Segré. Les Foliklores vous emmènent en Polynésie et en Amérique du Sud

16h57 – Modifié : 17h35 par Alexis Vellayoudom et Marie Chevillard

L’un des frères Chavez, directeur de la Compagnie internationale des danseurs de ciseaux.

Crédit : Marie Chevillard

Les Foliklores sont toujours au rendez-vous des cultures folkloriques internationales. Malgré des difficultés pour financer cette 16e édition, du 12 au 14 juillet, les organisateurs proposent, encore une fois, une programmation riche. Cette année, c’est une invitation au voyage en Océanie et en Amérique du Sud. 

 

Les cultures polynésiennes débarquent à Segré

 

Dans un contexte de repli sur soi, les Foliklores ont, une nouvelle fois, décidé de s’ouvrir aux cultures du monde, en allant, parfois, les chercher très loin. Comme le groupe néo-zélandais Taumata Whitireia, « je pense, il va marquer les mémoires. Tout le monde connaît le Haka avec le rugby. On aura beaucoup de femmes« , souligne Nathalie Petit, l’une des cinquante bénévoles. Ils partageront la scène avec leur voisin de la Polynésie française, Tahiti Marquises. « Ils ont fait la préparation d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Ils étaient en spectacle. C’est un groupe très connu, d’une qualité extraordinaire« , précise Jean-Olivier Bouvet, président du festival. 

 

Au Pérou comme en France, un travail pour conserver les traditions

 

Une autre aire culturelle sera aussi représentée, il s’agit de l’Amérique du Sud avec la Bolivie et le Pérou. La première nation sera représentée par le Ballet folklorique de la Paz. La seconde par la Compagnie internationale de danseurs de ciseaux. Reconnue par l’UNESCO comme patrimoine immatériel de l’humanité, cette danse traditionnelle est née dans les Andes, avant de s’étendre à tout le pays. Elle a même un jour férié dédié. Dans les faits, les danseurs évoluent dans une danse acrobatique avec deux ciseaux à la main, chacun avec un son différent pour créer une mélodie. « Après 300 ans de domination espagnole, on a transformé leurs épées espagnoles en ciseaux détachés l’un de l’autre, pour symboliquement couper le lien avec le pays colonisateur. C’est une danse compliquée. Il faut être assez musclé pour exécuter les acrobaties, être dans le rythme et il faut savoir manier les ciseaux avec des gants en dansant et en écoutant la musique, ça demande de la coordination », raconte l’un des frères Chavez, directeur de la compagnie.

 

Hermanos Chavez revient sur la tradition de la danse des ciseaux

Crédit : Marie Chevillard

 

Une tradition qui a été mise à mal pendant plusieurs années. « C’était compliqué d’avoir des danseurs parce qu’avant que les écoles ne soient créées, ça se transmettait uniquement de père en fils, mais il y avait de moins en moins de monde à transmettre« , raconte celui a participé à la création de la compagnie, il y a 31 ans. Aujourd’hui, l’enseignement de la danse des ciseaux est réservé à une élite de 500 danseurs, majoritairement des hommes, mais les femmes commencent aussi à intégrer les troupes. Les danseurs commencent très tôt, vers l’âge de 13-15 ans. Dans le groupe d’Hermanos Chavez, plusieurs générations se côtoient de 18 à 35 ans. « Travailler avec des personnes jeunes, c’est un plaisir, c’est ça qui me marque, cette transmission. Notre danse est un mode de vie, on a pu découvrir le monde, voyager, aller dans plus de 25 pays différents, nous épanouir« , confie le danseur, traduit par Florian et Yohan.  

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Nathalie Petit, bénévole, et Jean-Olivier Bouvet, président des Foliklores

Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Mais il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour trouver des cultures folkloriques. La France en regorge. De l’Alsace, au Pays Basque, en passant par la Provence, l’Anjou et la Bretagne. Ces deux dernières régions seront d’ailleurs représentées par l’Ensemble de Quic en Groigne et l’Avant-Deux du Haut-Anjou. « À la différence des autres pays, la France a un folklore de région. Vous allez au Mexique, c’est toujours le même, il n’y a qu’une petite distinction sur les couleurs, le costume« , analyse Jean-Olivier. Un patrimoine national, régional, plus difficile à conserver qu’à l’étranger. « Tous les groupes qui viennent, ce sont des jeunes entre 18 et 20 ans. Pour eux, ça fait partie de leur patrimoine. Chez nous, en France, la Bretagne attire ces âges, parce qu’il y a des ballets, mais c’est difficile d’avoir des jeunes dans le Haut-Anjou« , observe Nathalie, membre d’une compagnie de danse bretonne. 

 

Une édition miraculée

 

« Le festival n’a failli pas avoir lieu« , confie Jean-Olivier Bouvet. Le festival ne répondait plus au cahier des charges exigeant du département du Maine-et-Loire et de la région Pays de la Loire, 7 000 € en moins sur un budget initial de 60 000 €. « On a eu des financeurs qui n’étaient pas au rendez-vous« , explique le président. En conséquence, les organisateurs ont réduit la voilure, 3 jours de festival au lieu de 5, pas de stage de danse gratuit, de déambulation, ni de repas le 14 juillet. De galère en galère, le festival doit s’adapter à la fermeture du Cargo pour rénovation. En compensation, le parc des expositions est mis à disposition gratuitement les deux premiers jours, mais sans prêt de matériel.

 

Une année particulière pour les Foliklores

Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Des obstacles finalement traversés, « il a fallu batailler, avec toute la ténacité de mes bénévoles, mon Conseil d’administration pour lancer ces Foliklores », se réjouit l’élu. Il tient d’ailleurs à souligner, « on ne pouvait pas arrêter. Après l’arrêt du Saveurs Jazz Festival, on est l’un des derniers grands événements culturels sur Segré pendant la période estivale. Après nous, il y a plus rien jusqu’à la fin août. Et en plus, on réinjecte dans l’économie locale. En 2022, c’était 22 000 €, 48 % du budget. On fait vivre le territoire« .

Et vivre des cultures, la découverte, une chose qu’a toujours soutenu le festival, « on a quand même eu le Bhoutan, le Kazakhstan, la République des Komis en Russie, des pays et provinces qu’on ne connaît pas« . Pour les prochaines éditions, les organisateurs aimeraient se pencher sur l’Asie et faire revenir la Corée du Sud. Les Foliklores débutent ce soir à 20h30 dans le parc des expositions de Segré. Le programme est à retrouver ici.  


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