En 2023, la diaspora malienne a envoyé 1 154 millions de dollars, soit 5,6% du PIB du pays. Un montant historique qui s’explique par la situation économique contrainte. Si l’inflation globale a chuté à 2,1 % en 2023 contre 9,7 % en 2022, note le FMI, le coût des aliments est resté élevé et a contribué à l’augmentation de l’insécurité alimentaire.
Aminata est femme de ménage dans une grande entreprise. Elle vit avec ses trois enfants à Paris. L’envoi d’une contribution à la famille à Bamako est incontournable. « On est obligé d’envoyer », confie-t-elle. Elle assure ressentir les prix élevés au pays. « Maintenant, tout est devenu cher. Avant, on envoyait 100 ou 200€ par mois, maintenant, il faut rajouter, tu mets 300€ par mois », compte Aminata. Parmi les produits les plus concernés selon sa famille : le sucre, l’huile, la viande, les oignons. « Surtout pour nous les Africains, il faut mettre la viande dans la sauce ! C’est devenu très cher », explique-t-elle avec humour.
Aminata n’est pas la seule à ressentir la hausse du coût de la vie au Mali. Dabatako Bah a fondé une association à Saint-Denis qui aide les diasporas dans leurs démarches administratives. Il recueille les confidences et difficultés de ses compatriotes. « Souvent on nous fait remonter ces informations. Surtout les parents résidents au pays qui traversent vraiment une situation très très difficile actuellement, assure-t-il. Par exemple, des gens qui envoyaient par mois 150€, maintenant le montant a été doublé. Quelqu’un qui envoyait avant 150, maintenant, il peut aller jusqu’à 300-400 euros. »
Un soutien multiforme qui ne faiblit pas
Mais la diaspora ne se contente pas de transférer des fonds. « Il y a pas mal de compatriotes qui font également des GP, ils envoient des colis vers le Mali, rappelle-t-il. Il y en a qui viennent également acheter des trucs, surtout des matériaux non-nécessaires ici, ils envoient ça au Mali. Donc, ils seront tous impactés, même ceux qui envoient des marchandises également par les bateaux, ils sont impactés. » La réduction de possibilités de vols vers Bamako a également rendu plus difficiles les envois de la diaspora.
Alimentation, mais également hausse des besoins en carburant nécessaire pour alimenter les générateurs et compenser les coupures d’électricité qui se sont multipliées. Une somme pour les foyers installés en France, assure l’associatif. « Surtout avec l’inflation, même ici, en France, tout devient cher. Le logement, ce n’est pas facile. Les denrées alimentaires, les courses, ça les impacte directement, constate-t-il démuni. Ce sont des sacrifices pour tout le monde. Mais ils continuent toujours à se sacrifier, à endosser. » Malgré ces difficultés, la diaspora malienne poursuit ses efforts.
Dans sa dernière « note d’information sur les migrations et le développement » parue fin juin, la Banque mondiale note la chute des transferts d’argent des diasporas africaines vers le continent. Une baisse qui ne concerne pas la diaspora malienne qui continue à contribuer largement à la richesse du pays. L’année passée, elle a envoyé 47 millions de dollars de plus qu’en 2022.
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