« Le conflit en cours a bouleversé la vie des gens. Les attaques contre des civils et les violences sexuelles et sexistes liées au conflit se poursuivent sans relâche, en violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Le Soudan a connu la destruction presque complète de sa classe moyenne urbaine : architectes, médecins, enseignants, infirmières, ingénieurs et étudiants ont tout perdu », a souligné une porte-parole de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Olga Sarrado Mur, lors d’un point de presse mardi.
Réponse humanitaire entravée
Les contraintes d’accès, les risques de sécurité et les défis logistiques entravent la réponse humanitaire. Sans revenus et dans un contexte de livraisons d’aide et de récoltes perturbées, les gens ne peuvent pas obtenir de nourriture, ce qui suscite des avertissements concernant une aggravation de la faim et de la malnutrition dans certaines parties du pays.
Alors que la guerre a commencé il y a un an, des milliers de personnes traversent quotidiennement les frontières comme si l’urgence avait commencé hier. Au Soudan du Sud, plus de 1.800 personnes en moyenne arrivent encore chaque jour, augmentant la pression sur des infrastructures surchargées et exacerbant les vastes besoins humanitaires. C’est le pays qui a accueilli le plus grand nombre de Soudanais – près de 640.000 personnes – dont beaucoup de Sud-Soudanais revenant après de nombreuses années, note le HCR.
Le Tchad a connu le plus grand afflux de réfugiés de son histoire. Même si les équipes de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et de ses partenaires ont réussi à relocaliser la plupart des réfugiés vers des installations nouvelles ou élargies, plus de 150.000 personnes restent dans les zones frontalières, dans des conditions de surpeuplement et d’insalubrité, en grande partie à cause d’un manque de financement.
En République centrafricaine, rien qu’en mars, plus de 2.200 personnes sont arrivées du Soudan vers des zones difficiles d’accès où des problèmes logistiques entravent l’acheminement de l’aide.
Le nombre de Soudanais enregistrés auprès du HCR en Égypte a quintuplé au cours de l’année écoulée, avec une moyenne quotidienne de 2.000 à 3.000 réfugiés et demandeurs d’asile en provenance du Soudan s’approchant des zones d’accueil du HCR dans le Grand Caire et à Alexandrie.
L’Éthiopie, qui accueille déjà l’une des plus grandes populations de réfugiés du continent africain, signale également de nouvelles arrivées de réfugiés, dépassant récemment les 50.000.
Détresse
« Ceux qui traversent les frontières, principalement des femmes et des enfants, arrivent dans des zones reculées avec presque rien et ont désespérément besoin de nourriture, d’eau, d’un abri et de soins médicaux. De nombreuses familles ont été séparées et arrivent en détresse. Les parents et les enfants ont été témoins ou victimes d’une violence épouvantable, faisant du soutien psychosocial une priorité », a souligné la porte-parole.
De nombreux enfants arrivent mal nourris. Au Tchad, 33.184 cas de malnutrition aiguë modérée et 16.084 cas de malnutrition aiguë sévère ont été recensés parmi les enfants de moins de 5 ans arrivés au cours des derniers mois.
Selon le HCR, à mesure que le conflit se poursuit et que le manque d’assistance et d’opportunités s’accentue, davantage de personnes seront contraintes de fuir le Soudan vers les pays voisins ou de se déplacer plus loin, risquant leur vie en s’embarquant dans de longs et dangereux voyages vers la sécurité.
L’année dernière, l’Ouganda – qui compte déjà plus d’un million de réfugiés – a accueilli 30.000 réfugiés soudanais, dont plus de 14.000 depuis le début de l’année. La plupart des Soudanais qui arrivent viennent de Khartoum et ont une formation universitaire. Les statistiques du HCR montrent une augmentation des mouvements de réfugiés soudanais vers l’Europe, avec 6.000 arrivées en Italie depuis la Tunisie et la Libye depuis le début de 2023 – soit une multiplication par près de six par rapport à l’année précédente.
« Les pays d’accueil se sont montrés extrêmement généreux en accueillant les personnes contraintes de fuir et en s’efforçant de garantir qu’elles puissent accéder aux services publics, notamment aux papiers, à l’éducation, aux soins de santé et au logement. Nous travaillons dur pour mobiliser une réponse précoce en matière de développement afin de soutenir les services nationaux conformément au Pacte mondial pour les réfugiés », a déclaré la porte-parole.
Financement faible
Malgré l’ampleur de cette crise, le financement reste extrêmement faible. Seulement 7% des exigences énoncées dans le Plan régional de réponse aux réfugiés au Soudan pour 2024 ont été remplies. De même, le Plan de réponse humanitaire, externe au Soudan, n’est financé qu’à hauteur de 6%.
Dans ce contexte, le HCR et ses partenaires estiment que des engagements fermes de la communauté internationale en faveur du Soudan et des pays accueillant des réfugiés sont nécessaires « pour garantir que ceux qui sont contraints de fuir la guerre puissent vivre dans la dignité ».
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