Le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a prévenu, mercredi 10 juillet 2024 que les entraves à l’aide humanitaire aggravent la crise au Soudan, déchiré par une guerre depuis bientôt 15 mois.
Suffisant pour Pierre Dorbes qui s’exprimait lors d’une rencontre avec des journalistes à Port-Soudan d’alerter qu’« il y a beaucoup de zones où nous ne pouvons pas aller parce qu’elles sont très dangereuses, et parfois, nous ne recevons pas les autorisations » pour y accéder.
Située sur la mer Rouge, cette ville est la nouvelle capitale de facto du pays, siège de l’armée régulière en guerre contre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui contrôlent Khartoum.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) reconnait que « l’amélioration de l’accès aiderait des millions de personnes » dans ce pays en proie à la pire crise alimentaire au monde. Cependant, un récent rapport appuyé par l’ONU estime qu’environ 25 millions de Soudanais ont besoin d’une aide alimentaire, soit un peu plus de la moitié de la population.
Face à cette situation, des bénévoles ont établi des cuisines collectives distribuant des repas dans des zones de combat, avec le soutien d’organisations internationales.
Outre les problèmes logistiques pour ces organisations de transférer de l’argent aux cuisines collectives, celles-ci ne couvrent pas toutes les régions, a expliqué sous couvert d’anonymat un employé d’une organisation internationale qui soutient cette initiative.
De son côté, Esmat Mohamed, qui supervise une de ces cuisines à Khartoum a raconté que « nous fournissons environ 2 000 repas par jour, et ce nombre augmente quotidiennement ».
Dans la ville de Dilling, à la frontière du Soudan du Sud, Kinda Komi fournit bénévolement des repas aux habitants. Elle a indiqué à cet effet que « depuis le début de la guerre, aucune aide alimentaire n’a atteint la ville, et les routes qui la relient au reste du pays ont été coupées en raison des affrontements ». Kinda Komi a aussi déploré le fait que « la moitié des personnes dans le besoin repartent sans recevoir de repas ».
La malnutrition infantile s’aggrave, dans ce contexte, notamment dans le camp de Kalma pour personnes déplacées, au Darfour-Sud. « Dans le camp, 5975 enfants souffrent de malnutrition parce que les deux parties au conflit font obstacle à l’arrivée de l’aide », a fustigé Adam Rijal, porte-parole des déplacées du Darfour. « C’est un défi majeur », a confirmé Adnan Hizam, porte-parole du CICR au Soudan. Mais l’armée et les paramilitaires nient faire obstacle à l’entrée de l’aide humanitaire dans le pays.
Moctar FICOU / VivAfrik
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