Depuis le 9 juillet et jusqu’au 13 juillet, le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, est en Chine, à l’invitation du président chinois Xi Jinping. Un déplacement axé sur la coopération entre Pékin et Bissau. Car la dépendance de la Guinée-Bissau vis-à-vis de la Chine est énorme : il n’y a pratiquement pas de projet de construction sans financement chinois dans le pays.
En contrepartie, la Chine exploite les ressources minières ou forestières de ce petit pays. A l’occasion de sa visite d’Etat à Pékin, le président Sissoco Embaló veut même renforcer cette coopération.
Un « partenaire indispensable » non sans contrepartie
Le palais du gouvernement, le tribunal, le parlement, la rénovation du palais de la République, l’autoroute, le stade national de Bissau ou le nouveau port de pêche de Bandim… Depuis l’indépendance de la Guinée Bissau vis-à-vis du Portugal, il y a cinq décennies, presque toutes les infrastructures en Guinée Bissau ont été financées et réalisées par la Chine.
Bissau et Pékin collaborent aussi dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture,de la pêche et de la défense.
Avant même la visite d’Etat du président Umaro Sissoco Emballó, de nouveaux projets communs ont été annoncés. La Chine financera par exemple un grand centre de conférence pour la prochaine présidence tournante de la Guinée-Bissau au sein de la Communauté des pays de langue portugaise.
En outre, 300 kilomètres de routes seront rénovés, un nouveau campus universitaire pouvant accueillir 12.000 étudiants sera construit…
Déjà, la Chine a annoncé un don de 27,5 millions de dollars (25,4 millions d’euros) pour la Guinée-Bissau.
Si le président bissau-guinéen a décrit la Chine comme un « partenaire indispensable » et salue la position de Pékin en affirmant qu’elle n’interfère jamais dans la politique intérieure d’un pays africain », pour le sociologue bissau-guinéen et expert de la Chine, Diamantino Lopes, cette dépendance de Bissau vis-à-vis de Pékin a un revers.Selon lui « les Chinois veulent évidemment des contreparties ».
Diamantino Lopes explique par ailleurs que : « Les intérêts de la Chine en Guinée-Bissau sont avant tout géostratégiques. Mais il y a aussi des intérêts économiques solides en jeu. Il y a des gisements de pétrole dans les eaux guinéennes. Nous avons aussi de la bauxite, du phosphate et d’autres matières premières. Des entreprises chinoises exploitent des sables et des terres rares dans notre pays. En outre, plus de 70 bateaux de pêche chinois naviguent actuellement dans les eaux territoriales guinéennes. Des forêts entières à l’intérieur du pays ont été déboisées à plusieurs reprises par les Chinois ».
Le principal produit d’exportation de la Guinée-Bissau reste la noix de cajou. Jusqu’à présent, ces noix étaient principalement exportées vers l’Inde et le Vietnam pour y être transformées.
Or, selon certaines sources, la Chine s’apprête à reprendre la totalité de la récolte de noix de cajou de la Guinée-Bissau pour la transformer en Chine. Ce que ne confirment pas les autorités.
La Chine présente également dans d’autres secteurs
Outre l’économie, l’un des principaux piliers de la coopération sino-guinéenne est constitué par les programmes de formation et d’échange. Pékin accorde chaque année des milliers de bourses aux meilleurs étudiants bissau-guinéens pour qu’ils étudient dans des universités chinoises.
Par ailleurs, les employés de l’administration publique et du gouvernement ont régulièrement l’occasion de participer à des séminaires en Chine.
« Régulièrement, des fonctionnaires guinéens de pratiquement tous les secteurs sont envoyés en Chine pour des séminaires de courte durée. Chaque année, cela représente environ 1.000 fonctionnaires, ce qui est énorme pour un petit pays comme la Guinée-Bissau. En outre, de nombreux Bissau-Guinéens se rendent en Chine pour y étudier. Tous ces programmes d’échange ont contribué à rapprocher les deux pays. De nombreux programmes de visite s’adressent aussi explicitement aux journalistes. La Chine soutient différents médias bissau-guinéens. Certains médias privés ont également reçu un soutien de la Chine et certaines radios communautaires ont également bénéficié de l’aide de la Chine », explique Bacar Camara rédacteur à la radio d’Etat de Guinée-Bissau et correspondant de l’agence de presse Xinhua, qui est contrôlée par le gouvernement chinois.
Les relations entre Pékin et Bissau remontent aux années 1970, lorsque la Chine de Mao Zedong a soutenu le héros indépendantiste Amilcar Cabral, dans sa lutte contre l’administration coloniale portugaise.
Selon certains experts, la Guinée-Bissau pourrait-être une porte d’entrée idéale dans le cadre des Nouvelles routes de la soie qui, depuis 2013, mettent en œuvre des projets commerciaux et d’infrastructures entre la Chine et plus d’une centaine de pays dans le monde.
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