Des objectifs de gestion durable
Pour garantir une exploitation en cohérence avec les principes de gestion de la forêt guyanaise, une charte de l’exploitation à faible impact a été signée, en 2010, par les principaux acteurs de la filière bois et est, désormais, une exigence minimale pour travailler dans le domaine forestier permanent (DFP).
L’exploitation à faible impact peut se définir comme « une opération d’exploitation forestière intensément planifiée, précautionneusement mise en œuvre et contrôlée, afin de minimiser son impact sur le peuplement et les sols forestiers, et se basant habituellement sur une sélection des individus à abattre » (FAO, 2004).
Un modèle sylvicole « de proche en proche »
L’objectif central de l’ONF en Guyane est d’assurer une gestion durable, multifonctionnelle et exemplaire, respectueuse des fonctions économiques, écologiques et sociales de la forêt. La planification forestière (détermination d’objectifs à long terme et élaboration des plans de gestion qui en découlent) est la première étape nécessaire de cette gestion durable.
Les choix de gestion doivent s’appuyer sur des compromis efficaces permettant d’assurer une convergence entre ces objectifs de durabilité et de multifonctionnalité visés. En forêt tropicale guyanaise, encore plus qu’ailleurs, la durabilité de la fonction de production dépend essentiellement du respect de l’équilibre entre les prélèvements et une productivité relativement faible.
Deux paramètres sylvicoles interagissent principalement sur cet équilibre :
- l’intensité de prélèvement : suffisamment importante pour justifier les investissements financiers consentis par le gestionnaire, elle ne doit cependant pas provoquer une modification trop brutale du peuplement au risque de déstabiliser l’écosystème forestier et basculer vers une secondarisation des formations. Cette intensité de prélèvement optimale est fixée à 25 m3/ha exploité, soit de l’ordre de 4 à 5 tiges/ha ;
- la durée de rotation : elle doit permettre à la fois une reconstitution du stock commercial et le maintien d’une dynamique favorable au renouvellement des espèces tolérantes, défavorisées par un cycle trop court, synonyme de perturbations fréquentes. Sur la base de l’analyse des données du dispositif expérimental de Paracou, la rotation est provisoirement fixée à 65 ans, qui est le pas de temps avancés pour la reconstitution du stock exploitable des principales essences commerciales. Les travaux entrepris dans le cadre du réseau Guyafor permettront d’envisager, lorsque la variabilité de la dynamique forestière sera mieux connue, l’application de durées de rotation différenciées selon les régions forestières.
L’ONF Guyane dans sa gestion courante et dans le cadre d’une amélioration continue, travaille au quotidien à la recherche d’une optimisation de la combinaison de ces deux paramètres de façon à garantir la durabilité de la gestion forestière appliquée à la forêt guyanaise sur le long terme.
Ces paramètres sylvicoles font que l’exploitation en forêt naturelle se fait « de proche en proche » : pendant un à deux ans, un lot de parcelles desservies par des pistes forestières sont exploitées puis laissées en régénération pendant 65 ans. Ensuite, c’est un autre lot de parcelles qui sont exploitées, puis laissées en régénération, etc.
Pour cela, les pistes forestières sont créées tous les ans afin de s’enfoncer plus loin dans le massif. Une fois toutes les parcelles en production exploitées, l’accès au massif est fermé et une nouvelle forêt est ouverte à l’exploitation.
Une exploitation maîtrisée
Le troisième paramètre sylvicole à prendre en compte dans l’exploitation sont les modalités de prélèvement : les dégâts d’exploitation peuvent être très variables en fonction des modalités d’exploitation (répartition des prélèvements – techniques d’abattage, de débusquage et de débardage – organisation). Il est donc nécessaire de définir des modalités d’exploitation à faible impact permettant d’éviter une déstabilisation du fonctionnement de la forêt voire d’orienter l’évolution future du peuplement (telle une véritable opération sylvicole) tout en améliorant la productivité économique.
L’exploitation à faible impact exige que soient au moins maîtrisés les points suivants, pour aboutir à la meilleure valorisation de la ressource, au coût écologique le plus faible :
- bonne connaissance de la ressource ;
- bonne programmation et logistique des différentes phases des chantiers d’exploitation ;
- maîtrise des impacts directs de l’exploitation sur l’environnement ;
- connaissance et mise en œuvre des techniques disponibles les plus efficaces.
Outre la réduction des impacts sur l’environnement induits, cette démarche bien maîtrisée permet d’améliorer le rendement économique des exploitations.
La recherche scientifique et le progrès technique à la base de la gestion forestière
L’activité recherche et développement revêt un caractère particulièrement important pour l’ONF en Guyane. En effet, l’expérience forestière en matière de gestion de la forêt tropicale humide est relativement récente et en constante évolution.
L’ONF se doit donc de suivre cette évolution, de participer aux efforts d’amélioration des connaissances et des techniques et de faire constamment progresser ses pratiques afin d’assurer au mieux les objectifs de gestion durable de cette forêt à haute valeur patrimoniale.
L’activité recherche et développement est en relation permanente avec le Service bois et gestion durable, pour assurer un lien étroit et un transfert efficace entre résultats de recherche et applications dans le domaine de la gestion forestière.
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