Dans les années 1990, un homme cadre vivait en moyenne 7 ans de plus qu’un ouvrier. Cet écart a diminué. Il est passé à 5,3 années pour les hommes pour la période 2020-2022, révèle un rapport de l’Insee publié ce mardi. Un cadre âgé de 35 ans peut espérer vivre jusqu’à 83,9 ans, contre 78,6 ans pour un ouvrier. Chez les femmes, cet écart entre cadres et ouvrières est moins marqué (3,4 ans). Mais il a légèrement augmenté (+0,8 point). Ainsi, une cadre âgée de 35 ans peut espérer vivre jusqu’à 88 ans contre 84,6 ans pour une ouvrière.
L’étude montre que les inégalités sociales face à la mort subsistent en France. Les ouvriers ont deux fois plus de risques que les cadres de mourir entre 35 et 65 ans.
Mode de vie
Depuis la fin des années 1970, la proportion de cadres a augmenté tandis que celle des ouvriers est plus faible et ne présente plus nécessairement les mêmes caractéristiques. Les métiers ouvriers exposent à plus de risques à un accident professionnel mais l’Insee relève aussi que le mode de vie adopté selon les catégories professionnelles est un facteur. « Les comportements de santé à risque, les moindres recours et accès aux soins ou encore l’obésité sont moins fréquents chez les cadres que chez les ouvriers », souligne la statisticienne Nathalie Blanpain qui a rédigé l’étude.
« Le taux de décès des femmes par cancer du poumon a augmenté. Comme les femmes ouvrières fument plus que les femmes cadres, cela a pu ralentir leur progrès d’espérance de vie », ajoute-t-elle, tandis que le taux de décès dû au cancer du poumon chez les hommes a diminué depuis les années 1990.
Un écart selon les diplômes
Autre facteur important, le diplôme. Chez les hommes, l’Insee remarque que l’espérance de vie augmente en fonction du niveau de qualification obtenu. A 35 ans, un homme diplômé du supérieur peut espérer vivre en moyenne 2 ans de plus qu’un bachelier, 3,6 ans de plus qu’un titulaire d’un CAP ou d’un BEP, 4,9 ans de plus qu’un diplômé du brevet ou du certificat d’études, rapporte l’Institut statistique. A 35 ans, un homme diplômé a une espérance de vie en moyenne 8 années de plus qu’un non-diplômé en 2020-2022, en légère baisse par rapport à 1991-1998 (-0,3 année).
Pour les femmes, cet écart est moins marqué. En 2020-2022, les femmes diplômées vivaient en moyenne 5,4 ans de plus que les non-diplômées. Un écart en légère hausse par rapport à la période 1991-1998 (+0,6 année). L’espérance de vie diffère nettement entre les diplômées et les non-diplômées mais varie moins selon le niveau de diplôme. Une femme diplômée du supérieur peut espérer vivre en moyenne 0,9 an de plus qu’une bachelière.
Les femmes restent celles qui vivent le plus longtemps. Les ouvrières ont ainsi une meilleure espérance de vie que les hommes cadres (0,7 an de plus), catégorie professionnelle dans les meilleures dispositions pour vivre longtemps. Nathalie Blanpain estime qu’elles adoptent des comportements plus sains comme une moindre consommation d’alcool et un meilleur suivi médical, en particulier pendant leur vie féconde.
Une surmortalité due au Covid-19
La période 2020-2022 a été marquée par une surmortalité due à la crise sanitaire du Covid, en France comme dans le reste du monde . Entre 2017-2019 et 2020-2022, l’espérance de vie à 35 ans a diminué de 0,3 an pour les femmes et de 0,4 an chez les hommes. « La période 2020-2022 est en effet marquée par une surmortalité liée à l’épidémie de Covid-19, mais aussi par d’autres événements inhabituels comme, en 2022, deux épisodes de grippe et plusieurs épisodes de forte chaleur », note l’étude. En 2020, les ouvriers ont eu plus de risques de développer une forme grave du Covid-19 que les cadres, tous sexes confondus. Nathalie Blanpain indique que ces écarts de mortalité existent aussi pour la plupart des autres maladies et accidents. Difficile de déterminer l’effet du Covid-19 sur les écarts sociaux d’espérance de vie.
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