Le pape François s’apprête à visiter en septembre prochain la Papouasie-Nouvelle-Guinée. À quelques semaines de l’arrivée du Saint-Père, le supérieur général des Missionnaires du Sacré-Cœur évoque les défis actuels auxquels la communauté chrétienne est confrontée dans cette nation insulaire. Il parle aussi cependant de l’augmentation des vocations locales.
Renato Martinez – Cité du Vatican
Le voyage apostolique du Pape en Asie et en Océanie qui comprendra une étape en Papouasie-Nouvelle-Guinée du 6 au 9 septembre est vivement attendu par les populations locales sur place. Dans une interview accordée à Vatican News, le père Mario Abzalón Alvarado Tovar, supérieur général des Missionnaires du Sacré-Cœur, a assuré que l’arrivée du Pape dans les prochains jours est un motif de satisfaction et de fierté pour le «cheminement en tant qu’Église, en tant que peuple de Dieu» dans le pays. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, «le pape François trouvera une Église avec une forte pratique de la foi dans un style typique du pays», car ce «sont des peuples très anciens avec des traditions très ancestrales», a-t-il précisé.
Origines de la mission en Papouasie-Nouvelle-Guinée
Les Missionnaires du Sacré-Cœur ont été envoyés en Papouasie-Nouvelle-Guinée du vivant de leur fondateur, le père Jules Chevalier. Ils ont reçu leur mandat missionnaire à la fin des années 1870.
Après une première tentative d’établissement sur l’île en 1881, les missionnaires y ont célébré la première messe le 4 juillet 1885 et ont établi plusieurs missions sur la côte sud, parmi les tribus Roro et Mekeo. «Depuis 1881, nous sommes en Papouasie-Nouvelle-Guinée, marquant le début de l’ère moderne de l’Église dans ce pays. Il y avait eu des présences minimes plusieurs siècles auparavant. Mais c’est effectivement depuis 1881, que nous avons été présents de manière continue. Nous sommes en quelque sorte les pionniers de la croissance ecclésiale en Papouasie-Nouvelle-Guinée», a déclaré l’actuel supérieur général des Missionnaires du Sacré-Cœur.
Le missionnaire d’origine guatémaltèque a décrit la Papouasie-Nouvelle-Guinée comme un monde multiculturel. C’est pourquoi l’Église qui s’y trouve est multicolore, multilingue et multiethnique. D’ailleurs un dicton décrit la Papouasie-Nouvelle-Guinée comme «le pays de l’inattendu», a expliqué le père Alvarado.
Une Église multiculturelle
En ce qui concerne la réalité ecclésiale, le pape François verra en Papouasie-Nouvelle-Guinée une «Église avec de nombreux rituels et danses, née d’un monde rural, de la jungle, des rivières, de la pêche et de la chasse» a indiqué le père Alvarado. L’Église de Papouasie-Nouvelle-Guinée est «grande» avec plusieurs congrégations et plus de 115 missionnaires. «Nous nous disons parfois ces gens ont le temps, et nous avons les horloges», car pour eux, «le temps est toujours présent», a souri le père Alvarado.
Les défis de la première annonce de l’Évangile
«Parmis les défis auxquels les missionnaires ont été confrontés lors de la première annonce de l’Évangile, il y avait la culture de la Papouasie. Il était difficile de comprendre les pratiques par exemple de cannibalisme, les problèmes de santé, le manque d’infrastructures et l’univers traditionnel et religieux complexe des Papous globalement», a poursuivi le prêtre missionnaire. Aujourd’hui la réalité est différente: «les pratiques de cannibalisme ont maintenant pratiquement disparu», a-t-il confirmé.
Les défis actuels d’une Église en marche
Aujourd’hui, le père Alvarado estime que des progrès significatifs ont été réalisés en Papouasie-Nouvelle-Guinée et qu’il existe une Église forte sur l’île. Cependant, «la pauvreté est systémique en Papouasie-Nouvelle-Guinée, bien que ce pays dispose de ressources naturelles incroyablement importantes. De nombreuses entreprises internationales exploitent le pays», a attesté le supérieur. Aussi, pour lui, «le changement climatique est fortement ressenti, car c’est un pays qui dépend fortement de ses ressources naturelles. La déforestation et les monocultures à grande échelle affectent la population». Il y a aussi le défi de l’exploitation minière de manière «inhumaine».
Les premiers bienheureux de Papouasie et les vocations autochtones
À la suite de la proclamation de l’Évangile, plusieurs vocations autochtones ont émergées parmi les Papous. «Le Pape François trouvera des évêques et des prêtres autochtones. Nous avons Peter ToRot, le premier bienheureux de Papouasie-Nouvelle-Guinée, un laïc missionnaire du Sacré-Cœur martyrisé vers 1945, qui a fortement inspiré la population locale. Il a été béatifié en 1995», rapporte le père Alvarado. «Aussi nous avons des maisons de formation avec des vocations religieuses autochtones, des religieux, des diocésains et des laïcs engagés», a-t-il souligné. Car en tant que missionnaires, «nous devons faire immersion dans la culture et promouvoir l’Évangile de l’intérieur. C’est l’une des propositions les plus cohérentes faite par le Pape aux missionnaires».
Prières pour le voyage du Pape en Asie et en Océanie
Enfin, le père Alvarado a enfin invité à s’ouvrir à d’autres réalités, comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et à prier pour le prochain voyage apostolique du Pape François en Asie et en Océanie. «Nous devons regarder de l’autre côté du monde, là où il y a des gens qui souffrent, des gens qui sont heureux, des peuples indigènes avec des valeurs dont nous, Latino-américains, pouvons apprendre et partager», a dit le prêtre avant de recommander à tous d’être «ouverts à ces autres parties de l’Océanie, de l’Asie et de l’Afrique tout comme en Amérique latine et en Espagne». Le prêtre a ainsi demandé à l’Église toute entière de prier pour ce voyage du Pape et de continuer «à marcher dans la synodalité des deux côtés du monde».
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