Devenir un sport olympique est le Graal auquel ont prétendu bien des sports depuis l’adoption, en 1894, du premier programme olympique. Une telle consécration est la garantie d’une diffusion mondiale pour la fédération internationale (FI) concernée. C’est aussi un enjeu d’influence pour le pays organisateur qui peut promouvoir ses « sports nationaux ». L’enjeu est enfin commercial pour les équipementiers, les sponsors et les annonceurs.
Dans tous les cas, en contrôlant sans partage les entrées et les sorties du programme olympique, le Comité international olympique (CIO) dispose d’un extraordinaire pouvoir de coercition sur les fédérations. Fonctionnant comme un panorama de toutes les cultures athlétiques en vogue en Europe occidentale, le programme inaugural a peu évolué en un demi-siècle : tennis et athlétisme anglais, escrime française et italienne, tir, gymnastique allemande, lutte, haltérophilie, natation et cyclisme.
Dès avant la Grande Guerre, toutefois, le CIO a lancé une croisade contre les sports trop professionnalisés à son goût, comme la lutte libre temporairement supprimée en 1912 au profit de la gréco-romaine, ou le tennis et le rugby qui disparurent après les Jeux olympiques (JO) de Paris en 1924. En revanche, il a promu en 1912 le pentathlon, et en 1936 le basket-ball et le canoë-kayak, qui étaient alors en vogue dans les mouvements de jeunesse. A Berlin, l’Allemagne parvint à imposer son handball à onze joueurs contre la tradition hongroise du handball à sept, qui prendra sa revanche une fois que la FI de ce sport aura été dénazifiée.
Le dogme qui prévaut sous Avery Brundage (président du CIO de 1952 à 1972) est la limitation du nombre de sports à vingt et un, pour répondre aux accusations de gigantisme, et pour mettre les FI en concurrence les unes avec les autres. Une exception est faite pour le volley-ball en 1964 car ce sport est pratiqué par des amateurs tant à l’Ouest qu’à l’Est. Le CIO en vient à fixer, en 1972, des seuils minimaux de pratique dans 40 pays sur trois continents pour les hommes et 25 pays sur deux continents pour les femmes.
Tester jusqu’à cinq « sports additionnels »
L’introduction en 1984, uniquement pour les femmes, de la natation synchronisée et de la gymnastique rythmique et sportive vise à répondre aux critiques des féministes en augmentant le nombre de compétitrices aux JO. Mais c’est une avancée en trompe-l’œil car les critères de jugement sont fondés sur une définition de la « beauté féminine » établie par des hommes. Le retour du tennis et l’adjonction du tennis de table à Séoul en 1988, puis du badminton à Barcelone en 1992 – des sports professionnels en pleine expansion –, accompagnent la bascule commerciale opérée par le CIO depuis 1985. La même logique d’absorption des sports à forte exposition médiatique mondiale prévaut pour le golf et le rugby à VII à Rio de Janeiro en 2016.
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