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Deux recours viennent d’être déposés auprès du Conseil d’Etat, les 15 et 17 juillet, pour empêcher le déploiement, par l’entreprise Volocopter, des Volocity durant les Jeux Olympiques. Le lendemain, en Allemagne, la société concurrente Lilium signait un contrat de 400 millions d’euros avec l’Arabie Saoudite, pour la commande de 100 appareils.
© Nathan Laine / Getty Images
– La société allemande Lilium pourrait prochainement installer une usine en Aquitaine, à condition d’obtenir des subventions à hauteur de 250 millions d’euros.
La France est connue dans le monde entier pour être le pays des Droits de l’Homme. Un peu moins pour être celui de l’innovation. En début de semaine, la Mairie de Paris et un collectif d’associations de lutte contre les nuisances aériennes ont déposé deux recours en référé-suspension pour s’opposer à l’installation du fameux Vertiport sur les quais d’Austerlitz. Ce dernier devait accueillir les taxis volants Volocity de la société allemande Volocopter, durant toute la durée des Jeux Olympiques. Dans le même temps, de l’autre côté du Rhin, la société allemande Lilium, concurrente directe de Volocopter, signait un contrat à plus de 400 millions d’euros avec le groupe Saudia, qui comprend la compagnie aérienne nationale du Royaume d’Arabie saoudite et la compagnie low-cost Flyadeal.
Riyadh, qui se rêve en première puissance mondiale de l’innovation, n’est pas la seule à avoir mis le grappin sur ces taxis du futur. Dès l’année prochaine, des drones de livraison et des taxis-volants seront testés au Qatar et à partir de 2026 à Dubaï. En octobre 2023, la Chine était le premier pays à délivrer officiellement une certification d’autorisation de circulation à un taxi volant autonome. Le pays fait par ailleurs lui aussi partie du carnet de commandes de Lilium aux côtés du Brésil et des Etats-Unis. Les taxis aériens électriques auront le droit de sillonner le ciel américain d’ici 2028. Plus près de nous, des taxis volants devraient relier l’Espagne au Maroc à partir de 2030.
Ce nouveau moyen de transport électrique, tout droit sorti d’un film de science-fiction, ne laisse personne indifférent. Mais au sein de cet engouement général, un irréductible fait de la résistance. Vous l’aurez compris, il s’agit de la France.
Un projet mort-né à 1 million d’euros ?
Dans une semaine, le pays accueillera les Jeux Olympiques de Paris. Un événement planétaire qui est l’occasion de briller aux yeux du monde. Pour en mettre plein la vue à nos hôtes, la région Ile-de-France avait misé, à hauteur d’un million d’euros d’investissement, sur le Volocity, vendu comme une avancée technologique et écologique. «Je souhaite que le premier vol de passagers dans un avion à décollage et atterrissage verticaux ait lieu dans notre région, l’Ile-de-France. Les JO sont une opportunité et une vitrine incroyables pour lancer ce projet», avait déclaré Valérie Pécresse, président de la région Ile-de-France, lors de l’inauguration en 2022 d’une première plate-forme expérimentale à Pontoise (Oise). L’engin a pour vocation de rallier l’héliport d’Issy-les-Moulineaux au centre de Paris une trentaine de fois par jour, en survolant une partie du périphérique et de la Seine. L’idée de la société Volocopter est de se servir des JO pour assurer des vols d’essai, avant de proposer des liaisons commerciales dans la capitale. Mais il se pourrait bien que le projet reste dans les cartons.
Qui aurait cru qu’un tel projet puisse se réaliser sans se confronter à une réticence propre à la France ? L’enthousiasme de Valérie Pécresse, pour qui «la mobilité aérienne urbaine est une aventure pleine de promesses, pour l’emploi, pour l’environnement et pour la vie des Franciliens», n’aura pas convaincu les réfractaires.
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Innovation versus écologie : qui sera le vainqueur ?
Depuis début juillet se joue une course contre la montre à qui obtiendra le dernier mot. Le 4 juillet, le gouvernement avait donné son accord pour la création du Vertirport. Situé sur la Seine au niveau de la gare d’Austerlitz, il «pourra être exploitée jusqu’au 31 décembre 2024 au plus tard» par le groupe ADP, précise l’arrêté du gouvernement. En revanche Anne Hidalgo, maire de Paris, ainsi qu’un collectif d’associations de lutte contre les nuisances aériennes, ont saisi le 10 juillet la justice pour obtenir l’annulation en urgence de l’autorisation d’exploitation du Vertiport. Deux recours en référé-suspension ont été déposés en ce sens le 15 et le 17 juillet devant le Conseil d’Etat. Selon BFMTV Paris, le Conseil d’Etat, qui n’a pas encore confirmé, aurait suspendu l’autorisation d’exploitation du Vertiport d’Austerlitz.
Ce qu’ils reprochent au Volocity ? «Ces hélicoptères, ce sont de nouvelles nuisances sonores, notamment pour les riverains du périphérique, et un mode de déplacement trente fois plus énergivore qu’un déplacement en métro et quarante-cinq fois plus émetteur en gaz à effet de serre», fustigeait, hier dans Le Monde, Dan Lert, adjoint à la mairie de Paris chargé de la transition écologique.
Pour le moment, on ne sait toujours pas ce qu’il adviendra des Volocity. Dans une semaine, la France fera-t-elle partie des pionniers du transport du futur ? Ou attendra-t-elle que les autres pays s’en chargent avant de se mettre à la page ?
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