Espérance de vie : des inégalités toujours fortes selon les métiers

Vous ne vivrez pas aussi longtemps selon que vous êtes ouvrier ou cadre. Cette différence est encore d’actualité aujourd’hui, selon une étude publiée ce mardi par l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques).

En raison de conditions de vie et de travail différentes, l’espérance de vie d’un cadre est supérieure de cinq ans à celle d’un ouvrier, selon cette étude. L’écart est de trois ans chez les femmes. Les hommes cadres de 35 ans peuvent ainsi espérer vivre jusqu’à 83,9 ans en moyenne, contre 78,6 ans pour les ouvriers. Chez les femmes, c’est 88 ans pour les cadres contre 84,6 ans pour les ouvrières.

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Après les hommes cadres qui peuvent espérer vivre 48,9 années supplémentaires après 35 ans, les professions intermédiaires peuvent espérer vivre 47,4 ans de plus, les agriculteurs 47,2 ans, les artisans et commerçants 46,4 et les employés 45,1 ans. Les inactifs, qui le sont souvent en raison de problèmes de santé ou d’invalidité, vivent de leur côté en moyenne seulement 34 ans supplémentaires (soit jusqu’à 69 ans).

Chez les femmes de 35 ans, les espérances de vie sont relativement proches dans la plupart des catégories sociales : entre 50 et 53 ans supplémentaires, sauf pour les ouvrières (49,6 ans) et inactives (45,8).

Des conditions de travail et modes de vie différents

« Les cadres sont moins soumis aux risques professionnels (accidents et maladies du travail, conditions de travail pénibles, etc.)« , explique la statisticienne de l’Insee Nathalie Blanpain. « Quand vous vous levez à 4 heures du matin pour aller à 5 heures à l’usine, que vous changez d’horaires une semaine sur deux, ou que vous travaillez de nuit, forcément, ça joue », rapporte Jérôme Boussard, ouvrier de 45 ans et secrétaire général de la CGT sur le site du constructeur automobile Stellantis à Sochaux (Doubs).

Selon Nathalie Blanpain, l’écart de longévité s’explique aussi par des différences de mode de vie. « Les comportements de santé à risque, les moindres recours et accès aux soins, ou encore l’obésité sont moins fréquents chez les cadres que chez les ouvriers », souligne-t-elle.

Par ailleurs, l’espérance de vie augmente aussi avec le diplôme. Ainsi, à 35 ans, un homme diplômé du supérieur peut espérer vivre en moyenne deux ans de plus qu’un bachelier, 3,6 ans de plus qu’un titulaire de CAP ou BEP et huit ans de plus qu’un homme sans diplôme. Une femme diplômée peut de son côté vivre en moyenne 5,4 ans de plus qu’une non-diplômée.

Les femmes vivent toujours plus longtemps que les hommes

Depuis les années 1990, l’écart d’espérance de vie a diminué pour les hommes entre cadres et ouvriers : il était de sept ans sur la période 1991-1999. En revanche, il a un peu augmenté pour les femmes, passant de 2,6 à 3,4 ans. Des évolutions qui pourraient notamment être liées à la consommation de tabac, selon l’Insee.

Quelle que soit leur catégorie sociale, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. L’espérance de vie des ouvrières est ainsi légèrement supérieure à celle des hommes cadres (0,7 an de plus), même si leurs revenus sont plus faibles et leurs conditions de travail en général plus pénibles. Cela s’explique par des comportements plus sains, comme une moindre consommation d’alcool et un meilleur suivi médical, notamment pendant leur vie féconde, note Nathalie Blanpain. Par ailleurs, « leur durée de travail (hebdomadaire ou tout au long de leur vie) est plus faible, réduisant ainsi leur exposition à des risques professionnels », précise-t-elle.

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