PORTRAIT. Luidgi Midelton entend montrer « comment on fait briller l’escrime guadeloupéenne » aux JO

«  Oui, la Guadeloupe me manque, mais je sais pourquoi je suis parti. […] Ce n’est pas facile de vivre loin de sa famille et de ses proches alors ça me donne une force supplémentaire quand je suis sur la piste. » Après une journée d’entraînement, à quelques jours de son entrée en lice aux Jeux olympiques (le 28 juillet en individuel et le 2 août par équipe), Luidgi Midelton, 25 ans, n’hésite pas à prendre le temps d’évoquer la Guadeloupe, sa terre natale.

«  La Guadeloupe offre une bonne formation, les maîtres d’armes sont très compétents, on évolue dans un cadre extra, ce qui nous permet de nous améliorer tout en prenant du plaisir », explique celui qui a commencé l’escrime quand il était à l’école élémentaire, parce qu’il  fallait canaliser son énergie », se souvient sa maman, Nicole Cayarcy, dans leur maison de Baie-Mahault.

Là-bas, dans la chambre d’enfant de Luidgi, trônent des coupures de presse, des photos de ses victoires, comme son premier titre de Champion du monde junior, en Italie, quand il avait 19 ans. En juin, le jeune Guadeloupéen, pour sa première compétition sénior, a remporté l’or, aux Championnats d’Europe, en Suisse.

« Une bête de travail »

Luidgi Midelton aurait pu être footballeur, « il était excellent, un très bon gardien de but », selon sa maman, qui lui a demandé de choisir «  car il y avait des entraînements ou des compétitions tous les jours. Pour son frère et lui, c’était trop ! » Le jeune Luidgi, tombé amoureux de l’épée après des expériences plus décevantes au fleuret, choisit ainsi l’escrime, et se fixe très tôt un objectif : participer aux Jeux olympiques.

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« Il me l’a dit une fois, il n’avait pas 10 ans, puis deux fois, la troisième fois je l’ai pris au sérieux ! C’était à l’aéroport alors qu’il revenait des Jeux panaméricains qui se déroulaient au Mexique et il avait eu la médaille d’or. Il m’a dit : maman je veux aller aux JO pour gagner ! » Luidgi Midelton avait alors 12 ans.

Nicolas Cayarcy, maman de Luidgi Midelton, dans sa maison de Baie-Mahault. | CÉCILE RÉMUSAT, OUEST-FRANCE

Nicolas Cayarcy, maman de Luidgi Midelton, dans sa maison de Baie-Mahault. | CÉCILE RÉMUSAT, OUEST-FRANCE

Sa plus grande force selon lui ? «  Mon mental, ma ténacité […] Il peut arriver en fin de match, ou si je suis en mauvaise posture, de penser à ce qui m’est le plus cher et c’est ma famille, la raison pour laquelle je me bats et voilà », sourit le jeune homme, joint par Ouest-France.

« Les proches ont toujours été présents même dans les moments difficiles, ça a toujours été un soutien pour moi, reconnaît-il. Pour mon bien personnel, même si ça coûte cher, j’essaie de rentrer en Guadeloupe au moins deux fois par saison, une fois pendant les vacances d’été et une fois à Noël. »

«  C’est cette simplicité et cet accompagnement familial qui a fait qu’il réussit, ça lui donne une certaine stabilité », explique l’un de ses anciens coachs, Patrice Carrière, maître d’armes récemment retraité et ancien coordonnateur et entraîneur du Pôle Antilles-Guyane. Il l’a notamment accompagné pendant ses années lycée au Creps Antilles Guyane des Abymes, et se souvient d’un jeune «  bien dans ses baskets, d’une super éducation, c’est aussi ce qui fait sa force. […] C’est une bête de travail, après l’entraînement il voulait toujours rester, faire une touche en plus. »

Une rencontre amoureuse grâce à la Guadeloupe

Luidgi préfère « les Noëls en Guadeloupe bien sûr ! Parce que l’ambiance, le climat, les petits plats traditionnels, les pois d’Angole, le porc roussi ! J’ai de la chance, car ma compagne est une Guadeloupéenne et elle sait très bien cuisiner alors elle me fait aussi des plats de chez nous ! » Parmi les préférences du sportif : « Les ouassous, les grillades, les fricassées de lambi avec haricots rouges. »

C’est d’ailleurs une discussion culinaire sur un plat traditionnel de la Guadeloupe qui a contribué à sa rencontre avec celle qui partage sa vie : « On était de la même île donc ça a bien matché entre nous rapidement. On s’est parlé sur Instagram. On s’est bien entendu et je crois que c’est pendant la période de Pâques, et on se disait qu’est-ce qu’on faisait là, parce qu’on n’avait pas mangé de crabe cette année (le plat traditionnel de Pâques aux Antilles), et de fil en aiguille on s’est rapprochés […] maintenant on vit ensemble », sourit-il.

À son retour en Guadeloupe, Luidgi Midelton «  préfère faire un tour dans la nature, aller voir des cascades de belles rivières, des plages un peu plus calmes comme dans le Nord Basse-Terre. Je ne me baigne pas forcément mais je m’allonge à l’ombre sur la plage, je lis, j’écoute de la musique et je m’endors avec le bruit des vagues, c’est apaisant ! »

Le jeune Guadeloupéen connaît « aussi très bien la Martinique » pour y avoir passé toutes ses vacances auprès de son père quand il était plus jeune, mais reconnaît y aller moins souvent depuis ses études et sa carrière hexagonale. En cette année olympique, Luidgi Midelton a dû dédoubler sa troisième année de licence d’électronique et envisage de passer le diplôme de maître d’armes l’année prochaine.

À plus long terme, la Guadeloupe reste « un objectif : c’est quasiment sûr dans ma tête qu’un jour je rentrerai. Après ça dépend des perspectives professionnelles, je suis ouvert à toute proposition ». En attendant, il incite les siens à « regarder les JO pour voir comment on fait briller l’escrime guadeloupéenne » et entend bien revenir après l’échéance olympique, « pour couper et j’espère qu’on pourra fêter de bonnes choses quand je vais rentrer ! »

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