En cinq ans passés à crapahuter des Andes à l’Amazonie, à inventorier des milliers d’espèces inconnues, lever des plans, observer les sociétés locales, le naturaliste livre un portrait précis de l’Amérique du Sud. Et décrit, le premier, la Terre comme un organisme vivant.
Cet article est issu du magazine Les Dossiers de Sciences et Avenir n°218 daté juillet/ septembre 2024.
« Les Indiens qui nous accompagnaient nous avaient déjà quittés avant d’arriver à cette hauteur, disant que nous avions l’intention de les tuer… Nous étions enveloppés d’une brume qui ne nous laissait entrevoir de temps en temps que les abîmes affreux qui nous entouraient. Aucun être animé, pas même le condor… De petites mousses étaient les seuls êtres organisés qui nous rappelaient que nous tenions encore à la terre habitée. » Le 9 juin 1802, un groupe de quatre personnes effleure le toit du monde, le volcan Chimborazo, dans l’actuel Équateur, qui avec ses 6.263 mètres d’altitude est alors considéré comme la montagne la plus élevée sur Terre.
À leur tête, le naturaliste prussien Alexander von Humboldt. Sans équipement, il a décidé de braver ce géant. Et si le froid et le manque d’oxygène contraignent les grimpeurs à interrompre leur ascension à quelques centaines de mètres du sommet, personne avant eux n’a jamais été aussi près des étoiles. Cet exploit est le point culminant d’une exploration de cinq ans (1799-1804) à travers le continent américain, au cours de laquelle Humboldt a parcouru près de 15.000 kilomètres, décrivant avec précision la flore, la faune, la géographie, ainsi que les sociétés amérindiennes et coloniales. Une expédition historique qui lui vaudra d’être qualifié par Simón Bolívar, héros des indépendances sud-américaines, de véritable « découvreur du Nouveau Monde ». Alors qu’il aurait pu ne rien découvrir…
« Il était réellement libre »
« Humboldt désirait depuis longtemps explorer des contrées exotiques en se joignant à une exploration organisée par un gouvernement européen, révèle Sandra Rebok, historienne des sciences à l’Université de Californie à San Diego et auteure d’une dizaine de livres sur le savant allemand. Il a d’abord approché les Britanniques, puis les Français, en vain. » Finalement, il décide de se rendre en Amérique, puis en Asie.
« […]
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