Nos plages existeront-elles encore dans 20 ans ?
Après le passage de l’ouragan Béryl, en tout cas, le constat est frappant sur une grande partie du littoral Caraïbe. Au Diamant, aux Trois-Îlets, au Prêcheur ou encore aux Salines la plage a perdu plusieurs mètres par endroit.
Une érosion exceptionnelle qui s’ajoute au phénomène naturel constaté chaque année. En moyenne, un recul d’un mètre est observé chaque année, voir même 2 m, dans certaines zones spécifiques.
Des habitations menacées
Une problématique particulièrement dommageable pour les populations vivant aux abords des côtes et pour l’activité économique locale.
Pour Pascal Saffache, professeur à l’Université des Antilles, cette érosion due aux cyclones risque d’ailleurs de s’aggraver.
Malheureusement, le processus n’est qu’à ses débuts et le phénomène va s’aggraver dans les années à venir. On nous annonce des ouragans beaucoup plus puissants et on sait très bien que plus on a des houles cycloniques énergétiques et plus l’érosion, malheureusement, est majeure. Il faut savoir que lors du passage d’un ouragan, par exemple, la côte peut reculer d’une quinzaine de mètres en 24 heures. Parce que vous avez là des houles qui vont être vraiment très ciblées et qui vont mobiliser d’énormes volumes de sable sur une courte période. Donc, plus vous aurez des phénomènes de type tempête tropicale ou ouragan et plus la probabilité que l’érosion se développe sera importante.
Pascal Saffache note la très grande vulnérabilité des populations riveraines.
On a quand même des dizaines et des dizaines de familles, pour ne pas dire des centaines de familles qui vivent en bordure côtière et qui voient la mer se rapprocher de leur habitation à la vitesse grand V et qui, malheureusement, n’ont pas de solution de repli.
Pascal Saffache, professeur à l’université des Antilles identifie trois raisons principales à ce phénomène.
Pour développer l’activité touristique, on a enlevé la végétation originelle qui stabilisait véritablement les plages pour y planter des cocotiers. Sauf que le cocotier n’est pas une essence endémique des Antilles, c’est une essence qui a été importée, dont le réseau racinaire ne stabilise pas des surfaces qui sont recouvertes par le sable.
La deuxième raison identifiée par Pascal Saffache, c’est le fait qu’on a prélevé d’énormes volumes sédimentaires sur les plages.
Au départ, ce sont les populations qui ont prélevé du sable et on a vu des couvertures sédimentaires s’amenuiser. Et puis, il y a aussi le rôle des carriers. Dans le Nord Caraïbes en particulier, les carriers ont prélevé de gros volumes de sable et de gravier dans le lit des rivières. Or, ces rivières ont pour fonction d’alimenter les marges aux côtiers. Si vous prélevez en amont ce qui doit normalement se retrouver en aval, fondamentalement, ça favorise l’érosion.
Enfin, note, le professeur d’université, la troisième raison, c’est le changement climatique en cours et l’élévation de la mer chaque année.
Et donc, bien que nous n’en ayons pas conscience, la mer déferle beaucoup plus haut sur le rivage, mobilise beaucoup plus de sable et donc favorise l’érosion.
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