« Un calme précaire est observé », estimait le lieutenant Reagan Mbuyi, porte-parole de l’armée congolaise (FARDC), sur le front nord du conflit en cours depuis deux ans et demi dans la province du Nord-Kivu avec les supplétifs de l’armée congolaise et la rébellion du M23. Vers le front sud, quelques tirs étaient signalés dans le territoire de Masisi par des habitants, mais pas de combats entre les deux camps.
Mercredi, les États-Unis ont annoncé une « prolongation de 15 jours de la trêve humanitaire ». Elle sera en vigueur jusqu’à 23 h 59, heure locale, le 3 août et engage les belligérants « à faire taire leurs armes et à fournir au personnel humanitaire un accès sans entrave aux populations vulnérables », précise un communiqué du Conseil national de sécurité de la Maison-Blanche. Toutefois, sur le terrain, la situation reste très fragile.
Les deux camps se renvoient la responsabilité du conflit
Depuis la fin de 2021, le M23 a repris les armes en raison de la non-application, de la part de Kinshasa, de l’accord de paix qui avait mis un terme à sa première rébellion, en 2012. Cet accord prévoyait la réintégration des rebelles dans l’armée congolaise, ce qui n’a pas été fait, assure le M23. Les autorités de la capitale sont par ailleurs accusées de s’être associées à une rébellion formée par des génocidaires ayant fui le Rwanda en 1994, les FDLR, pour lutter contre le M23. De son côté, Kinshasa accuse le M23 d’être à la solde du Rwanda, dont l’objectif véritable serait de piller l’est de la RDC de ses ressources minières, dont le coltan et l’or.
Pour l’ONU, cela ne fait aucun doute, le M23 est bien soutenu par Kigali de manière massive. Dans son dernier rapport sur le sujet, rendu public le 8 juillet, on apprend que cette aide s’est amplifiée ces derniers temps. En janvier dernier, 1 000 militaires rwandais (RDF) ont rejoint la zone contrôlée par le M23, notent les auteurs du rapport. Ils estiment entre 3 000 et 4 000 leur nombre dans les territoires du Rutshuru, Masisi et Nyiragongo. Davantage donc que l’effectif du M23, évalué lui à 3 000 combattants. Ils y sont envoyés avec un équipement de pointe et des véhicules blindés équipés de radars et de missiles sol-air.
Les officiers rwandais ont « de facto » pris « le contrôle et la direction des opérations du M23 », dit le rapport. Des enfants-soldats sont recrutés dans les deux camps, déplorent ses auteurs. Le rôle de l’Ouganda dans le soutien du M23 est également pointé du doigt dans ce document. Frontalier avec la RDC, ce pays autorise les rebelles et leurs alliés rwandais à transiter par son territoire. Il sert même de base arrière pour des responsables du mouvement.
Désastreuses conséquences humanitaires
À ce jour, toutes les tentatives pour trouver une issue pacifique à ce conflit ont échoué. Or, il y a urgence à y parvenir car les conséquences humanitaires de cette crise sont gravissimes. « Lors de leur dernière offensive militaire, le M23 et ses partisans ont incendié plusieurs bases des FARDC et déclenché de nouveaux déplacements de populations, aggravant encore une situation humanitaire et des droits humains déjà catastrophiques », s’alarmait Bintou Keita, la cheffe de la mission de l’ONU en RDC, le 8 juillet.
Comme d’autres ONG internationales et congolaises, Action contre la faim a noté que, pour le seul mois de juin, plus de 350 000 personnes ont été déplacées en raison de ce conflit, portant le total à 2,8 millions le nombre de déplacés dans le seul Nord-Kivu, et à 6,9 millions en RDC.
« Les parties au conflit continueraient d’établir leur présence à l’intérieur et autour des camps de déplacés. Les taux de violences sexuelles et sexistes augmentent drastiquement », alerte l’ONG. « De plus, le retrait imminent de la Mission intégrée de maintien de la paix des Nations unies (Monusco) menace de créer un vide sécuritaire pour la protection des civils, ce qui ne ferait qu’aggraver la situation. Sans la mobilisation de la communauté internationale, la situation risque vraiment de dégénérer dans les semaines à venir », poursuit-elle à la veille d’une réunion de l’Union africaine à Accra, le 21 juillet, où se retrouveront une nouvelle fois, les dirigeants de la sous-région.
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