Il y a une quinzaine d’années, l’entreprise ontarienne Dejero a révolutionné le milieu de la télédiffusion en direct. Sa technologie a permis de réduire considérablement les délais de transmission avec une technologie portable pour les équipes sur le terrain. Mais aujourd’hui, face à un secteur d’activité en déclin, l’entreprise ontarienne se tourne de plus en plus vers de nouveaux marchés.
Tout a commencé dans un autobus de campagne électorale en 2006. Bogdan Frusina travaillait déjà depuis des années comme fournisseur de solutions en connectivité mobile pour différents partis politiques. Mais il constate les défis techniques auxquels faisaient face les correspondants des grands réseaux de télévision.
Il y avait beaucoup de difficultés avec les camions satellites. J’offrais de dépanner les journalistes avec une connexion Internet fiable
, affirme le fondateur de Dejero. Il fallait développer une technologie pour résoudre ce problème.
L’entreprise, dont le siège social est situé à Waterloo, à deux heures de Toronto, voit le jour un an et demi plus tard. Son premier grand événement alimenté en direct du terrain : le relais de la flamme olympique des Jeux olympiques d’hiver de Vancouver.
Le relais de la flamme olympique, en marge des Jeux de Vancouver, a été le premier événement d’envergure diffusé en direct grâce à la technologie de Dejero, sur les ondes de CTV.
Photo : Dejero
Dejero devient ensuite la référence en matière de transmission en direct au pays.
Nous faisons affaire avec pratiquement tous les grands diffuseurs canadiens
, lance Bogdan Frusina, y compris CBC, Radio-Canada et CTV. Parmi ses clients, l’entreprise compte aussi les chaînes américaines NBC, CBS et Fox.
François Vaillant, qui a longtemps travaillé à CBC/Radio-Canada comme directeur général aux solutions d’ingénierie et aux services technologiques, connaît bien la réalité des télédiffuseurs.
Aujourd’hui directeur de produits chez Dejero, il explique que la transmission via satellite du contenu était autrefois compliquée et coûteuse
.
C’était une infrastructure lourde qui amenait énormément de délais, donc il y avait un ajustement entre le présentateur d’environ 15 à 20 secondes.
L’appareil de Dejero a permis de limiter ce délai à quelques secondes seulement – parfois même moins d’une seconde – grâce à ses nouveaux modèles, souligne-t-il.

La technologie de Dejero, qui facilite la transmission de contenu audiovisuel en temps réel, a beaucoup évolué au cours de ses 16 années d’existence.
Photo : Radio-Canada / Philippe de Montigny
Contrairement à un téléphone, où la connexion cellulaire vient d’un seul fournisseur, chaque module comprend trois ou quatre sources de réseau. Notre technologie prend tous ces différents signaux et peut alterner d’une source à l’autre en temps réel
, explique le fondateur Bogdan Frusina.
Ceci permet d’obtenir le signal le plus fiable, la meilleure qualité vidéo et le délai de transmission le plus court
, dit-il.
Diversifier sa clientèle
La technologie de Dejero compte bien d’autres applications au-delà de la télédiffusion et il était important d’explorer ces nouveaux marchés, affirme Bogdan Frusina.
Est-ce que la croissance [du secteur de la télévision] a ralenti? Certainement
, avoue-t-il. Avec le virage numérique, il y a eu bien des mises à pied et je crois qu’il y aura encore d’autres changements à l’horizon avec l’intelligence artificielle.

Le fondateur de Dejero, Bogdan Frusina.
Photo : Radio-Canada / Keith Burgess
Au cours des dernières années, l’entreprise a signé plusieurs ententes avec des services d’urgence, dont le Service de police de Toronto. Les appareils de Dejero permettent de mieux relier les répartiteurs et les postes de commandement aux premiers répondants sur le terrain.
L’entreprise compte aussi des clients d’envergure, comme les services d’urgence de la Californie, le service d’incendie de la Ville de New York, ainsi que les départements américains de la Défense et de la Sécurité intérieure.
C’est bien, la télévision en direct, mais c’est encore mieux de savoir que notre outil permet de sauver des vies.

En plus de servir aux télédiffuseurs, la technologie de Dejero est aussi utilisée par d’autres clients d’envergure, dont le département américain de la Défense, le Bureau des services d’urgence du gouverneur de Californie (CalOES) et le service de police de Toronto.
Photo : Dejero
L’un des outils utilisés aux services d’urgence a été développé conjointement avec Dell, le troisième plus grand fabricant d’ordinateurs au monde.
Dell a quand même une grande pénétration de marché dans son domaine. Notre partenariat avec eux va aussi mettre en valeur leurs produits. Leurs produits mettent en valeur notre plateforme. Je crois que c’est une association qu’on pourrait appeler gagnante-gagnante
, affirme le directeur de produits, François Vaillant.
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Un fleuron des télécommunications
Bogdan Frusina se dit très fier de la croissance de l’entreprise au cours des 16 dernières années. Dejero a vu ses ventes annuelles dépasser les 55 millions de dollars l’an dernier. L’entreprise, qui ne compte que 150 employés à travers le monde, dit vouloir croître de façon soutenable.
Le fondateur n’écarte pas la possibilité d’une éventuelle entrée en bourse. Nous y pensons souvent. Nous sommes très intéressés par la croissance de l’entreprise, mais il faut que ce soit, avant tout, une croissance saine. Comme ça, nos actionnaires seront heureux et nos employés seront heureux
, dit-il.
Il faut avoir certains revenus, il faut une certaine croissance. Cette décision pourrait survenir à un moment donné, mais pas immédiatement
, estime l’entrepreneur.
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Christine Vigna, cheffe des ressources humaines chez Dejero, affirme que les employés restent au sein de l’entreprise au moins cinq ans, en moyenne.
Photo : Radio-Canada / Keith Burgess
Pour l’instant, M. Frusina se réjouit de l’ambiance familiale qui règne chez Dejero, ce qui se répercute sur le taux de rétention de la main-d’œuvre. Les employés restent en moyenne 5,3 ans au sein de l’entreprise, ce qui figure au-dessus de la moyenne dans le secteur des technologies, soutient la cheffe des ressources humaines de Dejero, Christine Vigna.
Nous consacrons beaucoup d’énergie à investir dans notre équipe et nous avons forgé un environnement de travail axé sur la transparence.
Elle dit aussi bénéficier l’écosystème dans lequel Dejero s’est implanté, souvent appelé la Silicon Valley du Nord
parce qu’il héberge aussi des entreprises technologiques comme BlackBerry, Google, OpenText et Magnet Forensics.
Le corridor entre Waterloo et Toronto est un terreau fertile pour les jeunes pousses en technologie. Ça attire beaucoup de talents
, dit-elle.
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