« Sans aide humanitaire urgente et un accès aux produits de base », près de 5 millions de personnes pourraient plonger dans une « insécurité alimentaire catastrophique » dans les prochains mois au Soudan, a mis en garde le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires Martin Griffiths dans une note au Conseil de sécurité révélée vendredi 15 mars par l’AFP.
Alors que 18 millions de Soudanais font déjà face à une « insécurité alimentaire grave », à cause des combats qui font rage depuis près d’un an entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir, une partie pourrait glisser dans la famine.
Le calvaire des Soudanais enrôlés de force dans la guerre
Les femmes, les enfants et les déplacés sont « particulièrement menacés », met en garde Martin Griffiths, notant que près de 730 000 enfants, dont 240 000 au Darfour (ouest du Soudan), devraient souffrir de malnutrition aiguë.
Malgré les stocks de nourriture, l’accès à la population pose problème
« Une augmentation sans précédent de traitements de cas d’émaciations aiguës, forme la plus mortelle de malnutrition, est déjà observée dans des zones accessibles », indique-t-il, s’inquiétant pour les zones difficiles d’accès où vivent « près de trois-quarts des 4,7 millions d’enfants sont en grave malnutrition et de femmes enceintes ou allaitantes ayant besoin d’aide urgente ».
Le Soudan s’enlise dans la guerre : « L’accès à l’eau, à la nourriture, aux soins est très complexe »
La situation est d’autant plus préoccupante que, en cette période de récoltes, la nourriture ne devrait pas manquer dans le pays. Mais les organisations humanitaires s’inquiètent de voir les combats gêner son arrivée auprès des populations les plus touchées.
Il y a ainsi suffisamment de stocks humanitaires à Port-Soudan (nord-est) mais l’accès à la population pose problème, explique ainsi Jill Lawler, du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), réclamant la possibilité de circuler à travers les lignes de front et de traverser les frontières des pays voisins.
« Course contre la montre » avant la saison des pluies
« 90 % des personnes confrontées à des niveaux d’urgence liés à la faim au Soudan se trouvent coincées dans des zones largement inaccessibles », estime de son côté le Programme alimentaire mondial (Pam) qui a prépositionné de l’aide au Tchad et au Soudan du Sud où il assiste les réfugiés soudanais.
L’organisme humanitaire onusien s’inquiète toutefois après que les autorités ont révoqué les autorisations pour les convois de camions transfrontaliers, l’obligeant à suspendre ses opérations vers le Darfour (ouest du Soudan), et alors que la saison des pluies, à partir de fin avril, risque de rendre impraticables les routes du Darfour
Soudan : les femmes rescapées racontent l’horreur d’une guerre oubliée
« Nous sommes engagés dans une course contre la montre. La petite fenêtre permettant de prépositionner des vivres se refermera rapidement et nos ressources s’amenuisent en cette période dramatique », estime Pierre Honnorat, directeur du Pam au Tchad où la crise alimentaire risque également de s’étendre.
Le plan humanitaire de l’ONU financé à 5 %
Le Pam tchadien est en effet confronté à une crise financière sans précédent et a dû procéder à des coupes budgétaires. « Le débordement de la crise soudanaise est en train de submerger la réponse humanitaire au Tchad, déjà sous-financée et surchargée. Nous avons besoin des donateurs pour éviter que la situation ne devienne une catastrophe totale », alerte Pierre Honnorat qui dit avoir besoin d’urgence de 242 millions de dollars.
« Pour atteindre ceux qui en ont besoin, les organisations humanitaires ont besoin d’un accès sûr, rapide, continu et sans entrave, notamment à travers les lignes de front », a déclaré vendredi le porte-parole du secrétaire général de l’ONU Stéphane Dujarric.
« Une mobilisation massive de ressources de la part de la communauté internationale est également essentielle », a-t-il insisté, alors que le plan humanitaire de l’ONU pour le Soudan en 2024, chiffré à 2,7 milliards de dollars, n’est financé qu’à moins de 5 %.
Crédit: Lien source
Les commentaires sont fermés.