Comment Dominique Delpiroux a « mangé Eric Zéroum »?

l’essentiel
Éditorialiste à La Dépêche du midi, Dominique Delpiroux a publié de nombreux romans où se mêlent humour, nature et… dinosaures. Il a mis tous ces ingrédients dans son dernier roman, « Comment j’ai mangé Eric Zéroum » à emporter en vacances et à dévorer tout l’été.

Avec un tel titre, « Comment j’ai mangé Eric Zéroum », Dominique Delpiroux n’avance pas masqué : il mise sur l’humour décalé qui est sa marque de fabrique et propose un roman cocasse, étrange et captivant, entre Kafka et David Cronenberg, en livrant au passage quelques vérités essentielles sur le monde qui nous entoure. Marion est une jeune fille « d’un mètre cinquante » qu’une maladie a transformée… en tyrannosaure ! Les réseaux sociaux s’embrasent, l’Elysée tremble, pendant que la pauvre Marion doit à présent manger des humains – y compris un célèbre polémiste – pour survivre… Rencontre.

Quel a été le point de départ de cette histoire étonnante ?

Je ne sais plus, à vrai dire ! J’étais tourmenté et je pensais à ce film, « La Mouche » : je suis ceci et je me transforme en cela, ça m’intéressait. Je me suis mis à réfléchir : comment je réagirais si je devenais libellule ou papillon ? Et donc, je suis parti sur cette idée de la petite fille qui devient T. Rex, en m’interrogeant : est-ce la bête qui influe la petite… ou le contraire ?

Marion livre ses pensées sur un IPad et vous livrez, à la manière de Dos Passos dans « Manhattan Transfer », de géniales « tranches de toile » qui proviennent du monde extérieur…

Je voulais décrire ce que Marion peut vivre à l’intérieur tout en donnant plusieurs points de vue : Marion bien sûr, sa famille, l’Elysée et un salopard d’ancien gendarme… Nous avons la chance de vivre dans un monde où la technologie permet cela. Un truc monstrueux, aux apparences de « fake news » apparaît et tous les réseaux sociaux – ces « tranches de toile »- s’en emparent ! Je m’interroge sur la qualité de l’info – d’où viennent les théories complotistes ? – mais aussi de la peine de mort : ai-je le droit de manger ce type simplement parce qu’il est con ?

Ce roman convoque des références culturelles comme « Jurassic Park » – d’où vient cette passion pour les dinosaures ?

Je suis en effet fou de « Jurassic Park » que j’ai vu des dizaines de fois. On vit cette époque merveilleuse où l’on peut créer des mondes perdus tout en étant dans la réalité de la France d’aujourd’hui. On peut s’identifier à Marion, cette ado qui n’existe pas dans sa classe et se sent harcelée. Elle n’existe pas, ses parents sont complètement à côté de la plaque… et puis cette chose étrange arrive et elle se met à exister, à trouver sa place – sa petite place.

On croise, outre « Eric Zéroum », un affreux personnage qui ressemble à un polémiste bien connu…

Le diable sort de sa boîte ! On vit dans un monde de diables, de trolls, de semeurs de merde qui occupent l’espace médiatique avec des discours de haine. Je travaille sur la caricature, c’est évident, je propose ma vision des choses, une promenade avec des lunettes déformantes… mais pas tant que ça !

« Comment j’ai mangé Eric Zéroum » par Dominique Delpiroux (Empreinte éditions, 423 pages, 18 €).

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