Au Bénin, une loi
remontant au 27 juillet 1990 fait de douze fêtes célébrées dans le pays, des
fêtes légales. « Les fêtes légales
sont chômées et payées » lit-on à l’article 2 de cette loi. Parmi
elles, il y a trois fêtes musulmanes : « le
jour du Ramadan, le jour de la Tabaski et la journée du Maouloud ». En
outre, six des douze sont des fêtes
chrétiennes : d’une part, le 15 août, jour de l’Assomption, le 1er
novembre, la Toussaint, le 25 décembre, Noël, puis la fête de
l’Ascension ; d’autre part, il y a le lundi de Pâques et le lundi de
Pentecôte qui sont également déclarés chômés et payés.
C’est l’exemple de ces deux jours fériés au lendemain d’une fête chrétienne tombant systématiquement un dimanche que veut suivre une proposition de loi introduite début juillet par les députés Taïrou Imorou et Souley Moucoure Boko, tous deux membres du parti d’opposition Les démocrates. Pour les fêtes musulmanes et pour celle de la journée consacrée aux religions traditionnelles – instituée en 1997 et fériée – « il arrive que ces jours coïncident avec des jours officiellement non ouvrables », expliquent les deux députés. C’était notamment le cas cette année avec la Tabaski (ou Aïd al-Adha), célébrée le dimanche 16 juin.
Solution pour les deux députés pour éviter que ce jour férié ne soit ‘perdu’ pour les Béninois : leur proposition de loi demande que « lorsque le Ramadan, la Tabaski et la fête des religions traditionnelles tombent sur un dimanche, le lundi suivant soit déclaré chômé et payé ». Le modèle de Pâques et de la Pentecôte s’appliquerait donc, avec un jour férié au lendemain de ces célébrations dominicales.
L’opinion divisée
Que pensent les Béninois de cette initiative parlementaire ? Pour l’heure, elle ne semble pas faire l’unanimité. Ainsi Dimitrov Todemin, un jeune catholique, n’approuve
pas cette proposition de loi. Pour lui, « cela
relève simplement de la jalousie vis-à-vis des chrétiens ». Il est
conforté par docteure Débora Hounkpè qui dresse le même constat. Mais la spécialiste en sciences psychologiques et de
l’éducation nuance : « le Bénin
a été le laboratoire de beaucoup d’innovations ; si cela peut contribuer à
l’équilibre social, tant mieux ».
Par ailleurs, la docteure craint qu’« on se retrouve à se plaindre qu’il y
ait trop de jours de repos, de jours fériés ». C’est dans le même sens
que semble aller Bonaventure Agbon, directeur de publication d’un quotidien
béninois : « La préoccupation des élus aujourd’hui doit-elle être l’augmentation
des jours fériés ou plutôt leur réduction ou rééquilibrage ? ».
D’autres citoyens perçoivent autrement la
proposition de loi introduite par les deux députés. Selon Cosme Hindémè,
prêtre du Fa – une pratique divinatoire répandue en Afrique de l’Ouest – « cette proposition de loi est la
bienvenue et ce n’est que justice ». Et pour cause : « le Bénin est un pays laïc »,
ce qui nécessite que l’État se tienne à égale distance de toutes les religions.
D’où la nécessité d’« accorder ces
jours fériés sollicités par les deux députés afin de corriger un peu
l’injustice dont sont victimes les autres religions ».
Datée du 2 juillet mais
enregistrée au secrétariat de l’Assemblée nationale du Bénin seulement le 4
juillet, cette proposition de loi devrait être programmée très prochainement
pour faire l’objet d’étude et vote au cours d’une session plénière de
l’Assemblée nationale après son examen par la commission des lois, de
l’administration et des droits de l’homme interne à l’institution.
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