Côte d’Ivoire : ce qu’il faut savoir sur la labellisation de l’attiéké et ses bienfaits nutritionnels
Surnommé « couscous ivoirien », l’attiéké est un mets traditionnel ivoirien fait à base de semoule de manioc fermentée, granulée et cuite à la vapeur.
Originaire du sud de la Côte d’Ivoire, l’attiéké est préparé dans les villages et dans certains endroits de la capitale par des femmes organisées en une véritable chaîne de production.
Incontournable dans la gastronomie ivoirienne, il est consommé par de nombreux Ivoiriens, au petit-déjeuner, au déjeuner ou au dîner, avec du poisson ou du poulet accompagné d’une sauce tomate et d’oignons découpés dans une bonne marinade.
C’est l’un des plats les plus populaires de Côte d’Ivoire. Au fil du temps, il s’est retrouvé au-delà des frontières ivoiriennes et sa renommée a conquis d’autres parties de l’Afrique mais aussi l’Europe et l’Amérique du Nord.
Sa popularité est telle que l’attiéké a attiré la convoitise de nombreux investisseurs ou hommes d’affaires qui ont flairé le bon coup derrière la production et la commercialisation de ce mets, ce qui a fini de convaincre l’Etat ivoirien à vouloir protéger les droits de propriété intellectuelle sur ce plat qui occupe une place dans le patrimoine culturel et culinaire de la Côte d’Ivoire.
L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) a délivré officiellement au gouvernement ivoirien le certificat d’enregistrement de l’attiéké comme « marque collective ».
Ce qui signifie que seule la semoule de manioc produite en Côte d’Ivoire pourra désormais être vendue sous l’appellation Attiéké ou Atchêkê.
Long processus vers la labellissation
L’obtention de l’IGP pour l’attiéké des lagunes est le résultat d’un long processus. C’est en 2019, à l’occasion du Salon de l’agriculture et des ressources animales (SARA) à Port-Bouët (Abidjan), que le gouvernement ivoirien a lancé le processus de reconnaissance de l’Attiéké des Lagunes en Indications géographiques protégées (IGP).
L’IGP est un instrument juridique mis en place pour organiser la gestion et la défense du label et du nom d’un produit contre les usages frauduleux sur les marchés à l’échelle nationale et internationale.
« En 2023, nous avions déjà enregistré l’attiéké des lagunes en indication géographique et cette fois, c’est la marque collective, puisqu’il était question de d’éviter la contrefaçon qui est faite de l’appellation attiéké, donc nous avons utilisé la démarche de la marque collective. Cette démarche a consisté à élaborer le règlement d’usage donc, qui est en quelque sorte l’équivalent du cahier des charges pour les indications géographiques. Donc, nous avons rédigé un cahier des charges qui décrit le processus de fabrication du produit », déclare Paul Assandé, directeur général de l’Office ivoirien de la propriété intellectuelle (OIPI), joint par BBC Afrique.
La mesure, désormais officielle, sera effective dans chacun des dix-sept (17) pays membres de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (l’OAPI) : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée-Equatoriale, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo.
Protection juridique du nom « attiéké »
Qui dit labellisation dit qualité et authenticité du produit et donc une valeur ajoutée en vue d’un meilleur positionnement sur le marché.
Cette certification permet de protéger juridiquement l’attiéké contre toute imitation ou usurpation et offre aux producteurs un avantage concurrentiel certain sur les marchés nationaux et internationaux.
« L’objectif principal de cette labellisation, c’était de défendre l’appellation. L’attiéké, c’est un élément qu’on ne peut pas détacher de notre patrimoine culturel. Mais le constat, c’est que beaucoup de pays avaient commencé à utiliser cette appellation pour la commercialisation des produits dérivés du manioc. Donc pour les producteurs, il est question d’améliorer l’image de marque du produit attiéké sur le marché étant entendu que l’Etat va se donner les moyens de défendre l’usage abusif qui est fait de l’appellation. Donc, les consommateurs auront la possibilité de consommer le produit original. Et bien entendu que tous ces éléments pourront avoir un impact positif sur le prix de vente du produit sur le marché, donc incidemment rapporter des revenus pour les producteurs et pour l’État de façon générale », estime le directeur général de l’Office ivoirien de la propriété intellectuelle.
L’enregistrement en marque collective est une forme spécifique de protection des appellations d’origine pour les produits agricoles et alimentaires.
Une marque collective est une marque déposée par une association, un syndicat ou un organisme de contrôle pour identifier des produits ou services provenant de membres de cette entité, et répondant à un ensemble de normes ou règles communes définies.
En procédant à l’enregistrement de l’appellation l’Attiéké ou Atchêkê produit en Côte d’Ivoire comme une marque collective, l’OAPI confère au regroupement d’opérateurs ivoiriens du secteur, l’exclusivité d’utiliser ces termes «Attiéké» et «Atchêkê» pour commercialiser leurs produits.
Cette démarche des autorités ivoiriennes s’inscrit dans une stratégie plus large de valorisation des produits du terroir ivoirien. L’enregistrement en marque collective permet de sauvegarder l’authenticité et la qualité de son attiéké tout en renforçant sa position sur le marché international.
« Le gros challenge maintenant, c’est de promouvoir et de valoriser l’attiéké sur le plan commercial. Mais je pense qu’à ce niveau-là, on peut déjà se réjouir du fait que l’attiéké a une bonne notoriété, aussi bien au plan national qu’au plan international. C’est d’ailleurs ce qui lui vaut la contrefaçon, le fait d’être copié abusivement. Et donc maintenant, il nous faut communiquer sur la labellisation intensément, de telle sorte que les consommateurs arrivent à faire le choix entre le produit original produit par la Côte d’Ivoire et toutes les autres formes de semoule de manioc prétendument appelées attiéké », prévient M. Assandé.
« Avec cette labellisation, le producteur a la possibilité de vendre un produit original qui ne pourra pas facilement faire l’objet de contrefaçon. Le cas échéant, le producteur se donne les moyens de pouvoir défendre ses droits. Donc, je pense que c’est déjà un pas important et ça donne un peu plus de visibilité sur le produit attiéké pour les consommateurs. Chaque fois que les consommateurs vont chercher à consommer l’attiéké original, c’est un retour en termes de gain commercial pour les producteurs, ce qui va améliorer les conditions de vie de toutes ces femmes, de tous ces acteurs qui sont dans la chaîne de valeur de l’attiéké », explique Dr Paul Assandé, directeur général de l’Office ivoirien de la propriété intellectuelle (OIPI).
Bienfaits nutritionnels de l’attiéké
Aliment dérivé du manioc, l’attiéké présente à ce titre des bienfaits diététiques non-négligeables et offre naturellement les mêmes vertus que ce tubercule omniprésent dans la cuisine africaine.
L’attiéké combine des qualités nutritionnelles importantes, notamment sa richesse en glucides et en fibres, tout en étant relativement pauvre en protéines.
Riche en vitamine B, C, E, c’est un aliment qui fournit un grand apport en magnésium, en sels minéraux, en fer, en calcium. Il contient aussi du potassium, du sodium, du phosphore, du manganèse et du zinc.
Rassasiant, l’attiéké convient à une alimentation pauvre en gluten. Il peut également être un allié dans une perte de poids saine. Étant très digeste, il peut être une excellente alternative aux farines et céréales traditionnelles, tout en facilitant l’absorption des nutriments et de l’énergie.
L’attiéké favoriserait donc la fertilité pour l’homme comme pour la femme, selon la même source, et serait très bénéfique pour les yeux, le cerveau, le système sanguin et la peau.
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