Le chef d’un des mouvements citoyens les plus actifs contre la junte au pouvoir en Guinée ainsi qu’un autre responsable ont été arrêtés mardi soir 9 juillet, a annoncé leur organisation sur les réseaux sociaux. L’arrestation d’Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et de Mamadou Billo Bah, a provoqué un concert de protestations et des inquiétudes pour leur intégrité physique.
Ils ont été arrêtés mardi soir au domicile de Foniké Menguè par des gendarmes et des soldats d’unités d’élite, a indiqué le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), mouvement pour la démocratie qui parle de « kidnapping » en contradiction avec toutes les procédures d’interpellation.
Ils ont été brutalisés et conduits à la direction des investigations judiciaires de la gendarmerie, puis sur l’île de Kassa, au large de Conakry, où ils sont détenus au secret, précise le FNDC. Ils sont « exposés à de graves dangers », souligne le FNDC. Le collectif des avocats qui les défend a dit dans un communiqué qu’il était sans nouvelles d’eux et qu’il « craint pour leur sécurité et leur vie ». Un responsable du ministère de la justice interrogé par l’AFP s’est refusé à tout commentaire.
Leur arrestation est la dernière en date d’une longue série en cours depuis que le colonel Mamadi Doumbouya, aujourd’hui investi président et promu général, a pris le pouvoir par la force en septembre 2021.
Nombre de dirigeants de l’opposition arrêtés
Le FNDC, collectif de la société civile créé en 2019 pour s’opposer, vainement, à un troisième mandat du président Alpha Condé (renversé en 2021), a continué à opérer sous la junte. Il est l’une des dernières voix de l’intérieur à contester le pouvoir et à tenter de mobiliser pour un retour des civils à la tête de ce pays pauvre à l’histoire récente troublée et violente.
Les autorités ont prononcé la dissolution du FNDC en 2022 après avoir interdit toute manifestation. Les grands partis sont réduits à l’inaction. Nombre de dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, mis en cause devant les juges ou poussés à l’exil.
Foniké Menguè, coordinateur national du FNDC, a été arrêté à plusieurs reprises sous Alpha Condé et Mamadi Doumbouya. Il a passé plusieurs mois en prison. Mamadou Billo Bah, responsable des antennes et de la mobilisation du FNDC, a été détenu près de quatre mois en 2023.
Des manifestations pour la libération des deux hommes, d’un troisième responsable du FNDC et de tous les prisonniers considérés comme politiques avaient alors causé la mort de sept personnes, selon l’opposition, ce qu’avait contesté la police.
« Folie liberticide » de la junte
L’ancien chef d’état-major de l’armée et ex-numéro deux de la junte, le général Sadiba Koulibaly, tombé en disgrâce, est mort en détention en juin dans des circonstances mystérieuses après avoir été condamné à cinq ans de prison ferme pour désertion et détention illégale d’armes.
L’arrestation de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah « intervient quelques jours seulement après l’annonce de la mobilisation citoyenne pour le rétablissement des fréquences des médias retirées, contre la détérioration des conditions de vie [des Guinéens avec les coupures d’électricité] et d’autres impairs », a dit le FNDC. Les autorités ont retiré le 22 mai leur agrément à quatre radios et deux télévisions parmi les principaux médias privés de Guinée.
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Différentes organisations et personnalités ont réclamé la libération immédiate des deux activistes. Cellou Dalein Diallo, figure de l’opposition en exil, a dénoncé la « folie liberticide [de la junte] et sa volonté de faire taire par la violence toutes les voix dissonantes ».
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