Soudan du Sud: la médecine traditionnelle comme alternative contre le syndrome du hochement de tête [2/3]
Quelque 6 000 cas de syndrome du hochement de tête ont été estimés dans la région de l’Équatoria-Occidentale, au Soudan du Sud. Mais l’étendue de l’épidémie est mal connue, notamment du fait du manque d’infrastructures médicales. Le manque d’accès aux soins, et notamment aux médicaments antiépileptiques qui permettent de contrôler les symptômes de la maladie, pousse certains parents d’enfants malades à se tourner vers des herboristes, des médecins traditionnels.
De notre envoyée spéciale à Mvolo,
Tailleur de profession, Barnaba Makoy a appris à utiliser les herbes médicinales dans sa région natale de Wulu, dans le centre du pays. Suite à des conflits communautaires, en 2006, il est parti se réfugier à Mvolo. « La maladie est présente dans mon village d’origine, mais pas autant qu’ici. Nous utilisons des herbes pour la traiter. Quand mon fils a eu la maladie, je suis allé creuser pour déterrer certaines racines, et je les ai fait bouillir. Mon fils a bu cette infusion et a guéri. Il va bien et est aujourd’hui à l’école. »
Barnaba Makoy montre l’arbre dont les racines sont pour lui un remède contre cette maladie du hochement de tête, que la science ne sait pas encore guérir. Il affirme même avoir guéri huit enfants.
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« Je n’avais pas d’autre alternative »
Martha Agum, la cinquantaine, a quant à elle utilisé une autre technique, dans le passé, pour soigner son propre enfant : « Vous faites bouillir les herbes, et plongez de longues feuilles dans cette décoction, que vous appliquez bien chaudes sur la tête du malade. La maladie est alors expulsée sous forme de transpiration. »
Convaincue d’avoir ainsi guéri son fils, il y a quinze ans, pendant la guerre, elle conseille pourtant aujourd’hui aux parents d’aller à l’hôpital, pour bénéficier du traitement contre l’épilepsie qui atténue les symptômes. « Ce traitement qu’ils donnent à la clinique est le meilleur. Dans mon cas, je n’avais pas d’autre alternative. De nos jours, les gens ne croient plus trop dans les herbes. Il faudrait que les traitements modernes soient amenés au plus près des gens, dans les villages reculés. »
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Mise en garde contre le recours à la médecine traditionnelle
Direction Mundri, autre ville touchée par le syndrome du hochement de tête, à 100 km au sud de Mvolo. Là-bas, une clinique spécialisée existe. Et la directrice de la santé du comté, Victoria Alawia Alberto, met en garde contre le recours à la médecine traditionnelle.
« Nous ne savons pas comment ces herboristes dosent leurs prescriptions ni quels types d’herbes, ils utilisent, fait-elle valoir. En matière de santé, le dosage des médicaments est très important. Mais dans le cas de ces traitements par les herbes, il y a un risque que des malades y aient recours et meurent. C’est ce qui nous inquiète. C’est pourquoi nous souhaitons en savoir plus sur la pratique de ces médecins traditionnels. Pour que cela ne nuise pas à nos patients ni à notre communauté. »
Victoria Alawia Alberto espère que la recherche scientifique avancera et qu’un traitement médical curatif sera un jour disponible contre le syndrome du hochement de tête.
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