Publié le 12 juillet 2024
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Comme si les crispations entre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la toute nouvelle Confédération des États du Sahel ne suffisaient pas, des bras de fer mâtinés d’idéologie ne cessent de polluer les relations bilatérales entre certains pays des deux blocs. Il y a quelques mois, le Mali s’en prenait à 46 militaires de Côte d’Ivoire. Il y a quelques semaines, le Bénin handicapait la diffusion du pétrole du Niger. Il y a quelques heures, le Burkina Faso prenait à partie le même Bénin et la même Côte d’Ivoire.
C’est devant un Palais des sports ouagalais chauffé à blanc, ce jeudi, que le capitaine Ibrahim Traoré s’est ému de deux bases militaires localisées selon lui au Bénin et jugées inamicales envers le Pays des hommes intègres. Et de citer des « pistes réaménagées » de plus de 3 000 mètres de long et des « soldats » équipés. L’un des camps serait situé « vers Kandi et l’autre en allant vers Porga ».
Vérité ou désinformation ?
Sans attendre, sur les réseaux sociaux, le secrétaire général et porte-parole du gouvernement béninois a reconnu l’existence « de petits camps militaires appelés bases opérationnelles avancées » dans plusieurs des « communes frontalières ». Des bases construites, depuis 2022, pour contrer le phénomène du terrorisme qui est l’œuvre, sur le territoire béninois, de « gens venant de l’autre côté des frontières avec le Burkina Faso et le Niger », comme tient à le souligner Wilfried Léandre Houngbédji.
C’est un tout autre décryptage que fait le Faso. Le chef de l’État burkinabè affirme détenir des preuves que, dans ces camps, les terroristes sont « équipés », « formés » et « soignés ». Il qualifie ces lieux de « bases françaises » destinées à déstabiliser le Burkina Faso. Il ajoute avoir en sa possession des « enregistrements audio d’agents français » qui « montent des opérations » avec les jihadistes.
Alors que « IB » clame avoir décidé de « dire la vérité », aussi bien aux peuples burkinabè que béninois, Houngbédji évoque une « trompette nauséeuse de désinformation » de la part d’un populisme qui déplace les problèmes sans les résoudre et « menace à terme la coexistence pacifique des peuples ». Et de qualifier l’intervention du président burkinabè d’« hôpital qui se moque de la charité », au regard de la situation sécuritaire de chacun des pays.
Complot ivoiro-béninois ?
Dans ces projections de noms d’oiseaux, la balle est dans le camp burkinabè, qui devrait confirmer tout à la fois son goût pour la transparence et la détention annoncée de « preuves physiques ». La situation n’est pas sans rappeler les preuves promises contre la France, par le Mali en 2022, lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies.
Étayer les accusations burkinabè est d’autant plus important que celles-ci ciblent également la Côte d’Ivoire. Tout en expliquant qu’il n’a rien « contre le peuple ivoirien » ni « contre le peuple béninois », le président du Faso affirme qu’existe, également à Abidjan, un « centre des opérations » ayant pour objectif la déstabilisation de son pays.
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