Écouter et habiter le monde autrement avec Maryse Condé
Journées scientifiques en hommage à Maryse Condé
Université de Yaoundé I, 05-06 novembre 2024
Sous la coordination de l’Atelier de Critique et d’Esthétique Littéraires (ACEL),
avec la collaboration de l’Institut Français de Yaoundé (IFC) et le
Centre International pour le Patrimoine Culturel et Artistique (CIPCA)
Revenir sur l’œuvre de Maryse Condé signifie que subsistent d’elle, mille facettes d’une figure intellectuelle à la fois spécifique et surplombante dont l’œuvre se redécouvre en permanence. Romancière, dramaturge, essayiste, enseignante-chercheure, critique littéraire, journaliste et militante, elle a su développer un art de penser autrement à partir des marges tout en déconstruisant les métarécits (J. Derrida) pour une autre mesure du monde. En plus de très nombreux travaux consacrés à son œuvre devenue un lieu de mémoire et au regard des hommages qui lui sont rendus, la pensée littéraire et philosophique de Maryse Condé s’inscrit dans le partage d’un destin commun avec la triple et tragique dynamique de l’Histoire : l’esclavage, la colonisation et la postcolonie (A. Mbembe). Porteurs d’une vitalité dont la fertilité a fait émerger, à chaque fois avec ironie, les enjeux de l’histoire humaine en marche, ses écrits repartent sur les traces transatlantiques de l’esclavage (P. Ismard, B. Rossi et C. Vidal) en explorant leurs avatars et leurs résurgences contemporaines, sans jamais privilégier les quêtes abouties, mais préférant la circularité qui interroge, fondement même d’une esthétique de la distanciation. C’est pourquoi, délier, défaire, troubler, renverser et réimaginer les modes d’être au monde et les dialogues avec l’Histoire s’érigent en modalités matricielles de la conscience historique et diasporique de Maryse Condé, à partir de laquelle se justifient ses choix esthétiques, ses postures et ses trajectoires scientifiques.
Riche de plusieurs héritages tant historiques, culturels que politiques, l’illustre écrivaine n’a cessé de questionner les présupposés pour de nouvelles interprétations sans jamais prétendre atteindre le sens ultime des choses. Penseure de la diversité complexe du monde, et plus qu’un esprit nomade (K. White), elle est à saisir dans son altérité dé-située (F. Sarr) et transatlantique (P. Gilroy) comme un être-dans-le-monde qui a su faire-monde en outrepassant les idéologies closes. Dans cette perspective, l’arpenteuse des continents, dont les itinéraires portent les éclats du Tout-Monde (E. Glissant), a construit une œuvre issue de ses multiples pratiques nomades faites d’audaces et d’imprévisibilités. Si son nom seul questionne la mondialité (E. Glissant et P. Chamoiseau), il évoque tout aussi sa capacité à transcender les frontières pour se libérer des chaînes de systèmes hégémoniques de pensée et leurs approches souvent réductionnistes.
Considérée par ailleurs comme l’une des figures littéraires les plus mobilisées du XXIème siècle, Maryse Condé entrecroise dans son œuvre des savoirs autres que la littérature et par conséquent, fait de ces journées scientifiques le lieu de transit de leurs réactualisations, de leurs réappropriations et de leurs prolongements. Relier les savoirs pour relire l’inépuisable œuvre de Maryse Condé, tel est le programme que sous-tend cette rencontre sur le panorama le plus large et le plus différencié possible d’une pensée irréductible et souveraine qui pose la littérature comme une expérience transgressive. Cette intention prend forme et consistance dans la manière dont l’esclavage, la colonisation, la postcolonie, les mémoires, les origines, les migrations, l’exil, la politique, les frontières et le genre constituent, entre autres, des objets de connaissance qui se muent en métaphores rhizomiques circulant dans l’œuvre de Maryse Condé.
Que reste-t-il à dire sur Maryse Condé ? Si elle se distingue par une volonté d’échapper aux immuabilités et fixités, comment son œuvre est-elle reçue aujourd’hui ? Dans quelle mesure ses mondes imaginaires enrichissent-ils les réflexions sur le contemporain ? En considérant que l’objet principiel de la littérature est de défaire l’éternité des mythes pour en reconstruire inévitablement d’autres, quels dispositifs narratifs déploie-t-elle pour dire notre présence au monde et inviter à l’indispensable dépassement de la condition noire (N. Etoke) ?
À titre indicatif et dans une dynamique pluridisciplinaire, les axes de réflexion suivants pourraient être développés :
-Maryse Condé, une figure de la mondialité
-Les imaginaires de la relation
-L’éclatement d’une pensée insulaire
-Itinéraires et expériences diasporiques
-Maryse Condé et l’Afrique
-Dialogues transatlantiques
-Afrodescendance/Afropéanité
-Vivre les frontières/vivre aux frontières
-La mémoire de l’esclavage
-Les lois mémorielles
-Politiques mémorielles
-Pour de nouvelles humanités mémorielles
-Penser les réparations
-Esthétique de la distanciation
-Intranquillités identitaires et narratives
-Ruptures et renouvellement des formes
-La parole des femmes
-La sexualité et le dire érotique
-Le genre en question
-Subalternités subversives
-De l’invisibilité à la visibilité
-Questions décoloniales et postcoloniales
-L’auteur francophone postcolonial
-Héritages de Maryse Condé
—
Modalités de participation :
Veuillez nous faire parvenir vos propositions de communication (300 mots au maximum) au plus tard le 05 septembre 2024 aux adresses suivantes : atelier.critique@falsh-uy1.cm et yvette.abouga@univ-yaounde1.cm
Objet de l’e-mail : « Journées scientifiques MC »
Dates importantes
9 juillet 2024 : lancement de l’appel à communication
5 septembre 2024 : date limite de réception des propositions de communication
15 septembre 2024 : notification aux contributeurs
Les actes des journées scientifiques seront publiés dans un ouvrage collectif à paraître au courant de l’année 2025.
—
Responsable : ACEL (Atelier de Critique et d’Esthétique Littéraires) /Université de Yaoundé I
Coordinatrice du projet : Pr Yvette Marie-Edmée ABOUGA
Adresse : Université de Yaoundé I – Cameroun, FALSH
Crédit: Lien source
Les commentaires sont fermés.