiter une sécheresse de surface, toujours possible même si les nappes sont bien remplies. La typologie de l’été 2024 s’annonce donc différente des derniers, marqués par les sécheresses.
Différentes prévisions saisonnières pour août octobre © La chaine Météo
* Ces prévisions à long terme reposent sur une analyse des anomalies vues par le modèle développé par METEO CONSULT. Il existe de nombreux autres modèles de prévisions saisonnières qui peuvent présenter des scénarios parfois assez différents.
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