Sahel: la Cédéao vise sur le Sénégal pour retenir le Mali, le Niger et le Burkina Faso dans l’organisme régional
Faute d’accord entre les Pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sur le maintien ou non des sanctions en vigueur, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont décidé de quitter l’organisme régional. Dans la tentative de les dissuader, la Cedeao a mandaté le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, ainsi que le président togolais, Faure Gnassingbé: une mission qui peut s’avérer difficile, vu la détermination qu’affichent les militaires des trois Pays sahéliens. Faye a aussi intégré dans son équipe l’ex envoyé des Nations Unies Abdoulaye Bathilyqui aura la tâche sensible de garder les contacts avec les juntes au pouvoir. Or, Bamako, Niamey et Ouagadougou accusent la Cedeao d’être sous l’influence des puissances étrangères et de représenter pour cela une menace pour les Etats membres. “Il n’y a pas mieux que le retrait de ces trois pays de la Cedeao du moment où l’organisation sous régionale a failli à ses missions”, a commenté à l’Agence Nova Aminata Zoumana Sacko, journaliste présentatrice à l’Office de Radio et Télévision du Mali (Ortm). L’organisme régional, explique la journaliste, “devrait en principe aider ces trois Pays à combattre le terrorisme”, alors que l’imposition de sanctions a provoqué “une asphyxie totale de la population”. “L’heure est venue, pour ces trois Pays, de s’assumer pleinement”, affirme-t-elle.
De sa part, le président senegalais prône le dialogue. “La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest traverse aujourd’hui une crise énorme: nous avons reconnu cette difficulté, mais là il est urgent de renforcer cette institution”, a-t-il-dit. “Notre responsabilité en tant que contemporain devant administrer cette malheureuse situation est de parler avec ses dirigeants”, a déclaré Faye, qui se dit confiant de la réaction des populations malienne, nigérienne et burkinabé. “Les gens ne vont pas me considérer parmi ceux qui ont imposé les sanctions. Ils pourront me parler franchement plus qu’aux autres”. Le Sénégal plaide pour le retour des trois Pays sahéliens. “Nous sommes solidaires. Nous ferons tout pour que ces trois Pays reviennent à la table des négociations. Il faut un dialogue”, a-t-il martelé, en précisant que “ cela n’a rien à voir avec la mise en place de leur confédération” (l’Alliance des Pays du Sahel). Pour le président du Sénégal, “s’ils décident de quitter la Cedeao, il faut d’abord discuter avec eux pour que les gens puissent comprendre le déroulement des faits”. Ce qui est important, a-t-il souligné, car ces trois Pays ont l’enjeu commun de la lutte au terrorisme.
Pour le politologue Babacar Justin N’Diaye, pour Faye il s’agit en tout cas “d’un dossier épineux”. “Cette mission s’avère difficile pour le mandataire sénégalais”, commente-t-il, en souhaitant que le chef d’Etat “se donne le temps de réfléchir en demandant l’avis des uns et autres”. A la suite, il pourrait répondre par voie diplomatique. En tout cas, le gouvernement sénégalais compte jouer son rôle pour que la Cedeao puisse retrouver son lustre d’antan. “Il est impératif de poursuivre les efforts pour des retrouvailles de toute la famille afin de consacrer toutes les forces et ressources aux projets et initiatives communautaire qui rassemblent les Etats membres”, renchérit Faye, qui a lancé un appel à tous les Etats membres à travailler pour libérer la Cedeao de tous les clichés et stéréotypes. De son côté, le nouveau chef de bureau des Nations-Unies en Afrique de l’Ouest (Unowas), Leonardo Santos Simão, encourage la Cedeao à s’engager de manière plus convaincante envers les trois Pays déserteurs. Il exhorte également le président Faye à faciliter les échanges pour trouver un compromis, dans le but d’éviter un retrait qui porterait “un coup dur à la cooperation en matière de sécurité”, notamment en terme de partage des ressources, ainsi qu’au niveau du renseignement et de la participation à la lutte contre le terrorisme régional.
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